mardi 18 novembre 2014

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick Modiano

Patrick Modiano a reçu le prix Nobel de littérature le 9 octobre dernier et Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier est son dernier roman, sorti le 2 octobre, une semaine pile avant l'attribution du prix.

L'éditeur en parle... peu mais cite un extrait : 
« Et l'enfant? demanda Daragane. Vous avez eu des nouvelles de l'enfant?
– Aucune. Je me suis souvent demandé ce qu'il était devenu... Quel drôle de départ dans la vie...
– Ils l'avaient certainement inscrit à une école...
– Oui. À l'école de la Forêt, rue de Beuvron. Je me souviens avoir écrit un mot pour justifier son absence à cause d'une grippe.
– Et à l'école de la Forêt, on pourrait peut-être trouver une trace de son passage...
– Non, malheureusement. Ils ont détruit l'école de la Forêt il y a deux ans. C'était une toute petite école, vous savez...»
De plus, l'éditeur permet de lire quelques pages : CLIC, c'est ici !

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'ai voulu lire le dernier opus du plus récent prix Nobel de littérature français. Je ne sais pas si le titre seul aurait pu m'intriguer suffisamment pour me donner envie de le lire. Mais j'aurais eu grand tort de passer à côté d'un tel joyau.

Mon avis après lecture : 
Oups, vous avez déjà dû deviner. Je ne peux pas parler de l'histoire. J'ai juste été emportée par la musique de Modiano. J'ai vraiment aimé. Dans son billet ICI, Sabine dit qu'on aime ou qu'on s'ennuie. Pour ma part, j'ai adoré la promenade.

Quelques phrases : 

"Il n'avait écrit ce livre que dans l'espoir qu'elle lui fasse signe. Écrire un livre, c'était aussi, pour lui, lancer des appels de phares ou des signaux de morse à l'intention de certaines personnes dont il ignorait ce qu'elles étaient devenues."

"Il n'avait jamais compris que l'on introduise dans un roman un être qui avait compté pour vous. Une fois qu'il s'était glissé dans le roman comme on traverse un miroir, il vous échappait pour toujours. Il n'avait jamais existé dans la vraie vie."

"[...] à peine avait-il commencé sa lecture qu'il éprouva une sensation désagréable : les phrases s'enchevêtraient et d'autres phrases apparaissaient brusquement qui recouvraient les précédentes, et disparaissaient sans lui laisser le temps de les déchiffrer. Il était en présence d'un palimpseste dont toutes les écritures successives se mêlaient en surimpression et s'agitaient comme des bacilles vus au microscope. Il mit cela au compte de la fatigue, et ferma les yeux."

J'ai d'autres livres de Modiano sur ma PAL, je vais m'y plonger sous peu avec plaisir ! 

dimanche 9 novembre 2014

La Fête de l'insignifiance de Milan Kundera

Une lecture plus littéraire que la précédente, d'une auteur prolifique mais jamais présenté sur ce blog! 

L'éditeur en parle : 
"Jeter une lumière sur les problèmes les plus sérieux et en même temps ne pas prononcer une seule phrase sérieuse, être fasciné par la réalité du monde contemporain et en même temps éviter tout réalisme, voilà La fête de l'insignifiance. Celui qui connaît les livres précédents de Kundera sait que l'envie d'incorporer dans un roman une part de «non-sérieux» n'est nullement inattendue chez lui. Dans L'Immortalité, Goethe et Hemingway se promènent ensemble pendant plusieurs chapitres, bavardent et s'amusent. Et dans La Lenteur, Véra, la femme de l'auteur, dit à son mari : «Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux... je te préviens : fais attention : tes ennemis t'attendent.» Or, au lieu de faire attention, Kundera réalise enfin pleinement son vieux rêve esthétique dans ce roman qu'on peut ainsi voir comme un résumé surprenant de toute son œuvre. Drôle de résumé. Drôle d'épilogue. Drôle de rire inspiré par notre époque qui est comique parce qu'elle a perdu tout sens de l'humour. Que peut-on encore dire? Rien. Lisez!"

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
C'est sans doute l'article de Leiloona sur Bricabook ICI. Ce billet est déjà ancien mais je ne l'ai pas oublié et quand j'ai eu la possibilité de lire ce roman, je n'ai pas hésité. 

Mon avis après lecture : 
J'ai trouvé, pour tout dire, cette lecture étrange. J'ai d'abord eu beaucoup de mal à trouver un sens (voire un intérêt) à ces bribes de vie entrecroisées et à leur... insignifiance, jusqu'à ce que je comprenne que finalement, c'était le monde contemporain (le monde parisien plutôt d'ailleurs) qui était ainsi brossé. On y retrouve aussi le côté nombriliste de l'époque... (haha fine allusion au roman, pardon pour cette insignifiante remarque ;-)

Quelques phrases retenues : 
"Parler sans attirer l'attention, ce n'est pas facile ! Être toujours présent par sa parole et pourtant rester inentendu, cela demande de la virtuosité !"

"L'inutilité d'être brillant, oui, je comprends. 
-- Plus que l'inutilité. La nocivité. Quand un type brillant essaie de séduire une femme, celle-ci a l'impression d'entrer en compétition. Elle se sent obligée de briller, elle aussi. De ne pas se donner sans résistance. Alors que l'insignifiance libère. L'affranchit des précautions. N'exige aucune présence d'esprit. La rend insouciante et partant, plus facilement accessible." 

"Je me répète ? Je commence ce chapitre par les mêmes mots que j'ai employés au tout début du roman ? Je le sais."

Une lecture qui m'a donné envie de relire d'autres oeuvres de Kundera, même si celle-ci ne sera sans doute pas ma préférée.