mardi 30 décembre 2014

Sous les couvertures de Bertrand Guillot

Voici un livre que j'ai reçu dans le cadre des Matchs de la Rentrée littéraire Price Minister.

L'éditeur en parle : 
"Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s’éveillent et se racontent leurs histoires… Mais ce soir, l’heure est grave : les nouveautés viennent d’arriver, et les romans du fond de la librairie n’ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur !
Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s’unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu’ils n’ont pratiquement aucune chance…
Entre roman et conte iconoclaste, Sous les couvertures, quatrième livre de Bertrand Guillot, est une merveille d’humour et d’originalité. Où l’on découvrira, entre autres, à quoi servent les classiques, en quoi les livres ressemblent à leurs auteurs… et pourquoi, à l’habit des académiciens, on a ajouté une épée."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'ai vu ce livre à la librairie et j'ai failli craquer. Mais j'ai résisté ! Ensuite, Stephie en a parlé sur son blog ICI (clic) et elle a annoncé qu'on pourrait sans doute le recevoir sous peu... Ayant déjà participé aux Matchs de la Rentrée Littéraire les années précédentes, je n'ai pas hésité cette année et j'ai choisi ce livre !

Mon avis après lecture : 
L'idée est géniale. J'ai vraiment aimé la personnalité donnée aux livres. Mais au fil de la lecture, j'avoue m'être un peu ennuyée... Les scènes de bataille entre les livres ne m'ont pas enthousiasmée (je n'ai jamais aimé ce genre de scène en fait...) alors que les chapitres mettant en scène des personnages m'ont semblé trop courts. Dommage. Mais il faut avouer que certaines scènes sont jubilatoires (ah, l'Académicien sortant du Boudoir pour aller voir les Classiques... ;-)
J'ai donc donné la note moyenne de 4 sur 5 à ce livre : 4 sur 5 pour la qualité de l'écriture, 3 sur 5 pour le plaisir à la lecture et 5 sur 5 pour l'originalité. 

Quelques phrases au hasard de la lecture : 

"La vie est dans le début des histoires, Junior. Les fins en sont jamais que de la morale."

"Un roman, un vrai, c'était ce que les saintes tripes dictaient à l'esprit sacré de l'Écrivain. La foi de l'auteur justifiait la religion du livre, et si un lecteur un peu benêt venait à leur demander : "Pourquoi écrivez-vous ?", ils répondaient d'un ton d'évidence : "Parce que je suis Écrivain, voyons", et dans leur voix, on sentait la majuscule, comment auraient-ils pu faire autre chose ?"

"[...] croyez-moi, c'est solide, une charpente de best-seller. Chaque passage paraît faible, mais tout se tient. "

"Beaucoup d'écrivains sont insomniaques, [...] mais pas les auteurs à succès. C'est que ça demande de la discipline, d'écrire un best-seller. Et la discipline se couche tôt."

Merci à Price Minister de m'avoir permis de lire ce livre. Même s'il n'a pas déchaîné mon enthousiasme, je suis contente de l'avoir lu ! 

mardi 18 novembre 2014

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick Modiano

Patrick Modiano a reçu le prix Nobel de littérature le 9 octobre dernier et Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier est son dernier roman, sorti le 2 octobre, une semaine pile avant l'attribution du prix.

L'éditeur en parle... peu mais cite un extrait : 
« Et l'enfant? demanda Daragane. Vous avez eu des nouvelles de l'enfant?
– Aucune. Je me suis souvent demandé ce qu'il était devenu... Quel drôle de départ dans la vie...
– Ils l'avaient certainement inscrit à une école...
– Oui. À l'école de la Forêt, rue de Beuvron. Je me souviens avoir écrit un mot pour justifier son absence à cause d'une grippe.
– Et à l'école de la Forêt, on pourrait peut-être trouver une trace de son passage...
– Non, malheureusement. Ils ont détruit l'école de la Forêt il y a deux ans. C'était une toute petite école, vous savez...»
De plus, l'éditeur permet de lire quelques pages : CLIC, c'est ici !

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'ai voulu lire le dernier opus du plus récent prix Nobel de littérature français. Je ne sais pas si le titre seul aurait pu m'intriguer suffisamment pour me donner envie de le lire. Mais j'aurais eu grand tort de passer à côté d'un tel joyau.

Mon avis après lecture : 
Oups, vous avez déjà dû deviner. Je ne peux pas parler de l'histoire. J'ai juste été emportée par la musique de Modiano. J'ai vraiment aimé. Dans son billet ICI, Sabine dit qu'on aime ou qu'on s'ennuie. Pour ma part, j'ai adoré la promenade.

Quelques phrases : 

"Il n'avait écrit ce livre que dans l'espoir qu'elle lui fasse signe. Écrire un livre, c'était aussi, pour lui, lancer des appels de phares ou des signaux de morse à l'intention de certaines personnes dont il ignorait ce qu'elles étaient devenues."

"Il n'avait jamais compris que l'on introduise dans un roman un être qui avait compté pour vous. Une fois qu'il s'était glissé dans le roman comme on traverse un miroir, il vous échappait pour toujours. Il n'avait jamais existé dans la vraie vie."

"[...] à peine avait-il commencé sa lecture qu'il éprouva une sensation désagréable : les phrases s'enchevêtraient et d'autres phrases apparaissaient brusquement qui recouvraient les précédentes, et disparaissaient sans lui laisser le temps de les déchiffrer. Il était en présence d'un palimpseste dont toutes les écritures successives se mêlaient en surimpression et s'agitaient comme des bacilles vus au microscope. Il mit cela au compte de la fatigue, et ferma les yeux."

J'ai d'autres livres de Modiano sur ma PAL, je vais m'y plonger sous peu avec plaisir ! 

dimanche 9 novembre 2014

La Fête de l'insignifiance de Milan Kundera

Une lecture plus littéraire que la précédente, d'une auteur prolifique mais jamais présenté sur ce blog! 

L'éditeur en parle : 
"Jeter une lumière sur les problèmes les plus sérieux et en même temps ne pas prononcer une seule phrase sérieuse, être fasciné par la réalité du monde contemporain et en même temps éviter tout réalisme, voilà La fête de l'insignifiance. Celui qui connaît les livres précédents de Kundera sait que l'envie d'incorporer dans un roman une part de «non-sérieux» n'est nullement inattendue chez lui. Dans L'Immortalité, Goethe et Hemingway se promènent ensemble pendant plusieurs chapitres, bavardent et s'amusent. Et dans La Lenteur, Véra, la femme de l'auteur, dit à son mari : «Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux... je te préviens : fais attention : tes ennemis t'attendent.» Or, au lieu de faire attention, Kundera réalise enfin pleinement son vieux rêve esthétique dans ce roman qu'on peut ainsi voir comme un résumé surprenant de toute son œuvre. Drôle de résumé. Drôle d'épilogue. Drôle de rire inspiré par notre époque qui est comique parce qu'elle a perdu tout sens de l'humour. Que peut-on encore dire? Rien. Lisez!"

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
C'est sans doute l'article de Leiloona sur Bricabook ICI. Ce billet est déjà ancien mais je ne l'ai pas oublié et quand j'ai eu la possibilité de lire ce roman, je n'ai pas hésité. 

Mon avis après lecture : 
J'ai trouvé, pour tout dire, cette lecture étrange. J'ai d'abord eu beaucoup de mal à trouver un sens (voire un intérêt) à ces bribes de vie entrecroisées et à leur... insignifiance, jusqu'à ce que je comprenne que finalement, c'était le monde contemporain (le monde parisien plutôt d'ailleurs) qui était ainsi brossé. On y retrouve aussi le côté nombriliste de l'époque... (haha fine allusion au roman, pardon pour cette insignifiante remarque ;-)

Quelques phrases retenues : 
"Parler sans attirer l'attention, ce n'est pas facile ! Être toujours présent par sa parole et pourtant rester inentendu, cela demande de la virtuosité !"

"L'inutilité d'être brillant, oui, je comprends. 
-- Plus que l'inutilité. La nocivité. Quand un type brillant essaie de séduire une femme, celle-ci a l'impression d'entrer en compétition. Elle se sent obligée de briller, elle aussi. De ne pas se donner sans résistance. Alors que l'insignifiance libère. L'affranchit des précautions. N'exige aucune présence d'esprit. La rend insouciante et partant, plus facilement accessible." 

"Je me répète ? Je commence ce chapitre par les mêmes mots que j'ai employés au tout début du roman ? Je le sais."

Une lecture qui m'a donné envie de relire d'autres oeuvres de Kundera, même si celle-ci ne sera sans doute pas ma préférée. 

mercredi 29 octobre 2014

Nos Étoiles contraires de John Green

À force de lire le titre de ce roman en tant que livre préféré sur les fiches de lycéens (et surtout de lycéennes...), j'ai voulu voir ce qu'il en était. J'ai donc cédé aux sirènes ambiantes ! 

L'éditeur en parle : 
 Entre rire et larmes, le destin bouleversant de deux amoureux de la vie.
Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature.
Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.
  •     Élu « Meilleur roman 2012 » par le Time Magazine !
  •     Prix de L'Échappée Lecture 2014 de la Nièvre
  •     Prix du Jury littéraire Giennois 2014
  •     Prix Plaisirs de lire 2014, département de l'Yonne
  •     Prix des Embouquineurs 2014
 À noter que la traduction (parfaite) est réalisée par Catherine Gibert. 

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Pour tout dire, j'ai joué les moutons... À force d'en entendre parler, de voir des amies enthousiastes, j'ai plongé.

Mon avis après lecture : 
Je suis une vieille peau et je n'ai pas versé les larmes que tant de personnes ont évoquées. Pour tout dire, je n'ai pas vu beaucoup de renouvellement depuis Love Story et j'ai trouvé les ficelles un peu grosses... Ça se lit sans déplaisir mais franchement, c'est tout. Ça ne va pas plus loin.
Je suis contente de pouvoir désormais parler en connaissance de cause, cela dit.

Quelques phrases ici et là :

"Je ne veux pas voir de gens. Je veux lire des livres, réfléchir et être avec vous, parce que vous, je ne peux pas faire autrement que de vous faire du mal, vous êtes déjà dedans jusqu'au cou. Alors laissez-moi faire ce que je veux. Je ne fais pas une dépression. Je n'ai pas besoin de sortir. Et je ne peux pas être une ado normale parce que je suis une grenade."

"Savez-vous ce que Dom Pérignon a dit après avoir inventé le champagne ? [...] Il a appelé ses frères moines et leur a dit : « Venez vite : je goûte les étoiles. »."

"Pour être tout à fait franc, cette idée puérile selon laquelle l'auteur d'un roman aurait des connaissances particulières concernant les personnages de son roman... C'est ridicule. Mon roman est né de gribouillis sur des feuilles, ma chère. Les personnages qui le peuplent n'ont pas de vie en dehors de ces gribouillis. Que leur est-il arrivé ? Ils ont cessé d'exister au moment où le roman a pris fin."

Une lecture qui plaît énormément aux ados, mais qui m'a laissée d'un enthousiasme mitigé.

mercredi 22 octobre 2014

Le quatrième mur de Sorj Chalandon

Cela fait un moment que je voulais lire ce livre, prix Goncourt des Lycéens 2013, ce qui est toujours de bon augure. Le Livre de Poche vient de le sortir, j'en profite, d'autant que cela me permet de participer au challenge Les Anciens sont de sortie (CLIC) de Stephie, du blog Mille et une frasques (CLIC)

L'éditeur en parle avec un résumé et quelques critiques : 
L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne. S. C.

Rarement fiction fit autant ressentir l’intensité d’une guerre civile en y accolant la thématique du théâtre comme arme rhétorique et politique. Ici battent des cœurs et tonne le monde. Hubert Artus, Lire.

Brûlant, fiévreux et désespéré, d’une violence inouïe. Thierry Gandillot, Les Echos.

Bouleversant, magistral. Transfuge.

Ce qui m'a donné envie de le lire :
J'apprécie en général beaucoup les romans choisis par les lycéens pour leur Goncourt (souvent davantage que eux choisis par les adultes, mais bon, passons...) et là, il se trouve que deux lycéennes de ma connaissance ont choisi de faire un TPE utilisant ce roman. J'ai donc joint l'utile à l'agréable ! 

Mon avis après lecture :
Une grande claque. Vraiment. J'ai adoré ce roman loin d'un manichéisme simpliste (du genre la guerre, c'est mal) qui nous renvoie à nos faiblesses d'humain, à nos grandeurs aussi. Le style journalistique ne m'a pas dérangée, bien au contraire, je trouve qu'il correspond parfaitement à l'histoire. En outre, j'avoue être parfois agacée par le côté le style pour le style de certains romans contemporains, qui donne parfois l'impression que l'auteur veut absolument concourir dans la catégorie littéraire mais surtout pas dans la catégorie raconteur d'histoire... Là, tout y est : l'histoire, les personnages, et le style percutant tellement en accord avec ce qui est raconté qu'on n'y pense pas (pour moi, c'est ça le talent : ne pas montrer les ficelles ;-). Je n'avais jamais lu de livre de cet auteur mais c'est sûr, ce ne sera pas le dernier. Et je connais des lycéens qui vont le lire aussi ;-)

Quelques phrases en passant : 

"Je voulais faire du théâtre, mon père m'a contraint à l'Histoire. Il m'offrait sa minuscule chaire, c'était tout ce qu'il avait pour moi et je l'ai acceptée. Licence, maîtrise, Capes manqué deux fois, études à n'en plus finir, puis surveillant de réfectoire et de cour de récréation en espérant prendre un jour sa place derrière le bureau d'un maître. Le théâtre ? 
-- Le théâtre, c'est le week-end, comme le jardinage, disait-il.
C'était ainsi. Nous avions l'Histoire en commun mais pas d'histoire commune."

"La guerre, c'était ça. Avant le cri des hommes, le sang versé, les tombes, avant les larmes infinies qui suintent des villes, les maisons détruites, les hordes apeurées, la guerre était un vacarme à briser les crânes, à écraser les yeux, à serrer les gorges jusqu'à ce que l'air renonce. Une joie féroce me labourait. J'ai eu honte. Je n'avais pas peur. J'ai eu honte. J'étais en enfer. J'étais bien. Terriblement bien. J'ai eu honte. Je n'échangerai jamais cet effroi pour le silence d'avant. J'étais tragique, grisé de poudre, de froid, transi de douleur."

"Comédie, tragédie, tout ce que tu veux ! Mais maintenant que ton ami va mourir, que les Israéliens sont à Beyrouth et que tout le monde tire sur tout le monde, je dis qu'il faut tout arrêter. Vous ne porrez plus monter Antigone, tu m'entends ? C'est fini, Georges. Tu n'es pas au-dessus de cette guerre. Personne n'est au-dessus de la guerre. Il n'y a plus d'autre tragédie ici que la guerre."

Voilà donc ma première participation au challenge de Stephie (CLIC) avec un livre que je ne suis pas près d'oublier. 



samedi 13 septembre 2014

Et puis Paulette... de Barbara Constantine

Voici un livre que tout le monde a déjà lu et que j'ai emprunté à la médiathèque.


L'éditeur en parle et cite la quatrième de couverture : 

"Ferdinand vit seul dans sa grande ferme vide. Et ça ne le rend pas franchement joyeux. Un jour, après un violent orage, il passe chez sa voisine avec ses petits-fils et découvre que son toit est sur le point de s’effondrer. À l’évidence, elle n’a nulle part où aller. Très naturellement, les Lulus (6 et 8 ans) lui suggèrent de l’inviter à la ferme. L’idée le fait sourire. Mais ce n’est pas si simple, certaines choses se font, d’autres pas…
Après une longue nuit de réflexion, il finit tout de même par aller la chercher.
De fil en aiguille, la ferme va se remplir, s’agiter, recommencer à fonctionner. Un ami d’enfance devenu veuf, deux très vieilles dames affolées, des étudiants un peu paumés, un amour naissant, des animaux. Et puis, Paulette…"

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je crois que ce sont les billets élogieux sur divers blogs qui m'ont motivée.

Mon avis après lecture : 
Euh... bof. Je ne peux pas dire que j'ai été embarquée par l'histoire, ni par l'écriture. L'ensemble n'est pas désagréable, mais bon... j'ai trouvé l'ensemble plutôt convenu (un peu gnangnan pour être honnête, et aussi très prévisible, notamment le chat qui est en fait une chatte, qui met bas avant... enfin bref.). Et puis les bons sentiments trans-générationnels, ça finit par faire compte pour enfants et j'avoue que ça m'agace au plus haut point. Un rendez-vous raté.

Quelques phrases : 
"Ils ont ouvert la housse du violoncelle, ont frotté l'archet sur les cordes, mais n'ont réussi à produire que des grincements. Ils lui ont demandé d'enjoué et se sont assis sur le lit pour écouter. Dès les premières notes, ils sont restés bouche bée. C'était doux aux oreilles, ça faisait vibrer la peau du ventre, ça chatouillait jusqu'aux orteils."

Je lirai sans doute un autre livre de l'auteur un de ces jours, pour voir si une autre rencontre peut être plus réussie !

vendredi 22 août 2014

Le Liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent

Voici un livre déniché chez mon libraire et acheté suite à la lecture de la quatrième de couverture annonçant un thème original qui m'a de suite parlé.

L'éditeur en parle... sûrement... mais son site est en travaux ! :-)

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
C'est le thème du livre qui m'a attirée. Un livre dont le héros travaille dans cet endroit de mort (des livres) qu'est le pilon ne pouvait que me tenter. Surtout quand ce héros sauve in extremis des dents de la broyeuse des feuillets qu'il partage avec les passagers de son RER quotidien... Et la littérature fait du bien, crée du lien et permet de belles rencontres.

Mon avis après lecture : 
J'ai aimé la rencontre avec cet employé du pilon, mais aussi avec ses groupies, les deux vieilles dames qui prennent exprès le RER de 6h27 pour l'écouter et savourer la lecture de ces feuilles disparates partagées. J'ai aussi aimé Giuseppe et sa quête, et la suite...
Évidemment, d'aucuns diront que c'est une bluette gentille, un feel-good book et ce n'est pas faux. Mais on peut aussi y voir un conte moderne au message optimiste : on termine sa lecture rassuré et confiant en l'humanité. Ça fait du bien !

Au fil de la lecture : 

"Pour tous les voyageurs présents dans la rame, il était le liseur, ce type étrange qui, tous les jours de la semaine, parcourait à haute et intelligible voix les quelques pages tirées de sa serviette. Il s'agissait de fragments de livres sans aucun rapport les uns avec les autres. Un extrait de recette de cuisine pouvait côtoyer la page 48 du dernier Goncourt, un paragraphe de roman policier succéder à une page de livre d'histoire. Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écoeurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine".

"La Chose était née pour broyer, aplatir, piler, écrabouiller, déchirer, hacher, lacérer, déchiqueter, malaxer, pétrir, ébouillanter."

"Ça va bientôt faire un an que Josette et moi, on vient vous écouter dans le RER tous les lundis et jeudis matin. Ça fait un peu tôt pour nous mais c'est pas grave, ça nous force à sortir. Et puis comme c'est les jours de marché, on fait d'une pierre deux coups."

Un bon moment de lecture : ne le laissez pas partir au pilon ! ;-)

samedi 26 juillet 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

Ouh la la je lis, je lis mais n'en dis rien... Allez une reprise avec un livre emprunté à la médiathèque, que toute la blogosphère a déjà lu et qui est déjà paru en poche en 10/18.

L'éditeur en parle : 

Traduit par Carine Chichereau

Langue d'origine : Anglais (États-Unis)

L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.
C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, l’humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli.
PRIX FEMINA ÉTRANGER 2012 (et aussi PEN FAULKNER AWARD FOR FICTION 2012)

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Certainement ce que j'en avais lu sur les blogs de lectrices compulsives que je fréquente ;-) : que du bien !

Mon avis après lecture : 
Je n'ai pas été déçue loin de là.J'ai beaucoup aimé l'écriture lancinante qui impose au lecteur de partager les désillusions et les épreuves de ces femmes, dont, je l'avoue, j'ignorais l'histoire. Je l'ai lu d'un trait, j'ai espéré des jours meilleurs qui ne sont jamais venues pour ces pauvres femmes rejetés jusqu'à l'oubli.
Un beau roman, soutenu par une écriture envoûtante.

Quelques phrases : 

"Par un matin calme et dépourvu de vent où la mer était plate comme du verre et le ciel d'un bleu éclatant, les flancs lisses et noirs d'une baleine on crevé la surface avant de s'y enfoncer à nouveau et, l'espace d'un instant, nous avons oublié de respirer. C'était comme regarder dans l’œil du Bouddha."

"Nous leur transmettions tout ce que nous savions. La richesse commence par un sou. Mieux vaut encaisser les coups que les donner. Il faut rendre tout ce qu'on te donne. Ne sois pas bruyant comme les Américains. Tiens-toi loin des Chinois. Ils ne nous aiment pas. Attention aux Coréens. Ils nous haïssent. Méfie-toi des Philippins. Ils sont pires que les Coréens. N'épouse jamais personne qui viendrait d'Okinawa. Ces gens-là ne sont pas vraiment japonais."

"C'étaient de bons petits. Ils vont me manquer."

lundi 16 juin 2014

Ceux qui sauront de Pierre Bordage

Voici un livre dont une copiNETte collègue a parlé sur un forum que je fréquente. L'ayant trouvé à la médiathèque locale, je l'ai emprunté pour le lire. 


L'éditeur donne la quatrième de couverture : 
Et si la Révolution française n'avait pas eu lieu ? Voici le portrait d'une France qui ne fut jamais, où une minorité d'aristocrates continue, aujourd'hui, d'asservir les masses populaires, notamment en interdisant l'instruction. Jean, fils d'ouvrier, en fait la dure expérience lorsqu'une descente de police met un terme brutal aux cours qu'il suit clandestinement. Incarcéré, puis libéré par la Résistance, il devient un hors-la-loi. Clara, elle, est née du bon côté de la barrière. Pourtant, la vie dorée qu'on lui impose et les inégalités dont souffre son pays la révoltent. Deux personnages, un destin commun : changer le monde... Science-fiction « Pierre Bordage s'essaie avec la même réussite à tous les volets de la littérature de l'Imaginaire. L'uchronie vient de gagner un nouveau champion. Ceux qui sauront aborde de belle façon, à travers une histoire trépidante, nombre de problèmes cruciaux de notre époque. »

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Comme je vous l'ai dit, c'est une intervention d'une copiNETte collègue sur un forum qui m'a orientée vers ce livre. C'est d'ailleurs assez curieux car je ne suis pas fan de SF et je crois bien que je n'avais jamais lu d'uchronie auparavant ! Mais nous en avions justement parlé avec les élèves peu de temps avant et comme le thème de l'éducation interdite m'interpellait, j'ai pensé que cette lecture serait agréable. 

Mon avis après lecture :
J'ai beaucoup aimé cette lecture ! Certes le thème m'a intéressée mais je trouve aussi que Pierre Bordage l'a rendu vivant et très attrayant. Ça se lit bien et je pense qu'on peut le conseiller à de jeunes lecteurs. Il y a une suite, me semble-t-il (Ceux qui rêvent et Ceux qui osent). 

Des phrases au hasard de la lecture : 
"Liberté, égalité, fraternité, trois mots magnifiques, n'est-ce pas ? Trois mots qui formaient le coeur de la Révolution. Trois mots qui, si nous avions su les cultiver, auraient changé la face du monde."

"La liste était impressionnante des inventions qui n'avaient pas vu le jour parce que les classes dirigeantes craignaient de perdre le contrôle sur la population."

"De même, on avait refusé une autre merveilleuse invention : la machine à laver. On avait pensé que les femmes, désoeuvrées, pousseraient leurs maris à se révolter, à réclamer des droits. On se souvenait des furies de la Révolution, ces harpies braillardes et cruelles qui réclamaient le sang des aristocrates dans les allées de l'Assemblée. Il fallait donc occuper les femmes, et il n'était pas question de mettre sur le marché une machine qui leur ferait gagner du temps."

Une lecture parfaite pour se détendre, disponible dans toutes les bonnes médiathèques !

samedi 14 juin 2014

Réparer les vivants de Maylis de Kerangal

Héhé  je suis toujours là... même si je n'ai pas pris le temps de chroniquer ce que j'ai lu ! Allez tentons une mise à jour progressive !
Cela fait déjà un bon moment que j'ai terminé ce livre que toute la blogo a déjà chroniqué. 

L'éditeur en parle : 
«Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps.»

Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
C'est simple : tout ce que j'en ai lu partout notamment chez mes copiNETtes serial lectrices ! Mais cela fait si longtemps que je ne retrouve pas les liens... sauf celui de Leiloona ICI (clic) et celui de Dollylou ICI (clic). En tout cas, il me semble que c'est un roman qui a fait l'unanimité !

Mon avis après lecture : 
J'ai été séduite. Certes le sujet est âpre, violent même. Mais il est magnifiquement traité. Pas de pathos dégoulinant, une écriture sobre et belle et une lecture qui émeut et fait réfléchir, notamment sur le don d'organes. Oserai-je dire que c'est un... coup de cœur ?

Phrases au hasard :
"[...] l'arrêt du cœur n'est plus le signe de la mort, c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste. En d’autres termes : si je ne pense plus alors je ne suis plus."

"Que faire Nicolas ? Enterrer les morts et réparer les vivants."

"[...] ce corps que la vie a éclaté retrouve son unité sous la main qui le lave, dans le souffle de la voix qui chante ; ce corps qui a subi quelque chose hors du commun rallie maintenant la mort commune, la compagnie des hommes. Il devient un sujet de louanges, on l'embellit."

Un très beau livre qui a remporté de nombreux prix vraiment mérités.

mercredi 30 avril 2014

La Reine des lectrices d'Alan Bennett

Voici un petit livre tout à fait sympathique, qui m'a été offert il y a quelques mois pour l'achat de deux autres livres de la même collection (Folio). J'ai profité d'un stage à la Capitale avec trajet en transports en commun pour le lire ! 

L'éditeur en parle : 
"Que se passerait-il outre-Manche si Sa Majesté la Reine se découvrait une passion pour la lecture? Si, d'un coup, rien n'arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu'elle en vienne à négliger ses engagements royaux?
C'est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les sœurs Brontë, Jean Genet et bien d'autres défilent sous l'œil implacable d'Elizabeth, cependant que le monde so British de Buckingham Palace s'inquiète. Du valet de chambre au prince Philip, tous grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l'implacable protocole de la maison Windsor.
Un succès mondial a récompensé cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Comme je vous l'ai dit, on me l'a offert. Mais je sus sûre d'avoir lu il y a des mois ou peut-être des années, des commentaires élogieux sur des blogs amis... J'ai dû l'inscrire sur ma LAL (liste à lire) ! MPais elle est démesurée... alors il a patienté. 

Mon avis après lecture : 
J'ai beaucoup aimé ! C'est drôle et tendre, et le livre y tient la plus grande place : comme vous le savez, cela ne peut que me plaire ! Un seul regret : ne pas l'avoir lu plus tôt. Ah non, un second regret : que le livre soit si court ! 


Bonheur de phrases : 
"[...] être briefé, ce n'est pas lire : c'est même exactement l'inverse. Le briefing doit être concis, concret, efficace. La lecture est désordonnée, décousue et constamment attrayante. Le briefing vise à clore une discussion, la lecture ne cesse de la relancer."

"Après tout [...], les romans ne sont pas nécessairement conçus pour suivre le plus court chemin d'un point à un autre."

"On n'écrit pas pour rapporter sa vie dans les livres, mais pour la découvrir."

"Chaque livre, à tout prendre, porte en lui un autre livre."

Lecture rafraîchissante, vraiment agréable : j'ai passé dans le train, le métro et le RER (oui j'ai crapahuté !) un très bon moment !

mercredi 23 avril 2014

Best-seller de Jesse Kellerman

Un nouvel essai de lecture de polar... trouvé à la médiathèque locale. 

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture : 
"Arthur Pfefferkorn est un prof de fac aux ambitions littéraires avortées. Son plus vieil ami est le fameux William de Nerval, auteur de thrillers au succès international, qui compte même Stephen King parmi ses fans. Arthur, qui s’est toujours considéré comme l’Écrivain, est jaloux de sa réussite. Pour couronner le tout, William a épousé la belle Carlotta, dont Arthur est épris depuis leur jeunesse. Un jour, William disparaît en mer et Arthur se rapproche alors de la veuve éplorée. La tentation est grande de faire aussi main basse sur le dernier manuscrit – inédit – de son « ami ». Mais Arthur est loin de se douter que son plagiat va les mettre en péril et déclencher des événements aussi sinistres que dans le plus terrifiant des thrillers. Un véritable tour de force, à l’humour noir décapant, sur le métier d’auteur de best-sellers !"
On trouve aussi le premier chapitre à lire en ligne ICI (clic)

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Comme d'habitude, je n'ai pas su résister à un livre parlant de livre, d'écriture, d'écrivain. 

Mon avis après lecture : 
J'ai vraiment beaucoup aimé la première moitié. J'avais envie d'en lire davantage, d'aller plus loin... mais la suite fut une déception. La seconde moitié m'a paru foutraque et ne m'a pas convaincue. Je me suis plusieurs fois demandé si je n'allais pas abandonner, lassée des rebondissements que j'ai trouvés délirants voire ridicules. J'ai poursuivi tout de même mais bon, vous l'aurez compris, le polar et moi, ça fait définitivement deux. Je suis persuadée que ce livre a un public à conquérir, mais... je n'en fais pas partie. 

Quelques phrases çà et là : 
Le héros enseigne l'écriture créative à l'université : 
"C'était seulement à la vaste et médiocre multitude que le véritable travail d'enseignement s'appliquait, et encore, avec un effet discutable. Les élèves doués n'avaient pas besoin de cours. Les profs aimaient les élèves doués parce que les élèves doués leur donnaient fière allure sans leur demander aucun effort."
"Il comprenait que ses instructeurs aient besoin d'être durs avec lui. En tant qu'enseignant lui-même, il savait combien ce qui passait pour de l'éducation était en fait du brossage de poils gnangnan destiné uniquement à éviter de heurter l'amour-propre des élèves."
"Écrire était une chose impossible. Il était facile de considérer les livres comme des produits, fabriqués à la chaîne par une mystérieuse machine géante. Mais Pfefferkorn ne s'y trompait pas. Les livres étaient faits par des gens. Les gens étaient imparfaits. C'étaient leurs imperfections qui rendaient leurs livres intéressants. Et en couchant ces imperfections sur le papier, ils devenaient omnipotents. Un livre était une toute petite machine qui faisait de son créateur un dieu. C'était impossible et pourtant ça se produisait tous les jours."

Les citations relevées montrent que j'ai tout de même réussi à apprécier quelques passages de ce roman. Toutefois, j'avoue que je n'ai pas été enthousiasmée et qu'il faut donc que je me résigne à ne pas être une lectrice de polars ! Je vais retourner à des lectures plus habituelles chez moi et je suis sûre que j'y prendrai davantage de plaisir ! 

lundi 14 avril 2014

Musée Rodin...

J'ai eu la chance il y a peu d'aller à une formation dans un musée que j'ai beaucoup fréquenté (je travaillais à côté et la cafétéria dans le jardin m'attirait irrésistiblement à la moindre éclaircie !) : le musée Rodin. Et je me suis souvenue que je mettais ici de temps en temps quelques photos de promenades sympathiques.
Voici donc une petite balade virtuelle au musée Rodin avec évidemment quelques grands hommes : 
Victor Hugo : 


Balzac :



et évidemment le Penseur ! Celui-ci est de la taille originale alors qu'on l'imagine aussi grand que celui de l'extérieur.



La promenade à l'extérieur permet d'admirer le paysage alentours : l'hôtel Biron, la tour Eiffel et le dôme des Invalides... 




Et dans les jardins, j'ai pu faire de nouvelles rencontres
Les Bourgeois de Calais : 




Les trois Ombres : 



Balzac : 



La Porte des Enfers, avec en haut les trois ombres et un avatar du Penseur, et surtout avec des reliefs saisissants : 








Et toujours... le Penseur (j'ose à peine dire qu'à chaque fois que je le regarde, me vient le mot de Pierre Dac : "Tout penseur avare de ses pensées est un penseur de Radin"...) :




Je suis ravie d'avoir suivi cette formation, passionnante dans son ensemble, et qui m'a permis de redécouvrir ce lieu fabuleux. Du coup, j'ai des envies de musée...

Merci monsieur Rodin. 


jeudi 10 avril 2014

Ève de ses décombres d'Ananda Devi

Argh... l'histoire d'un choc littéraire... grâce à Sabine du blog Sab's pleasures (CLIC) qui m'a envoyé un superbe paquet (montré ICI : clic) de la merveilleuse île où elle vit et dont Ananda Devi est originaire.

L'éditeur en parle : 
"«Je suis Sadiq. Tout le monde m'appelle Sad.
Entre tristesse et cruauté, la ligne est mince.
Ève est ma raison, mais elle prétend ne pas le savoir. Quand elle me croise, son regard me traverse sans s'arrêter. Je disparais.
Je suis dans un lieu gris. Ou plutôt brun jaunâtre, qui mérite bien son nom : Troumaron. Troumaron, c'est une sorte d'entonnoir ; le dernier goulet où viennent se déverser les eaux usées de tout un pays. Ici, on recase les réfugiés des cyclones, ceux qui n'ont pas trouvé à se loger après une tempête tropicale et qui, deux ou cinq ou dix ou vingt ans après, ont toujours les orteils à l'eau et les yeux pâles de pluie.»

Par Sad, Ève, Savita, Clélio, ces ados aux destins cabossés pris au piège d'un crime odieux, et grâce à son écriture à la violence contenue au service d'un suspense tout de finesse, Ananda Devi nous dit l'autre île Maurice du XXIe siècle, celle que n'ignorent pas seulement les dépliants touristiques."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Héhé comme je vous l'ai dit, c'est la générosité de Sab, qui m'a envoyé ce livre en droite ligne de l'ile Maurice. Prestigieuse collection blanche de Gallimard, sujet original, très loin de mes lectures habituelles, et billet enthousiaste de Sab ICI (clic) : j'étais intriguée et impatiente de découvrir ce livre. Mais j'ai aussi attendu un peu afin de me laisser le temps d'être... dans de bonnes dispositions. En effet, les premiers mots de son billet, très forts, m'avaient fait comprendre que je devais être prête à recevoir un véritable choc. Comme le dit Sab, "Lire un roman d’Ananda Devi c’est toujours accepter le risque d’un voyage douloureux en Humanité, dans ce qu’elle a d’horrible, de sordide, de monstrueux. Mais c’est aussi se laisser envouter par une langue incomparable, incroyablement poétique et puissante. On n’en sort jamais indemne, mais on s’en sent plus fort, plus riche."

Mon avis après lecture : 
Pour un choc, c'est un choc. Un vrai choc littéraire. Une langue magnifique, sauvage et dense. Et une histoire terrible, au sens étymologique du terme. Je comprends tout ce qu'écrit Sabine sur Ananda Devi, je comprends son envie de lire tout ce qu'elle a écrit, je comprends aussi combien on peut avoir envie que l'auteur soit reconnue encore davantage. En effet, un Nobel de littérature, pourquoi pas.
C'est le premier livre d'Ananda Devi que le lis, mais sûrement pas le dernier ) D'ailleurs, Sabine avait parlé d'un défi sur son blog, je vais regarder si elle l'a finalement lancé pour y participer.

Bonheur de phrases : il y en a tant !!!!

"[...] je l'avoue, j'aime les mots. 
Je glisse un livre de poésie dans son cartable."

"Je lis la nuit le livre de poésie et je vois d'où il a tiré son inspiration. Je n'ai que faire de ses mots de deuxième main. 
Quand je lis le livre qu'il m'a donné, les mots dansent et tentent de m'enlacer. Mais ensuite je ferme ma pensée à double tour et le livre me tombe des mains à cause de la pierre que j'ai au coeur."

"Les mains des hommes prennent possession de vous avant même de vous avoir touchée. Dès que leur pensée se dirige vers vous, ils vous ont déjà possédée. Dire non est une insulte, puisque vous leur enlevez ce qu'ils ont déjà pris."

"Si je croise mon propre regard, il me glace et m'épouvante. Je m'en veux de m'être aussi hostile."

"Je ne suis rien. Un accident de parcours. Une chose gaspillée. Singulière, unitaire, radiée. 
La nuit me dévore. Sa gloutonnerie est sans fin. Bout par bout, elle ronge, elle grignote. Mais elle ne finit pas." 

"Je ne suis pas sujette au regret. C'est perdre le temps précieux de vivre. Mais la seule vraie question, c'est : suis-je sujette à la vie ?"


C'est là une vraie belle rencontre littéraire, et ce n'est pas si fréquent. Un immense merci, Sab : jamais je n'aurai pu faire cette découverte sans toi. Je compte bien lire sous peu d'autres livres d'Ananda Devi (d'ailleurs, Sab, si tu en fais l'objet d'un défi, je suis partante !). Et vous ? N'avez-vous pas envie de faire sa connaissance ?

EDIT : c'est génial ! Je participe avec cet article à deux challenges de Sab ! Le challenge "Parlez-moi d'îles" (CLIC) :


et le challenge "Découvrons un auteur : Ananda Devi" (CLIC). 

samedi 22 mars 2014

La Dernière Fugitive de Tracy Chevalier

Je ne sais plus sur quel blog ami j'ai lu une critique de ce livre... C'est sur le blog de Dolly, Livres et Compagnie (CLIC), que j'ai lu une critique de ce livre. Il était question d'une quilteuse, et alors que j'ai longtemps voulu me mettre au patchwork, j'ai eu envie de découvrir ce roman.

L'éditeur en parle : 
"Quand Honor Bright se décide à franchir l'Atlantique pour accompagner, au cœur de l'Ohio, sa sœur promise à un Anglais fraîchement émigré, elle pense pouvoir recréer auprès d'une nouvelle communauté le calme de son existence de jeune quaker : broderie, prière, silence. Mais l'Amérique de 1850 est aussi périlleuse qu'enchanteresse ; rien dans cette terre ne résonne pour elle d'un écho familier. Sa sœur emportée par la fièvre jaune à peine le pied posé sur le sol américain, Honor se retrouve seule sur les routes accidentées du Nouveau Monde. Très vite, elle fait la connaissance de personnages hauts en couleur. Parmi eux, Donovan, «chasseur d'esclaves», homme brutal et sans scrupules qui, pourtant, ébranle les plus profonds de ses sentiments. Mais Honor se méfie des voies divergentes. En épousant un jeune fermier quaker, elle croit avoir fait un choix raisonnable. Jusqu'au jour où elle découvre l'existence d'un «chemin de fer clandestin», réseau de routes secrètes tracées par les esclaves pour rejoindre les terres libres du Canada.


Portrait intime de l'éclosion d'une jeune femme, témoignage précieux sur les habitudes de deux communautés méconnues – les quakers et les esclaves en fuite –, La Dernière Fugitive confirme la maîtrise romanesque de l'auteur du best-seller La Jeune Fille à la perle."

L'éditeur propose aussi de feuilleter le livre ICI (clic).

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Comme je l'ai dit, c'est un billet de blog... Mais lequel ? Oups, peut-être le vôtre ?
EDIT : grâce aux commentaires, je peux vous dire maintenant que c'est un billet de Dolly ICI (clic) qui m'a entraînée vers ce livre et le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas regretté ! Merci Dolly ! C'est vrai qu'on a envie de se mettre au patch après cette lecture ! 
En tout cas, je dois avouer que c'est le premier livre de l'auteur que je lis, n'ayant jamais ouvert La Jeune Fille à la perle. Avec toutes les références au patch, j'ai aussi pensé à ma copiNETte Miaou, du blog Miaouzdays (clic), grande patcheuse !

Mon avis après lecture : 
J'ai beaucoup aimé et je n'ai pas pu le reposer avant de l'avoir terminé ! La traduction d'Anouk Neuhoff est très réussie. La narration est rythmée par les saisons, les rencontres et la vie d'Honor, et j'ai apprécié de rencontrer le monde des quakers que je ne connaissais pas.

Bonheur de phrases : 
"On est moins distrait dans le silence [...]. Le silence prolongé permet de vraiment écouter ce qu'il y a au fond de soi."

"J'ai goûté à la liberté. Et ce goût-là, maintenant, je ne pourrai jamais plus m'en passer."

"Aujourd'hui, j'ai les yeux ouverts, et je peux aller de l'avant [...]. C'est ce que font les Américains, en fin de compte. Je suis en train d'apprendre la différence entre fuir quelque chose et fuir vers quelque chose."

Cette lecture a été une jolie rencontre pour moi et je pense lire très vite La Jeune Fille à la perle.

samedi 15 mars 2014

Une collection très particulière de Bernard Quiriny

Encore un livre découvert grâce à son exposition sur la table de la médiathèque locale... 

L'éditeur en parle : 
"Des livres qui s’écrivent tout seuls, d’autres qui produisent du courant, d’autres encore que leurs auteurs oublient en même temps qu’ils les rédigent : ce sont des ouvrages pas comme les autres que vous allez découvrir dans cette collection très particulière, une bibliothèque de livres imaginaires inventés par Bernard Quiriny et recueillis par son héros fétiche, Pierre Gould. Certains de ces livres ont sauvé des vies, d’autres ont tué leur possesseur ; il paraît même que certains ont dévoré leur auteur, qui s’agite depuis à travers leurs pages…
Il n’est pas seulement question de littérature dans ce recueil : on voyage aussi beaucoup, en visitant une dizaine de villes fantastiques - villes symétriques, villes silencieuses, villes où l’on ne vit qu’un jour sur deux, etc. - cousines des villes imaginaires qui hantent la littérature.
Et pour couronner le tout, on jette un œil satirique sur les grands bouleversements qui frappent ou frapperont bientôt notre époque, comme la résurrection en masse des trépassés et l’invention d’un sérum de jeunesse.
Entre Borges, Calvino et Marcel Aymé, un festival d’humour et d’invention qui est aussi un hommage ludique aux excentriques et à l’esprit littéraire.

Né en 1978, Bernard Quiriny est l’auteur de L’Angoisse de la première phrase et de Contes carnivores, deux recueils de nouvelles fantastiques couronnés par de nombreux prix, notamment le prix de la Vocation, le prix Victor-Rossel et le prix du Style. Il a également publié un roman de politique-fiction, Les Assoiffées."

Vous pouvez même lire quelques pages ICI (clic)

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Étant une grande collectionneuse, j'ai été attirée par le titre... Puis la quatrième de couverture, que vous avez pu lire ci-dessus (c'est ce que reprend l'éditeur sur son site), m'a donné envie d'en savoir davantage.

Mon avis après lecture : 
Je ne suis pas une grande amatrice de nouvelles mais j'avoue que j'ai été séduite. La première nouvelle m'a fascinée et le recueil ne m'a pas déçue. J'ai adoré en particulier les nouvelles regroupées sous le titre "Une Collection très particulière" mais aussi "Notre Époque" ou "Dix Villes" ! Je ne peux pas choisir : en fait, elles m'ont toutes plu !  Une fois encore, il s'agit d'un livre qui parle de livres, d'écriture, de lecture : tout ce que j'aime. Je n'avais jamais lu cet auteur, mais je vais sans aucun doute renouveler l'expérience !

Quelques phrases, ici et là : 

Urgences de Gould. Autre scène vue : Gould dans un dîner se tortille sur sa chaise en serrant les mâchoires, visiblement mal à l'aise ; à la maîtresse de maison qui lui propose discrètement de le conduire à la salle de bains, il répond en chuchotant : "N'auriez-vous pas plutôt une chambre, un crayon et une feuille blanche ? Un poème me vient, que je ne retiendrai pas longtemps."

Gould collectionne les livres reniés... Le narrateur découvre un cahier encore vierge. "Ce cahier est un roman de moi, et je fais partie grâce à lui de ma propre collection. Je crois, sans me vanter, qu'il s'agit du reniement le plus rapide de toute la littérature reniée : j'en avais conçu l'intrigue dans ma tête, jusqu'aux détails ; les décors étaient prévus, les personnages construits, les dialogues achevés, la première phrase longuement mûrie, de même que la dernière. J'ai tourné et retourné tout cela dans ma tête pendant des semaines, avant de me rendre à l'évidence : c'était mauvais, très mauvais. Si mauvais que je l'ai renié dans l’œuf, avant même de l'écrire. Quel record, hein !"

Autre collection de Gould : "Les auteurs ici réunis, donc, ont la même obsession : ne pas employer trop de mots pour ne pas alourdir leurs phrases, et donner à lire le minimum. C'est le souci de tous les écrivains, direz-vous ; mais tous n'en font pas comme eux une maladie, et beaucoup cèdent au plaisir d'un détail inutile, d'une bonne formule, d'un ornement -- pente irrésistible quand l'inspiration est là, et certains ont donné leurs meilleures pages en se laissant glisser. Pour les miens,, donc, pas de détails ; ils combattaient à mort la graisse inutile, chassaient les mots superflus."

Je vais finir par être réconciliée avec les nouvelles ;-) Et vous, appréciez-vous ce genre littéraire ?

lundi 24 février 2014

Comment j'ai appris à lire d'Agnès Desarthe

Ce livre était exposé sur la table de la médiathèque... J'en avais entendu parler, et hop, j'ai décidé de l'emprunter ! 

L'éditeur en parle : 

« Apprendre à lire a été, pour moi, une des choses les plus faciles et les plus difficiles. Cela s’est passé très vite, en quelques semaines ; mais aussi très lentement, sur plusieurs décennies.
Déchiffrer une suite de lettres, la traduire en sons fut un jeu, comprendre à quoi cela servait fut une traversée souvent âpre, et, jusqu’à l’écriture de ce livre, profondément énigmatique. »
Comment apprend-on à lire ? Comment notre désir de lecture peut-il être entravé ? Comment l’écriture peutelle rendre meilleur lecteur ? Cheminant à travers ses souvenirs, Agnès Desarthe mène une enquête passionnante, puisant au coeur d’un secret : celui de n’avoir pas aimé lire pendant longtemps.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Une fois de plus, un livre qui parle de livres... Je n'ai pas pu résister ! Je suis également persuadée d'avoir lu des billets à son sujet sur certains blogs, mais impossible de retrouver où, désolée ! 

Mon avis après lecture : 

J'ai passé un très bon moment de lecture, même si, je l'avoue, cela m'agace toujours un peu de lire une normalienne se vanter d'avoir réussi son concours sans avoir lu les oeuvres au programme mais bon... 
J'ai aimé lire le refus têtu d'une enfant face au livre... le livre, si fort, qu'il gagne à la fin ;-)

Bonheur de phrases : 

" Parfois, quand on écrit un livre, on exprime, sans le vouloir, sans le savoir, sans s'en rendre compte sur le moment, une vérité sur soi-même qui, généralement, a peu de liens avec le déroulement de l'oeuvre, son objectif, son esthétique."

"[...] l'oreille du traducteur se doit d'être fine et sa souplesse extrême. Il n'est pas là pour juger, il est là pour comprendre."

"Ecrire n'est pas un choix, c'est une nécessité, mais cela n'a jamais aidé personne à vivre, et surtout pas l'auteur lui-même."

Pour ma part, je ne me rappelle pas comment j'ai appris à lire mais j'ai toujours la méthode (Bosch*er) que ma maman a utilisé pour cela, avant que je n'aille à l'école. Je crois que m'apprendre à lire a été le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait. La source d'un bonheur sans cesse renouvelé. Pour cela (et tant d'autre choses), merci maman.

lundi 17 février 2014

Et soudain tout change de Gilles Legardinier

Oui je sais... Je n'avais pas forcément été séduite par les précédents ouvrages de cet auteur et pourtant... Eh bien, pourtant, c'est une lecture très agréable pour un début de vacances et je ne regrette pas mon choix !

L'éditeur en parle : 

Pour sa dernière année de lycée, Camille a enfin la chance d'avoir ses meilleurs amis dans sa classe. Avec sa complice de toujours, Léa, avec Axel, Léo, Marie et leur joyeuse bande, la jeune fille découvre ce qui fait la vie.
À quelques mois du bac, tous se demandent encore quel chemin ils vont prendre. Ils ignorent qu'avant l'été, le destin va leur en faire vivre plus que dans toute une vie... Du meilleur au pire, avec l'énergie délirante et l'intensité de leur âge, entre espoirs démesurés, convictions et doutes, ils vont expérimenter, partager et se battre. Il faut souvent traverser le pire pour vivre le meilleur...
Avec cette nouvelle aventure, Gilles signe un roman comme il en a le secret et qui, entre éclats de rire et émotions, nous ramène là ou tout commence vraiment. Cette histoire est aussi la nôtre. Bienvenue dans ce que nous partageons de plus beau et qui ne meurt jamais.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Meilleure Amie (depuis le lycée...) a aimé, et sa fille aussi. Elle m'a aussi expliqué que l'auteur était un écrivain local, ce que je savais après l'avoir vu à un salon du livre de ma ville, mais là, j'en ai su davantage et cela m'a amusée. Quand j'ai vu le livre disponible à la médiathèque locale, je me suis dit : pourquoi pas ? Et puis ce petit chat de couverture est particulièrement craquant, non ? 

Mon avis après lecture : 

C'est sans doute le livre de l'auteur que j'ai préféré. Peut-être parce que comme les événements se déroulent dans un lycée et sont vus du côté des lycéens, j'ai eu l'impression de passer "de l'autre côté de la barrière", tout en reconnaissant les clichés que nos élèves ont à notre égard. Nous, les vieux, sommes vraisemblablement conservés dans le formol dans une pièce secrète dont on nous sort chaque matin pour dispenser le Savoir aux jeunes générations, pas avides pour deux sous dudit Savoir... En même temps, nous sommes des humains, si si, nous avons même des sentiments, des soucis, un passé, une vie... et l'auteur le rappelle... 
Bref, une bonne surprise de début de vacances. 

Quelques phrases çà et là : 

Propos de prof à une lycéenne : "Vous nous figez dans notre fonction. C'est normal. Mais qu'est-ce que vous croyez ? Vous vous imaginez sérieusement que lorsque vous quittez le lycée, on s'immobilise derrière notre bureau en attendant que vous reveniez le lendemain matin ? Comme un parc d'attractions dont les automates seraient débranchés en attendant le retour des spectateurs ? Si vous saviez..."

"[...] "problématique" est un mot inventé assez récemment pour donner des airs ronflants à de faux problèmes qui, de toute façon, ne seront pas résolus." (ne dites pas à mes élèves que je suis d'accord avec ça...)

"La moitié des profs ont le ventre noué, mais leur envie de faire leur métier est encore plus forte que leur trouille, au moins pour ceux qui ont la vocation, alors ils se jettent quand même dans la fosse aux lions.
Qu'il emploie cette expression me secoue. On se dit exactement la même chose lorsque l'on doit se rendre en salle des profs..."

"On vit, on meurt, les gens pleurent, et après, ils se demandent ce qu'ils vont manger." (citation annoncée comme étant de Jack Higgins dans le roman)


Allez, profitez bien des vacances d'hiver pour les veinards qui sont déjà concernés, patience et courage pour les autres, et surtout... lisez bien !

mardi 11 février 2014

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas

Tout le monde a entendu parler de ce livre, je pense ! Le titre à lui seul est une trouvaille et évidemment, j'ai eu envie de le lire... 

L'éditeur en parle de façon très synthétique : 
Un voyage low-cost … dans une armoire Ikea ! Une aventure humaine incroyable aux quatre coins de l’Europe et dans la Libye post-Kadhafiste. Une histoire d’amour plus pétillante que le Coca-Cola, un éclat de rire à chaque page mais aussi le reflet d’une terrible réalité, le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle, sur le chemin des pays libres.
puis le résume ainsi : 
Il était une fois Ajatashatru Lavash Patel (à prononcer, selon les aptitudes linguales, « j’arrache ta charrue » ou « achète un chat roux »), un hindou de gris vêtu, aux oreilles forées d’anneaux et considérablement moustachu. Profession : fakir assez escroc, grand gobeur de clous en sucre et lampeur de lames postiches. Ledit hindou débarque un jour à Roissy, direction La Mecque du kit, le Lourdes du mode d’emploi : Ikea, et ce aux fins d’y renouveler sa planche de salut et son gagne-pain en dur : un lit à clous. Taxi arnaqué, porte franchie et commande passée d’un modèle deux cents pointes à visser soi-même, trouvant la succursale à son goût, il s’y installe, s’y lie aux chalands, notamment à une délicieuse Marie Rivière qui lui offre son premier choc cardiaque, et s’y fait enfermer de nuit, nidifiant dans une armoire… expédiée tout de go au Royaume-Uni en camion.
Digne véhicule qu’il partage avec une escouade de Soudanais clandestins. Appréhendés en terre d’Albion, nos héros sont mis en garde à vue. Réexpédié en Espagne comme ses compères, Ajatashatru Lavash Patel y percute, en plein aéroport de Barcelone, le taxi floué à qui il échappe à la faveur d’un troisième empaquetage en malle-cabine qui le fait soudain romain… et romancier (l’attente en soute étant longue et poussant à l’écriture). Protégé de l’actrice Sophie Morceaux, il joue une nouvelle fois la fille de l’air, empruntant une montgolfière pour se retrouver dans le golfe d’Aden puis, cargo aidant, à Tripoli. Une odyssée improbable qui s’achèvera festivement en France où Ajatashatru Lavash Patel passera la bague au doigt de Marie dans un climat d’euphorie cosmopolite.
Sur le mode rebondissant des périples verniens et des tours de passe-passe houdinesques, voici donc, pour la première fois dans votre ville, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, un spectacle en Eurovision qui a du battant, du piquant et dont le clou vous ravira. Non, mais.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Pêle-mêle : le titre (j'ai été, comme tout un chacun ou presque, cliente du grand Suédois), les critiques, qui parlaient de premier roman hilarant, la couverture (vraiment bien trouvée)... 

Mon avis après lecture :
Il est rare de trouver de nos jours des livres optimistes. Celui-ci l'est. Pas bêtement, pas naïvement, tout ne se termine pas bien pour tout le monde, mais tout de même... Un peu de bonheur dans cette vdm... ça fait du bien ! Ce n'est pas un monument de la littérature, même si l'on y trouve des références littéraires transparentes, et l'on sourit plus qu'on ne rit à gorge déployée, mais c'est une lecture plaisante et vivifiante qui change de la morosité ambiante et des catastrophes que les médias nous égrènent inlassablement ! Et puis qui n'a pas essayé vainement de prononcer les noms improbables pour nous des meubles suédois ? ;-)

Quelques phrases pour la route : 

"Le fakir avait souvent eu envie d'écrire. 
Ce n'étaient pas les idées qui lui manquaient. Il avait une très grande imagination. Peut-être sa vie mouvementée y était-elle aussi pour quelque chose. En tout cas, cette imagination débordante lui servait bien lorsqu'il fallait inventer des tours de passe-passe afin de rendre réel l'irréel et possible l'impossible. 
Cependant il n'avais jamais jeté ses histoires sur le papier. Le passage à l'acte était peut-être plus compliqué que ce qu'il pendait et il avait toujours retardé le moment où il s'y essaierait."

"Marie, de son côté, reposa le combiné, comme nous l'avons déjà dit, dévorée par les flammes d'un feu sauvage, phrase qui ne veut pas dire grand chose mais possède une force littéraire des plus efficaces, ainsi qu'une allitération en "f" non négligeable."

"Heureux qui, comme Ajatashatru Lavash Patel, a fait un beau voyage en armoire et puis, est retourné, plein d'usage et raison, vivre avec son amour le reste de son âge...
Minute papillon !" Je termine sur ce "Minute papillon" qui m'a rappelé mon grand-père, qui prononçait cette phrase très souvent...

Allez, lisez-le donc ! Je retourne boire un thé dans mon mug FÄRGRIK !