dimanche 31 mars 2013

Mémoire pour un avocat d'Octave Mirbeau

Voici un petit livre rapidement lu pour le challenge de Stephie (CLIC) ! Le titre est celui de la première nouvelle, mais en réalité, l'opuscule en compte quatre.

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture : 
Une belle villa au bord de la mer… les retrouvailles entre Clotilde et son amant promettent d’être délicieuses ! Pourtant, au fil des jours, la jeune femme se révèle de moins en moins tendre avec son compagnon.
Les héroïnes de ce recueil sont à son image. Jeanne est une jolie blonde qui, ses noces à peine terminées, se renferme mystérieusement en elle-même, au grand dam de son époux.
Quant à Laure, elle sombre doucement dans la folie, s’obstinant, malgré les mises en garde bienveillantes de son conjoint, à vouloir traverser un pont qui n’existe pas !
Chez Mirbeau, la vie de couple ressemble à une mécanique bien réglée qui soudain se grippe et révèle la fragilité d’un bonheur construit par deux êtres que tout sépare…
Les quatre nouvelles de ce volume (« Mémoire pour un avocat », « Clotilde et moi », « Le Pont » et « Veuve ») invitent à redécouvrir l’œuvre d’un écrivain souvent méconnu et pourtant salué par les plus grands, de Tolstoï à Apollinaire, en passant par Zola.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je vais être franche : le temps m'a manqué pour réfléchir à une lecture classique pour le challenge "Un classique par mois" de Stephie. Mais il se trouve que j'ai reçu au lycée un exemplaire de ce livre, dans une toute nouvelle collection au titre évocateur : Étonnantiss!mes, collection dédiée à la lecture cursive, c'est-à-dire à la lecture personnelle, des lycéens. J'avoue de plus que Mirbeau n'est pas un auteur que j'aie beaucoup fréquenté (et c'est un euphémisme), c'était donc l'occasion de combler cette lacune ! 

Mon avis après lecture : 
Les femmes présentées dans ce recueil sont bien loin d'être à leur avantage ! Misogynie ? A priori de l'époque ? En tout cas, j'ai trouvé ces nouvelles terribles ! Quelle ironie grinçante ! On referme le livre et on se dit que les hommes sont décidément bien à plaindre : entre Jeanne qui devient une véritable mégère dont la volonté d'économiser tourne à l'avarice sordide, Clotilde qui voyage léger avec trente-trois malles et passe plus de temps à tout installer qu'à vivre un heureux moment, Laure qui, lors de la nuit de noces, en pleine "action" se rappelle qu'elle a oublié sa prière et repousse son mari pour la faire avant de lui dire "Vous pouvez continuer, maintenant..." et enfin Lucienne qui oublie bien vite son mari en se jetant dans les bras de son meilleur ami... je me demande ce qu'a vécu ce pauvre Octave Mirbeau pour avoir envie de montrer une telle image de la femme !

Bonheur des phrases :
"Ce que je reproche à ma femme, c'est de comprendre la vie d'une autre façon que moi, d'aimer ce que je n'aime pas, de ne pas aimer ce que j'aime ; au pont que notre union, loin d'être un resserrement de sensations pareilles et de communes aspirations, ne fut qu'une cause de luttes perpétuelles. Je dis "luttes", et j'ai tort. [...] Pour lutter, il faut être deux, au moins. Et nous n'étions qu'un seul, car j'abdiquai, tout de suite, entre les mains de ma femme, ma part de légitime et nécessaire autorité.Ce fut une faiblesse, je le sais. Mais que voulez-vous ? J'aimais ma femme [...]." (« Mémoire pour un avocat »)
"Ô poésie des voyages adultères !... Est-ce que M. Paul Bourget [auteur dans les œuvres duquel il est souvent question d'adultère] se serait moqué de nous ?... Ce serait une pensée horrible !... Et quelle chute dans l'idéal !..." (« Clotilde et moi »)
"Ma destinée a vraiment d'incroyables malchances, d'innombrables et illogiques malchances. J'ai le sentiment que je suis l'être le plus accommodant du monde, à qui sont inconnues les bouderies, les taquineries, les mauvaises humeurs. Je n'ai de volonté, d'énergie, que pour plaire à ce qui m'entoure. Si déraisonnables soient-ils, je me plie à tous les caprices." (« Le Pont »)

Je suis ravie d'avoir découvert cet auteur et son ironie...même si je pense que ses préoccupations et centres d'intérêt ont quelque peu vieilli ! Ce livre arrive juste pour constituer ma troisième participation au challenge de Stephie : allez voir ICI la page consacré aux lectures classiques de tous !


mercredi 27 mars 2013

L'Atelier des miracles de Valérie Tong Cuong

Voici un livre que j'ai acheté avant d'avoir lu les multiples critiques journalistiques qui en parlent comme d'un livre "qui fait du bien" porteur d'un message d'espoir.

L'éditeur en parle avec la quatrième de couverture qu'il développe un peu :
Prof d’histoire-géo mariée à un politicien narcissique, Mariette est au bout du rouleau. Une provocation de trop et elle craque, envoyant valser un élève dans l’escalier. Mariette a franchi la ligne rouge.
Millie, jeune secrétaire intérimaire, vit dans une solitude monacale. Mais un soir, son immeuble brûle. Elle tourne le dos aux flammes se jette dans le vide. Déserteur de l’armée, Monsieur Mike a fait de la rue son foyer. Installé tranquillement sous un porche, il ne s’attendait pas à ce que, ce matin, le « farfadet » et sa bande le passent à tabac.
Au moment où Mariette, Millie et Mike heurtent le mur de leur existence, un homme providentiel surgit et leur tend la main – Jean, qui accueille dans son Atelier les âmes cassées, et dont on dit qu’il fait des miracles.
Mais peut-on vraiment se reconstruire sans affronter ses fantômes ? Avancer en se mentant et en mentant aux autres ? Ensemble, les locataires de l’Atelier vont devoir accepter leur part d’ombre, tandis que le mystérieux Jean tire les ficelles d’un jeu de plus en plus dangereux.
 
L'auteur : Valérie Tong Cuong a travaillé huit ans dans la communication avant de se consacrer à l’écriture et à la musique. Elle a publié sept romans et de nombreuses nouvelles. Elle écrit également pour le cinéma et la télévision.

Ce qui m'a donné envie de lire ce livre :
C'est d'abord le bandeau horloger... et la citation de la quatrième de couverture : "C'était un atelier d'horlogerie, a-t-il souri. Remettre les pendules à l'heure, réparer la mécanique humaine : c'est un peu notre spécialité, non ?" qui m'ont séduite. Puis la quatrième de couverture : le début avec la professeur d'histoire-géo au bout du rouleau... (comment va-t-elle s'en sortir ?) et l'évocation de Jean, le faiseur de miracles, ont piqué ma curiosité.

Mon avis après lecture :
Mi-figue, mi-raisin. J'ai beaucoup aimé le début, la mise en place des personnages, même si j'avoue être un peu lassée des romans polyphoniques où les protagonistes prennent tour à tour la parole (c'est une mode, ma parole, tout le monde s'y met !). J'ai apprécié l'humanité des rencontres mais je suis restée sur ma faim. Peut-être mon côté midinette espérait-il  une fin nettement plus optimiste.

Bonheur de phrases : 
"Je n'ai pas fait non plus d'études supérieures, j'ai quitté l'école le jour pétant de mes seize ans, mais ça ne m'a pas empêché de lire les journaux, de bouffer des bouquins et d'écouter la radio à chaque fois que j'ai pu : il y a longtemps que je l'ai compris, l'ignorance est plus dangereuse qu'une grenade dégoupillée." (Monsieur Mike)
"Ce soir-là, j'ai enfin mis un mot sur ce boulet de plomb qui m’empêchait d'avancer encore et encore, ma culpabilité, coupable j'avais été autrefois de n'avoir pas su éviter le drame, coupable j'étais maintenant de mentir par omission, Millie ou Zelda quelle importance, j'étais condamnée à porter ma faute."
"Feindre l'amnésie, essayer d'y croire, me convaincre d'un futur en essayant d'être une autre était l'unique possibilité de vivre." (Millie)
"Nous faisons tous les mêmes erreurs. Fuir nos fantômes au lieu d'essayer de vivre avec."

Une lecture sympathique qui donne envie de croire en l'être humain mais... raisonnablement !