Affichage des articles dont le libellé est Goncourt des lycéens. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Goncourt des lycéens. Afficher tous les articles

vendredi 25 janvier 2013

La Vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker

Ce roman a obtenu le grand prix de l'Académie française et aussi le Goncourt des lycéens. Qui dit Goncourt des lycéens dit lecture possible en classe alors... je me suis précipitée.

L'éditeur en parle : il s'agit d'une co-édition De Fallois / L’Âge d'homme et cette dernière édition reprend la quatrième de couverture

"À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.

Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.

Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?

Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.

Joël Dicker est né à Genève en 1985. La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est son deuxième roman. Il y dépeint une Amérique qu’il connaît bien pour y avoir beaucoup voyagé et longuement séjourné."

Ce qui m'a donné envie de le lire : J'avais déjà décidé de le lire avant qu'il ne soit primé. J'adore les livres qui parlent d'écriture et d'écrivain... Il m'était donc impossible de résister à celui-ci !


Mon avis après lecture : J'ai vraiment beaucoup aimé. Les quelques longueurs ne m'ont pas gênée, j'ai trouvé que c'était un véritable "page-turner" ! On a vraiment envie d'avoir le fin mot de l'histoire !

J'ai également apprécié le mélange avec les conseils d'écriture... J'ai toujours rêvé d'écrire, mes tiroirs sont remplis de début mais je voue une telle admiration aux écrivains que je me sens évidemment bien trop petite (et à présent bien trop vieille... pff quand je pense qu'un célèbre éditeur m'avait demandé de lui envoyer mon travail dans les années 80... au temps où le salon du livre était encore au Grand Palais... je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) et complètement illégitime pour oser écrire !

Mais là n'est pas le propos. C'est un livre d'un abord facile, avec une véritable enquête quasi-policière menée par Marcus, et je ne suis pas étonnée que cet ouvrage ait séduit les lycéens pour leur Goncourt, malgré son impressionnante épaisseur (qui aurait raison de mes propres élèves, je l'avoue : 665 pages... je n'ai aucune illusion sachant que 200 pages d'un livre de poche leur semblent déjà insurmontables...). Cela dit, je pense qu'il plaira à un lectorat pas forcément habitué à la lecture de prix littéraires. Peut-être un pavé de plage, même si ce n'est guère la saison ?

Bonheur de phrases : moi qui adore les livres qui parlent de livres et d'écrivains... j'en ai plein !

"[...] écrire des livres, ce n'est pas rien : tout le monde sait écrire, mais tout le monde n'est pas écrivain.
-- Et comment sait-on que l'on est écrivain, Harry ?
-- Personne ne sait qu'il est écrivain. Ce sont les autres qui le lui disent."

"Être écrivain, c'est être vivant. [...]. Le jour où écrire donnera un sens à votre vie, vous serez un véritable écrivain. D'ici là, surtout, n'ayez pas peur de tomber."

"Écrire un livre, c'est comme aimer quelqu'un : ça peut devenir très douloureux."

"Les mots sont à tout le monde, jusqu'à ce que vous prouviez que vous êtes capable de vous les approprier. Voilà ce qui définit un écrivain. Et vous verrez, Marcus, certains voudront vous faire croire que le livre est un rapport aux mots, mais c'est faux : il s'agit en fait d'un rapport aux gens."

"Publier, cela signifie que ce que vous avez écrit si solitairement vous échappe soudain des mains et s'en va disparaître dans l'espace public. C'est un moment de grand danger [...]. Perdre le contrôle de son propre livre, c'est une catastrophe.

"Les mots c'est bien, Marcus. Mais n'écrivez pas pour qu'on vous lise : écrivez pour être entendu."


Je sais que les avis ne sont pas unanimes mais pour ma part, je ne regrette pas ma lecture !

lundi 28 mai 2012

Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel

Voici un livre que j'ai lu dans le cadre professionnel... En effet, et ceci est un véritable coming out, j'enseigne les lettres dans un lycée. Et honte à moi, si j'avais déjà lu Les Âmes grises et La petite fille de monsieur Linh, je n'avais pas encore lu Le Rapport de Brodeck. Or il figurait sur la liste de textes présentés à l'oral du bac blanc par les élèves d'un de mes collègues. Je l'ai donc bien évidemment lu ! Et avec plaisir qui plus est !

L'éditeur en parle et cite le résumé de la quatrième de couverture : 
Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m’ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. » J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : « Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses […]. »

Sur le site de l'éditeur initial, Stock, d'autres informations :  
Le métier de Brodeck n’est pas de raconter des histoires. Son activité consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal, il faudra beaucoup de temps pour que la situation s’améliore.
« On ne te demande pas un roman, c’est Rudi Gott, le maréchal-ferrant du village qui a parlé, tu diras les choses, c’est tout, comme pour un de tes rapports. »
Brodeck accepte. Au moins d’essayer. Comme dans ses rapports, donc, puisqu’il ne sait pas s’exprimer autrement. Mais pour cela, prévient-il, il faut que tout le monde soit d’accord, tout le village, tous les hameaux alentour. Brodeck est consciencieux à l’extrême, il ne veut rien cacher de ce qu’il a vu, il veut retrouver la vérité qu’il ne connait pas encore. Même si elle n’est pas bonne à entendre.
« A quoi cela te servirait-il Brodeck ? s’insurge le maire du village. N’as-tu pas eu ton lot de morts à la guerre ? Qu’est-ce qui ressemble plus à un mort qu’un autre mort, tu peux me le dire ? Tu dois consigner les événements, ne rien oublier, mais tu ne dois pas non plus ajouter de détails inutiles. Souviens-toi que tu seras lu par des gens qui occupent des postes très importants à la capitale. Oui, tu seras lu même si je sens que tu en doutes... » Brodeck a écouté la mise en garde du maire.
Ne pas s’éloigner du chemin, ne pas chercher ce qui n’existe pas ou ce qui n’existe plus. Pourtant, Brodeck fera exactement le contraire.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je pourrais dire que nécessité a fait loi (cf. plus haut). Mais j'apprécie la plume de Philippe Claudel et je me suis réjouie à l'idée de lire ce livre ! 

Mon avis après lecture : 
Comme toujours, Philippe Claudel emporte son lecteur dans son monde. Un monde âpre, dur, pesant, étouffant presque, avec une écriture ciselée que les lycéens ont distinguée en 2007 par le Goncourt des Lycéens, ce qui prouve bien, une fois de plus, qu'ils ne cherchent pas la facilité lors de leur choix !

Bonheur de phrases :
"J'ai le sentiment que je ne suis pas fait pour ma vie. Je veux dire que ma vie déborde de toute part, qu'elle n'est pas taillée pour un homme comme moi, qu'elle se remplit de trop de choses, de trop d'événements, de trop de misères, de trop de failles."
"Il y a de toute ans ce fatras. J'y vide ma vie. Écrire soulage mon cœur et mon ventre."
"Au fond, raconter n'est peut-être pas un remède si sûr que cela. Peut-être qu'au contraire raconter ne sert qu'à entretenir les plaies, comme on entretient les braises d'un feu afin qu'à notre guise, il puisse repartir de plus belle."
"On craint celui qui se tait, celui qui ne dit rien. Comment savoir ce que pense celui qui demeure muet ?"
et une dernière à laquelle je ne peux résister... "L'idiotie est une maladie qui va bien avec la peur. L'une et l'autre s'engraissent mutuellement, créant une gangrène qui ne demande qu'à se propager."

On en parle ailleurs :
Ce livre est paru il y a déjà cinq ans... autant dire une éternité (ou peut-être deux ! ;-) à l'échelle de la blogosphère ! Tout le monde en a donc déjà parlé : je vous fais confiance pour trouver !

mardi 17 avril 2012

Du domaine des Murmures de Carole Martinez

La première lecture de ce blog était Le Cœur cousu de Carole Martinez ici. Et c'est avec Du domaine des Murmures que je lui redonne vie. 

L'éditeur en parle :
"En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
  Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
  Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante."
Allez donc visiter le site de l'éditeur, pour feuilleter les premières pages ICI

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'avais beaucoup aimé Le Cœur cousu. J'ai aussi été intriguée par le sujet original, ce qui n'est pas si fréquent aujourd'hui en littérature. En outre, le fait que ce roman ait reçu le prix Goncourt des lycéens 2011 est pour moi l'annonce d'une littérature neuve qui saura me séduire (et peut-être séduire les lycéens que je fréquente ;-)

Mon avis après lecture :
J'ai a-do-ré. J'ai été emportée par l'histoire et son souffle, j'ai partagé la vie d'Esclarmonde, et l'écriture très poétique de Carole Martinez la place, selon moi, parmi les grands écrivains de notre temps. J'attends maintenant impatiemment sa prochaine publication.

Bonheur de phrases : c'est bien difficile de choisir et de renoncer au reste...
  "Ce qui n'a pas été dit m'enfle l'âme, flot coagulé, furoncles de silence à percer d'où s'écoulera le fleuve de pus qui me retient entre ces pierres, ce long ruban d'eau noire, charriant carcasses d'émotions, cris noyés aux ventres gonflés de nuit, mots d'amour avortés. Saignées de paroles pétrifiées dans leurs gangues. 
  Entre dans l'eau sombre, coule-toi dans mes contes, laisse mon verbe t'entraîner par des sentes et des goulets qu'aucun vivant n'a encore empruntés. Je veux dire à m'en couper le souffle.
  Écoute !"
   "On ne quitte pas un monde sans angoisse ni sans rêve."
  "Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel, et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi."
  "Certes ton époque n'enferme plus si facilement les jeunes filles, mais ne te crois pas pour autant à l'abri de la folie des hommes. J'ai vu passer les siècles, l'histoire n'a jamais cessé de chambouler nos vies et les évidences sont infiniment fragiles.
  Les certitudes sont de pâte molle. Elles se modèlent à volonté."

On en parle ailleurs :
Facile : on en a déjà parlé partout !!!! Par exemple chez Stephie, chez Leiloona, chez Dollylou...
En tout cas, si vous ne l'avez pas lu, précipitez-vous. C'est un immanquable.

mercredi 4 novembre 2009

Magnus de Sylvie Germain

Hier je me suis rendue à la Capitale, ce qui me demande un réel effort et un long trajet dans les transports en commun. Je suis en train de lire un pavé dont je vous parlerai plus tard mais je me suis sentie incapable de le promener ans mon sac ! J'ai donc rapidement jeté un coup d'œil à ma PAL (je devrais dire à mes PAL) et hop, voici le livre choisi, lu hier en grande partie dans le RER et terminé avant de sombrer dans le sommeil.

L'éditeur en parle : «D'un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d'incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire?»
Franz-Georg, le héros de Magnus, est né avant la guerre en Allemagne. De son enfance, «il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu'au jour de sa naissance». Il lui faut tout réapprendre, ou plutôt désapprendre ce passé qu'on lui a inventé et dont le seul témoin est un ours en peluche à l'oreille roussie : Magnus.
Dense, troublante, cette quête d'identité a la beauté du conte et porte le poids implacable de l'Histoire. Elle s'inscrit au cœur d'une œuvre impressionnante de force et de cohérence qui fait de Sylvie Germain un des écrivains majeurs de notre temps.

Ce qui m'a donné envie de le lire : J'aime l'écriture de Sylvie Germain. J'avais en son temps beaucoup aimé Immensités. Et je pense que son œuvre figurera dans les manuels scolaires des siècles à venir comme un classique : bref, pour moi, c'est un écrivain. Un vrai.

Mon avis après lecture : l'émerveillement. La langue de Sylvie Germain est foisonnante et envoûtante. J'ai aimé la quête d'identité de Franz-Georg / Adam / Magnus, enfant de la guerre de 39-45, même si j'avais envie d'un aboutissement plus clair (mon côté midinette...). C'est un livre à relire : sa richesse et sa densité l'impose. Un très bon choix du Goncourt des Lycéens 2005 !

Bonheur de phrases : il y en a plein !
"Il y a tant de force et de douceur mêlés dans les mots."
"[...] il y a des livres écrits de telle sorte que, parfois, ils font sur certains lecteurs un effet semblable à celui de ces gros coquillages que l'on presse contre son oreille, et soudain on entend la rumeur de son sang mugir en sourdine dans la conque. Le bruit de l'océan, le bruit du vent, le bruit de notre propre cœur ."
"Les rêves sont faits pour entrer dans la réalité, en s'y engouffrant avec brutalité, si besoin est. Ils sont faits pour y réinsuffler de l'énergie, de la lumière, de l'inédit, quand elle s'embourbe dans la médiocrité, dans la laideur et la bêtise."

On en parle ailleurs : chez Gio, conquise, elle aussi!