mardi 3 décembre 2013

Complètement cramé de Gilles Legardinier


Période Legardinier, allez-vous dire... Certes, puisque j'avais emprunté les deux volumes à la médiathèque municipale. Je l'ai d'ailleurs fini depuis un bout de temps mais j'ai peiné à vous en parler...
Un point à préciser : ce livre n'est aucunement la suite de celui dont je vous ai parlé ICI (ce que j'avais cru dans un premier temps, sans doute à cause de la couverture).

L'éditeur en parle :
" Arrivé à un âge ou presque tous ceux qu'il aimait sont loin ou disparus, Andrew Blake n'a même plus le cœur à orchestrer ses blagues légendaires avec son vieux complice, Richard. Sur un coup de tête, il décide de quitter la direction de sa petite entreprise anglaise pour se faire engager comme majordome en France, pays ou il avait rencontré sa femme. Là-bas, personne ne sait qui il est vraiment, et cela lui va très bien.
Mais en débarquant au domaine de Beauvillier, rien ne se passe comme prévu... Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps ; Odile, la cuisinière et son caractère aussi explosif que ses petits secrets ; Manon, jeune femme de ménage perdue ; Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, et même l'impressionnant Méphisto, Andrew ne va plus avoir le choix. Lui qui croyait sa vie derrière lui va être obligé de tout recommencer..."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'avoue : j'ai cru que c'était la suite du précédent et comme les deux étaient disponibles à la médiathèque, j'ai fait coup double en empruntant les deux volumes d'un coup ! Sauf que... ce n'est aucunement la suite... Mais bon, ce n'est pas grave ! 

Mon avis après lecture :
Eh bien, au départ, j'ai trouvé que c'était plus plaisant que le précédent. Mais au fil du livre, j'ai trouvé les ficelles un peu grosses et l'ensemble plutôt prévisible. Cela dit, c'est une lecture agréable ! Comme je l'ai déjà dit pour le précédent, c'est un easy reading, une lecture de vacances sympathique où se mêlent amour et humour.  Un bon moment de détente ! Certains parleront sans doute de chick litt, et je trouve que c'est en effet cela. Je vous avoue que je vais me passer du troisième livre à petit chat sur la couverture... ;-) ou alors cet été pendant les vacances, au soleil dans un transat !

Quelques phrases au hasard : 
""On peut être violent sans insulter. Parfois, dire ce que l'on pense correctement peut s’avérer bien plus offensif que des mots qui n'ont plus aucun sens parce que tout le monde les emploie à tort et à travers.
-- Ce n'est pas faux. Mais je trouve que la richesse d'une langue se mesure aussi à la variété de ses insultes. En français, nous avons un sacré registre. Il existe tout un arsenal, du plus léger au plus sérieux. Vous pouvez traiter quelqu'un de crétin, de bouffon, de clown, de pingouin, et s'il vous agace vraiment, passer à la vitesse supérieure avec des choses parfois très fleuries."

"Lis-lui des histoires, uniquement celles que tu aimes. Qu'est-ce que tu préférais quand tu étais en vacances ? Quelles histoires te faisaient voyager le plus loin ? Quels livres te donnaient envie de les dévorer en cachette le soir ? Souviens-toi de ça. Lis-lui tes histoires préférées à haute voix. Quelques pages à chaque visite. Donne-lui envie de découvrir la suite, comme si c'était un feuilleton. Il s'y mettra.
-- C'est pas comme ça que j'ai appris à l'école...
-- L'école, c'est autre chose. Ils gèrent trop d'enfants en même temps. Alors il automatisent, ils ramènent à des principes quasi-industriels, mais le meilleur moyen d'apprendre, c'est la contagion du bonheur que procure la lecture. On ne va pas lui expliquer tout ce qu'il y a dans les livres, tu vas lui faire découvrir tout ce qu'il peut y trouver."

et spécialement pour les amis des chats qui ont parfois du mal à faire passer les charmantes boules de poils par la chatière (c'est le cas ici avec le plus âgé de nos chats...) :
"En remontant de chez Philippe, Blake eut la surprise d'apercevoir un bras tendu à travers la chatière qui agitait frénétiquement un jouet à chat fluo dont le grelot tintait. La voix étouffée d'Odile répétait :
-- Méphisto ! Méphisto ! Il est l'heure de rentrer. Viens vois maman. Passe par la porte magique."

lundi 11 novembre 2013

Demain, j'arrête de Gilles Legardinier

Toute la blogosphère a déjà lu ce livre, paru en poche... Jusqu'à il y a peu, je ne l'avais pas ouvert... Mais quand je l'ai vu à la médiathèque de ma ville, eh bien, je me suis dit que c'était l'occasion !

L'éditeur en parle : 
"Et vous, quel est le truc le plus idiot que vous ayez fait de votre vie ?
Comme tout le monde, Julie a fait beaucoup de trucs stupides. Elle pourrait raconter la fois ou elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle ou elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu'elle n'a pourtant jamais vu – obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier...
Mais tout cela n'est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu'elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret. Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants, jusqu'à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons-nous fait le truc le plus idiot de notre vie ?
Avec cette première comédie, Gilles Legardinier – déjà remarqué pour ses deux thrillers L'Exil des Anges et Nous étions les hommes – révèle une nouvelle facette d'une imagination qui n'a pas fini de surprendre. Drôle, percutant, terriblement touchant, son nouveau roman confirme ce que tous ceux qui ont lu un de ses livres savent déjà : Gilles a le don de raconter des histoires originales qui nous entraînent ailleurs tout en faisant résonner notre nature la plus intime. Voici un livre qui fait du bien !"

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Ce sont toutes les critiques élogieuses écrites sur les blogs de lecture que je dévore assidûment, par exemple, celle de Leil sur Bricabook ICI ! J'ajoute à cela que Gilles Legardinier était également présent à un salon des auteurs locaux que j'ai visité l'an dernier (mais où j'ai acheté un de ses thrillers plutôt que cette comédie). 

Mon avis après lecture : 
Alors... pas d'enthousiasme délirant, sans doute que mon âge avancé me rend moins proche de l'héroïne que d'autres blogueuses... Mais c'est une lecture vraiment agréable, durant laquelle on sourit beaucoup aux multiples gaffes de l'héroïne et à ses commentaires décalés. Un easy reading, une lecture de vacances sympathique où se mêlent amour et humour.  Un bon moment de détente !

Quelques phrases au hasard (ou presque ;-)

Julie, l'héroïne, travaille dans une banque : "Mon premier rendez-vous est arrivé à l'heure. Je vais vous confier un truc infaillible pour savoir à quelle heure arrive un rendez-vous. Lorsqu'un client vient pour demander quelque chose, il est ponctuel. Si c'est pour un projet essentiel pour lui, il a même de l'avance. Par contre, s'il vient sur votre invitation, pour se voir proposer un placement, il est toujours en retard -- quand il n'annule pas." 

"Vous mettez deux garçons dans la même pièce, sur un même chantier, ou n'importe où d'ailleurs, et en trois minutes, ils se tutoient, en cinq ils rigolent en faisant des sous-entendus qu'ils ont l'air de tous comprendre et, une heure après, leurs mères jureraient qu'ils sont frères. Comment est-ce possible et pourquoi ce n'est pas la même chose chez nous, les filles ?"

"[...] le travail, c'est parfois de l'amour rendu visible." 

Comme j'ai apprécié cette lecture, je suis en train de continuer avec Complètement cramé du même auteur ! Je vous en reparlerai !

dimanche 3 novembre 2013

La Grâce des brigands de Véronique Ovaldé

C'est au titre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister (CLIC) que j'ai reçu et lu ce livre (lien vers la fiche-livre chez Price Minister ICI). J'avais déjà lu de nombreuses critiques sur la toile et j'avais envie de découvrir Véronique Ovaldé dont je n'avais encore rien lu. 

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture : 
"Maria Cristina Väätonen a seize ans lorsqu’elle quitte la ville de son enfance, une bourgade située dans le grand Nord, entourée de marais et plongée dans la brume la plupart de l’année. Elle laisse derrière elle un père taciturne, une mère bigote et une sœur jalouse, pour s’installer à Santa Monica (Los Angeles). C’est le début des années 70 et des rêves libertaires.
Elle n’a pas encore écrit le roman dans lequel elle réglera ses comptes avec sa famille, et qui la propulsera sur la scène littéraire. Et elle n’est pas encore l’amante de Rafael Claramunt. Séducteur invétéré, cet excentrique a connu son heure de gloire et se consacre désormais à entretenir sa légende d’écrivain nobélisable. Est-il un pygmalion ou un imposteur qui cherche à s’approprier le talent de Maria Cristina ?

Véronique Ovaldé est née en 1972 au Perreux-sur-Marne. En 2000, elle publie son premier roman, Le Sommeil des poissons, aux éditions du Seuil. Suivront ensuite, notamment, Les hommes en général me plaisent beaucoup (Actes Sud, 2003), ou Déloger l'animal (Actes Sud, 2005). Elle rejoint les éditions de l'Olivier en 2008 en publiant Et mon coeur transparent, qui obtient le prix France Culture-Télérama. En 2009, Ce que je sais de Vera Candida reçoit un accueil enthousiaste de la critique et du public, et obtient le prix Renaudot des lycéens, le prix France Télévisions, et le grand prix des lectrices de Elle. Depuis, elle a également publié Des vies d'oiseaux en 2011 et La Grâce des brigands en 2013."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Eh bien... le fait qu'il s'agisse d'une histoire d'écrivain, que le livre ait déjà reçu d'excellentes critiques, que je ne connaisse pas encore l'auteur... tout cela m'a attirée quand j'ai vu le titre dans la liste des œuvres proposées pour les matchs de la rentrée littéraire Price Minister.

Mon avis après lecture : 
C'est un avis très mitigé. Bon allez, il est rare que j'admette cela mais soyons claire : je n'ai pas aimé. Je suis lasse de l'écriture à la mode où les phrases de plus de 30 lignes ne permettent pas de distinguer le discours direct (les paroles des personnages) du récit. Je ne suis pas non plus séduite par la répétition permanente de "Maria Cristina" sans pronom ni substitut ou presque.
OK ce sont des parti-pris d'écriture (et je suis même capable de les analyser si besoin !). Mais je ne les apprécie pas. Et je les apprécie d'autant moins que je dois inculquer aux choupinets qui me sont confiés d'autres façons de procéder, plus classiques alors que pour eux ce serait si simple de se contenter de mettre une majuscule en milieu de phrase pour noter les phrases prononcées par le héros...
Quant à l'histoire euh... elle ne m'a pas emportée.
Bref, je ne vais pas devenir une lectrice fidèle de Véronique Ovaldé. 
Elle n'a de toute façon pas besoin de moi : elle a manifestement trouvé son lectorat, ce que je comprends fort bien. Ma note : 10/20, lecture pas complètement désagréable (la preuve : j'ai fini le livre alors que je n'ai aucun scrupule à abandonner un livre qui m'ennuie : j'ai bien d'autres choses à lire ! Je salue aussi l'écriture particulière même si je ne l'aime pas), mais aussi lecture pas à mon goût.

Quelques phrases au hasard : 
"Maria Cristina avait trente ans (ou trente et un ou trente-deux) et se trouvait encore dans l'insouciant plaisir d'écrire, acceptant la chose avec une forme d'humilité et le scepticisme prudent qu'on accorde aux choses magiques qui vous favorisent mystérieusement."

"Une femme a autant besoin d'un homme qu'un poisson rouge d'un sac à main". 

"[...] les livres servent, comme on le sait, à s'émanciper des familles asphyxiantes."

"Maria Cristina se colletait avec ce désir de plaire et d'être aimée de tous ses professeurs, avec ce désir de se faire des amis et d'être l'élève la plus brillante de sa promotion. Elle rêvait qu'un jour tous les lecteurs qui tomberaient sur l'un de ses livres se retrouveraient sous son charme. Maria Cristina était le contraire d'une personne insouciante."

ou encore une seule phrase : 
"Non il y a aussi les types comme Garland qui lisent des poèmes, il faut arrêter de prendre les gens pour des cons, les types comme Garland ils lisent comme ils peuvent écouter des chansons tristes, des chansons parlant de peines de cœur et de rédemption, et quelle surprise que Garland connût ce mot, et quelle honte de s'en étonner, Garland lisait avec recueillement, oui, lire Claramunt faisait qu'il se recueillait, Garland et qu'il l’admirait, il était touché, il avait même lu ses romans, il en avait lu trois, tous incroyablement différents, il y avait celui qui racontait l’histoire de ces quatre jeunes gens qui partaient à la chasse, une histoire qui finissait en eau de boudin et puis celui qui se passait dans une université dans le Nord avec cette prof qui tombait amoureuse de l'un de ses élèves et ça finissait aussi en eau de boudin mais rien de comparable avec la partie de chasse, c'était bien moins sanglant, n'est-ce pas, et puis celui sur l'Argentine, aaaah, celui sur l'Argentine, c'était fou, ce talent de ne jamais être là où on l'attendait, et puis de pouvoir se mettre dans la peau de n'importe qui, l'imagination, c'était un truc de dingue, l'imagination, de toute manière quand Claramunt allait réapparaître soit il aurait réglé ses petits problèmes de fric, soit il pourrait revendre une partie de ce qu'il avait dans la maison, il y en avait pour du blé dans la baraque, rien que des dessins érotiques accrochés dans l'escalier qui montait aux chambres d'amis, ça devait coûter bonbon, et Maria Cristina l'écoutait, et elle voulait savoir où Claramunt se réfugiait quand une tempête l'éloignait de son domicile, l'idée qu'il se trimballât avec l'unique version de son manuscrit, pourquoi aurait-elle fait un double, c'était déjà si astreignant de tout taper à la machine, elle n'avait pas de papier carbone et pas les moyens d'en acheter, l’idée donc qu'il était en train de naviguer quelque part et d'une façon ou d'une autre en eau trouble avec son manuscrit sous le bras se mit à la tracasser sérieusement."

Voilà ! Merci à Price Minister de m'avoir permis de participer et à présent, attendons les résultats du challenge littéraire, pour savoir quel roman de la rentrée obtiendra le prix de satisfaction de la blogosphère !

vendredi 16 août 2013

Comment je suis devenu un écrivain célèbre de Steve Hely

Voici un livre qui parle d'écriture et qui a stagné dans ma PAL des mois (euh... des années en fait !). 

L'éditeur en parle : 
"Vous avez déjà lu Harry Potter, un roman de Dan Brown ou de Mary Higgins Clark ? Ce livre est fait pour vous !
Élu meilleur premier roman de l’année 2009 par le Washington Post.

Vous voulez :
o Être célèbre et respecté ?
o Habiter une maison splendide avec vue sur l’océan ?
o Avoir suffisamment d’argent pour ne plus jamais être obligé de travailler ?

Si vous avez coché au moins une des cases ci-dessus, vous avez quelques points communs avec Pete Tarslaw, le héros de ce roman. Et vous allez sûrement être heureux de savoir qu’il a trouvé la solution idéale pour réaliser ses rêves : écrire un best-seller ! L’idée est séduisante, certes, mais il n’y a, hélas, pas de recette infaillible pour fabriquer un livre à succès. Quoique… Si un vrai talent d’écrivain n’est pas nécessaire (au contraire, cela pourrait même être un handicap), une façon de sentir l’air du temps et de s’y conformer avec assez d’esprit peut en revanche être suffisante. Étudier les livres qui fonctionnent, trouver un sujet de nature à séduire le service marketing d’une maison d’édition, qui plus est adaptable au cinéma, surtout s’inventer une légende personnelle susceptible de séduire les journalistes… et le tour est joué.

Avec ce roman irrésistible et formidablement moderne, Steve Hely nous donne un tableau au vitriol de l’industrie du livre. Une lecture indispensable, qui vous obligera à revoir radicalement tout ce que vous pensiez de l’art, du talent, de la littérature – et de la célébrité !

Steve Hely est écrivain et producteur. Il écrit régulièrement dans la revue The Believer. Comment je suis devenu un écrivain célèbre est son premier roman. Les droits d’adaptation du livre ont été achetés par John August, scénariste attitré de Tim Burton."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Eh bien, c'est... une chronique d'Ali Baddou dans Le grand Journal sur Canal +, c'est vous dire si cela date puisque cela fait deux saisons qu'il n'y est plus. Mais j'avoue, ensuite, le livre a gagné ma PAL dont il n'est plus sorti et il a été rapidement enfoui sous d'autres romans... 

Mon avis après lecture :
J'ai beaucoup aimé le thème et la manière de le traiter, même si le recours au langage familier m'a paru inutilement systématique au début. Par la suite, je me suis accoutumée à ce style mais je reste persuadée que le langage courant aurait convenu tout aussi bien à la plupart des pages !  

Bonheur de phrases : les propos de Preston, quelques clichés sur l'écrivain...

"Il y a des gens qui prétendent que le roman est mort.[...] Je ne suis pas de cet avis, disait-il. L'écriture est un gourdin que je brandis pour chasser les brigands qui voudraient réduire en cendres les trésors du cœur humain. Aujourd'hui, nous sommes submergés par les images, il y a des écrans vidéo partout. [...] Mais les mots comptent encore. Les mots brisent et apaisent encore des cœurs."
"Seuls les mots ont le pouvoir de réparer les cœurs."
"Pour faire le meilleur au pire moment et espérer en des temps calamiteux. C'est pour ça que j'écris."

Les propos du narrateur Pete Tarslaw :

"Le succès financier d'un auteur est inversement proportionnel à la qualité littéraire de son ouvrage. Prenez les auteurs de la Bible. Ces andouilles qui passaient leur temps à déchirer leurs vêtements, à manger de la merde de cafads dans des grottes du désert de Gaza et à griffonner des révélations torturées sur du papyrus avant de se faire lapider jusqu'à ce que mort s'ensuive ou de succomber à des épidémies. Prenez Herman Melville, qui parvint péniblement à échapper à ses dettes en fixant les droits de douane sur des caisses de laine d'importation dans le port de New York pendant vngt ans. Pendant ce temps, Pamela McLaughlin, dont les livres se lisent et s'oublient dans le temps qu'il faut pour que le traiteur chinois apporte votre commande, se rend en hélicoptère privé dans une pile des Caraïbes qu'elle possède."
"Quand on pense aux grands écrivains, écrire un roman semble une activité extrêmement romantique. [...]
On se fait des illusions. Écrire un  roman est une activité pitoyable et assommante. N'importe quel individu doté d'un minimum de sens commun détestera ça. C'est presque aussi monotone que de jouer au Tetris toute la journée."

 La réponse de Preston :

"Je fais de mon mieux. Parce que je suis écrivain. Et c'est ça, le métier d'un écrivain. C'est ça, le métier d'un être humain. Essayer d'exprimer cette folie qu'on appelle le monde. Cette joie et cette tristesse qu'on appelle la vie. Oui monsieur, j'écris. Et si vous pensez que tout mon travail est une espère de combine, ou une espèce de sottise, eh bien laissez-moi  vous dire la chose suivante en des termes que vous comprendrez : si vous pensez que je suis un vieux bonhomme stupide qui croit encore en des absurdités comme la vérité, l'amour, la beauté, l'honneur, la fierté, la tristesse et la joie, eh bien vous avez fichtrement raison."

Après lecture, on n'a pas forcément envie de devenir un écrivain célèbre comme Pete, mais on a passé un bon moment !
Ah oui, j'ai tellement attendu pour le lire qu'il est à présent disponible en poche, avec une jolie couverture rouge !

mercredi 7 août 2013

Le Club des Tricoteuses du Vendredi Soir de Kate Jacobs

Héhé si vous lisez mon autre blog, vous savez que de temps en temps, je tente de croiser les aiguilles ;-), c'est donc encore une lecture-détente sortie en poche que je vous propose !

L'éditeur en parle : 
"Elles sont sept. Sept femmes de 18 à 78 ans vivant à New York. Le vendredi soir, elles se retrouvent pour tricoter... et parler de leurs vies. Elles dévoilent leurs joies et leurs difficultés d'être tout à la fois femmes, mères, amantes, filles et amies.
Les destins croisés de femmes ordinaires : un roman émouvant comme la vie."

Ce qui m'a donné envie de le lire :  
Héhé c'est que j'ai pas mal de copiNETtes tricoteuses et que nous avons déjà émis l'hypothèse de nous retrouver dans un salon de thé créé par l'une d'entre nous (pourquoi pas ?) pour un tricot-thé... alors forcément, le titre m'a parlé ! 

Mon avis après lecture : 
J'ai eu quelques difficultés à me repérer dans les personnages : les prénoms ne me sont pas familiers, ainsi, j'ai attendu la toute fin du livre pour comprendre que les jumeaux de Darwin étaient une fille et un garçon, j'ai pensé presque tout le long du livre qu'il s'agissait de deux garçons ! Mais j'ai bien aimé lire les histoires croisées de ces femmes, même si certains points m'ont semblé... cousus de fil blanc (ou devrais-je dire tricotés de laine blanche ?). Je dois dire enfin (et surtout !!!!) que j'ai été séduite par les trois épilogues : le modèle de la couverture en laine Georgia, et les deux recettes : celle des muffins aux pommes et au sirop d'érable du Club des tricoteuses du vendredi soir et celle du granité aux framboises et au citron vert préféré de Catherine. Tout cela est à tester !


Bonheur de phrases : des phrases comme en écho à certaines pensées qui m'habitent

"Elle n'arrivait pas à se débarrasser du sentiment tenace qu'elle n'avait vraiment sa place nulle part."

"Parfois, Catherine se rendait responsable de tout. Elle avait l'impression d'avoir été punie pour ses erreurs -- par Dieu ? par l'Univers ? Ainsi, elle savait ce qu'on pouvait ressentir lorsqu'on se retrouvait seul et abandonné."

"Les gens changent. La vie est un processus qui nous permet de trouver qui nous sommes." (note perso : certains cherchent longtemps, voire cherchent toujours je crois...)

"Comme c'était étrange, réalisa-t-elle tout à coup, qu'en tant que spécialiste de l'histoire de l'art, elle ait passé des années à admirer la forme -- la beauté et la perfection -- sans jamais s'interroger sur les hommes qui se cachaient derrière ces belles statues. Ces sujets, qui mettaient en avant leurs plus belles qualités, tout en gardant leurs problèmes intimes pour eux. 
Les artistes qui choisissaient de ne représenter que les traits idéaux, ignorant par exemple les doubles mentons, les cicatrices, les rides. Et, en procédant ainsi, ces hommes d'un immense talent avaient effacé tout ce qui rendait unique chacun de leurs modèles."

Ce livre est la traduction du tome 2 d'une saga. C'est bizarre que l'éditeur n'ait pas jugé utile de traduire le tome 1.  En revanche le tome 3 (si j'ai bien compris) sort fin août en poche sous le titre Le Club des Tricoteuses : d'une vie à l'autre. On verra si je me laisse tenter pour une lecture de vacances !

vendredi 26 juillet 2013

Les Revenants de Laura Kasischke

Voici ma dernière lecture estivale... 

L'éditeur en parle : (édition Livre de Poche). 

"Une nuit de pleine lune, Shelly est l’unique témoin d’un accident de voiture dont sont victimes deux jeunes gens. Nicole, projetée par le choc, baigne dans son sang, et Craig, blessé et en état de choc, est retrouvé errant dans la campagne. C’est du moins ce qu’on peut lire dans les journaux mais c’est une version que conteste Shelly. Un an après, Craig ne se remet toujours pas. Il ne cesse de voir Nicole partout… Serait-il possible que, trop jeune pour mourir, elle soit revenue ?
Les Revenants s’impose comme le concentré de tout ce qui se jouait jusque-là en sourdine dans l’œuvre de Laura Kasischke. Personne n’est innocent, et sûrement pas ceux qui s’affichent comme tels. Nelly Kaprièlan, Les Inrockuptibles.
Enquête palpitante, réflexion sur notre rapport à la mort, ce roman polyphonique est aussi une charge corrosive contre l’Amérique puritaine, ses hypocrisies, son culte du secret. Jeanne de Ménibus, Le Journal du Dimanche."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'ai lu beaucoup d'articles élogieux, le thème m'a semblé sympa, et le livre est paru en poche... Toutes ces raisons ont motivé ma lecture ! 

Mon avis après lecture : 

Je n'ai pas été enthousiasmée, je l'avoue. L'histoire est bien trouvée et intéressante. Mais la polyphonie est devenue pour moi cacophonie ! Le changement de point de vue, de date, etc. à chaque chapitre m'a été franchement pénible. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, à me repérer dans les personnages... Leiloona sur Bric à Book ICI (clic) parle d'un déclic à partir de la deuxième partie... Dolly, du blog Livres et Compagnie, a dévoré les cent dernières pages (CLIC). Pour moi le déclic ne s'est pas produit. La narration éclatée, un peu, ça va, mais sur 664 pages, c'est lassant, ça fait système ! De plus, la fin est tout de même fort attendue (j'avais compris l'essentiel dès la page 105... je dois avoir trop regardé les séries américaines). Bref, c'est une fois de plus la confirmation que je ne suis pas une fan de polar (même quand ils ne s'avouent pas ;-). Et pour ceux qui l'ont lu, je suis aussi contre les violences faites aux animaux.

Voilà ! C'est rare que je parle d'une lecture qui ne m'a pas vraiment plu... En général, quand ça ne me plaît pas, je ne finis pas le livre : j'ai tant de choses qui me tentent, je refuse de m'obliger à terminer quelque chose qui me pèse, et je n'en parle pas ici (le dernier livre que j'ai arrêté de lire était aussi un genre de polar je crois...). Ce livre est donc... particulier pour moi. J'espère que ma prochaine lecture me satisfera davantage !

lundi 15 juillet 2013

La Vie commence à 20h10 de Thomas Raphaël

Voici un livre que j'ai lu très vite, un "page-turner" addictif, comme indiqué sur le vrai-faux bandeau de couverture, et vraiment plaisant. 

L'éditeur en parle : j'ai eu du mal à en trouver trace et c'est finalement sur le site Flammarion (premier éditeur en grand format du livre) que j'ai trouvé ceci :
"Sophie peine à terminer sa thèse à Bordeaux. Elle croise Joyce Verneuil, productrice de télévision, à qui elle fait lire son premier roman, refusé par plusieurs éditeurs. Joyce lui promet de recommander son manuscrit à un grand éditeur parisien, mais à la condition que Sophie la suive dans la capitale et travaille avec elle. Marc, son compagnon, et sa mère ne sont pas d'accord, mais sont-ils obligés de le savoir ?"

L'auteur en parle sur son blog ICI (clic) avec une vidéo très sympa.
Et il cite la quatrième de couverture : 
"Si, si, tout va bien, je vous assure.
Après, à trente ans, j’avoue, j’imaginais ma vie un peu différemment. J’aurais bien aimé avoir terminé ma thèse. Avoir un job, un salaire, tout ça. Et si un éditeur avait pu accepter le roman que j’ai écrit en secret…
Quand une productrice propose à Sophie tout à la fois (un job et la promesse que son roman sera publié), ça sort du cœur : oui ! Malheureusement pour elle, le job en question consiste à fabriquer un feuilleton télé. Un feuilleton télé ? Quelle horreur ! En même temps, une double vie, ça n’est pas si compliqué…"

Ce qui m'a donné envie de le lire :
Je pense que c'est un billet sur un blog qui m'a donné cette envie, mais je suis bien incapable de le retrouver, mille pardons... à moins que ce ne soit en voyant la couverture chez mon libraire... En tout cas, le pitch m'a séduite et c'est une bonne chose : j'ai passé un excellent moment de lecture !

Mon avis après lecture :
Je me suis laissé prendre et me suis identifiée à Sophie ! Ceux qui me connaissent savent que mon parcours est bien loin de n'être que littéraire. Mais je me suis reconnue dans ce portrait d'une littéraire pure et dure qui découvre La Vie La Vraie, avec toutes les nécessités d'audience et de lisibilité pour satisfaire un public très éloigné des thèses de lettres modernes... Il n'y a pas que le regard qu'on porte sur soi, il y a aussi le regard des autres et les clichés qui ont cours...
Les relations entre Sophie et Joyce m'ont rappelé Le Diable s'habille en Prada. Et les rêves d'édition de Sophie sont ceux de nombreux "écrivaillons" dans mon genre ou autre ! 
J'ai donc beaucoup aimé cette lecture, et j'attends impatiemment la sortie en poche (mon côté radin... désolée !) de la suite : Le Bonheur commence maintenant, tout un programme qui correspond parfaitement au mien ! 

Bonheur de phrases : et un éclairage sur les séries qui rendent "accros" !

"Moi aussi j'aime Woody Allen. Mais quand tu écris un soap, que tu t'adresses à tout le monde, tout doit être immédiat. Jamais de second degré. Attention, quand je dis platitude, je ne parle que des dialogues, pas des histoires. Le public vient pour des histoires fortes et des personnages vrais. Ne laisse jamais passer une réplique qu'une personne réelle ne dirait pas."

"Le vrai talent, c'est d'anticiper quelles histoires plairont au public."

"Quand on raconte une histoire, ça n'intéresse personne de savoir quel traumatisme a provoqué telle faille, tel besoin. Au fond de nous, on sait très bien que ça ne marche pas comme ça. Ce qui nous intéresse, c'est ce qu'on arrive à faire, à construire, à partir de nos failles et de nos besoins. Ce qui nous intéresse, c'est comment on gère qui on est. Comment on arrive à construire la meilleure vie possible à partir de ce qu'on a."

"Quand on sait vraiment ce qu'on veut, on finit toujours par l'obtenir."

Et si le plus difficile était de savoir ce qu'on veut ? Hihi moi je veux... lire la suite. Et plein d'autres choses ;-)
Et vous ? Si vous profitiez donc du soleil pour lire ce livre dans une chaise longue ? Je vous souhaite de passer un aussi agréable moment en compagnie de Sophie et de La Vie La Vraie.

EDIT : ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii c'est chez ma copiNETte Sarah du blog Mes petites récrés (clic) que j'ai lu (en janvier dernier !) un article sur ce livre ICI (clic) !

samedi 13 juillet 2013

Comme on respire de Jeanne Benameur

Comme on respire... Quel joli titre pour ce petit livre... 

L'éditeur en parle :
L’absurdité de la guerre condamne les enfants au silence.
Quand l’écriture et les livres peuvent sauver de biens des maux…
Un livre-manifeste sur le pouvoir des mots.
Ce texte de Jeanne Benameur a été spécialement écrit pour la quatrième édition d’Un Livre une Rose, organisée par les libraires à l’occasion de la Saint-Jordi en 2003.
Vous pouvez lire un extrait ICI (clic).

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
C'est un billet sur le blog de ma copiNETte Leiloona, Bric à Book (clic) qui m'a immédiatement séduite : si vous voulez le lire, il est ICI. J'ai lu ce billet et j'ai su qu'il fallait que je lise ce livre. Leil disait : "Si vous aimez écrire, si vous aimez lire, si vous aimez les belles choses, découvrez Comme on respire, ce texte poétique ne pourra que donner un souffle nouveau à votre vie." 
Je ne peux que confirmer avec bonheur. C'était exactement ce que j'avais besoin de lire en ce début d'été. 

Mon avis après lecture :
J'ai adoré ce livre. Je l'ai immédiatement lu. Et puis, je l'ai relu dans la foulée. Et relu encore. C'est le genre de livre qu'on a envie de savoir par cœur. Comme on respire : lire comme on respire, écrire comme on respire, la vie quoi !
J'avais déjà beaucoup aimé Présent ? de Jeanne Benameur (mais je ne vous l'ai pas encore présenté). C'est décidément un auteur que j'ai envie de mieux connaître et si Noukette (dont le blog est ICI), qui organise un challenge Jeanne Benameur ICI (clic), m'accepte, je m'inscrirais volontiers dans la catégorie "Profanes" (lecture d'un à trois livres), pour commencer !

Bonheur de phrases : le plus difficile est de choisir ! On voudrait recopier chaque mot...

"Ce qui ne peut pas s'accepter ne finit pas."

"Je suis sûre qu'avec des mots, on vit."

"Sortir du silence.
Vouloir les mots. Devenir humbles."

"Je ne suis rien. 
Rien d'autre qu'une femme qui arpente et tente l'incertain."

"Et si je sais que l'écriture n'accomplit rien, je m'y tiens. 
C'est ma colonne vertébrale.
Ma seule façon d'accepter de vivre."

"Quand il y a un mur de livres dans une pièce je me sens à l'abri. Plus sûre que derrière n'importe quelle porte blindée."

"Je me suis apprivoisée dans les livres."

"Je ne cesserai pas d'écrire, de lire. C'est ma façon d'aimer."

Une merveille, à lire, à relire, et à relire encore. Merci Leiloona de m'avoir offert la chance de cette découverte.

samedi 6 juillet 2013

Hors-Service de Solja Krapu

Voici un livre au sujet original mais dans lequel je me suis pas mal retrouvée... Il s'agit d'un roman traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss et publié avec l'aide du Swedish Arts Council, Stockholm. .

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture :

Eva-Lena a une petite vie bien rodée, avec maison, enfants, mari et collège. Elle est parfaite, quoique un brin hystérique dès qu'on vient changer son planning. Un vendredi soir, elle enfourche son vélo pour aller faire des photocopies au collège. Ça l'avancera pour lundi ! Sauf qu’elle se retrouve enfermée dans le local de la photocopieuse. Pour tout le week-end ?

Par l’ingéniosité de son sujet, le ton tragi-comique, la richesse des personnages et leur psychologie décortiquée sans chichis, Hors-Service cible juste. Car enfin, qui oserait prétendre qu’il ne se sent — au grand jamais?! — ne serait-ce qu’un tout petit peu prisonnier de son quotidien??

Ce qui m'a donné envie de le lire :

Eh bien c'est une amie-collègue qui en a parlé sur l'un des nombreux sites professionnels que je fréquente ! Il faut dire que l'on retrouve dans ce roman de nombreuses références qui montrent que le quotidien d'un prof de suédois en Suède ressemble beaucoup au quotidien d'un prof de français en France... Alors évidemment, ma curiosité a été attisée...

Mon avis après lecture :

J'ai reconnu vraiment de nombreuses situations ! Mais je vous rassure, jamais je n'ai été enfermée dans un local de photocopieuse... Petite pointe de déception à la fin peut-être (je crois que j'attendais qu'elle aille plus loin) mais franchement, j'ai passé un moment agréable (et somme toute léger !). Parfait pour démarrer l'été en douceur, sans rupture trop brutale du boulot !

Bonheur de phrases : 

"D'abord, il me faut chaque année plus de temps pour me séprer de l'école. En fait, je suis devenue incapable de le faire. Ensuite, tous mes intérêts personnels sont reliés à ma profession. Ne serait-ce, par exemple, que de lire un bon livre. La plupart des gens considèrent cela comme un plaisir, et c'était également mon cas au départ, mais c'est de plus en plus devenu une question d'utilité : vais-je réellement passer du temps à lire ce livre-ci, alors qu'il est clair que je tirerais plus de la lecture de tel autre ? Il n'y pas seulement le fait que je doive être toujours au courant des dernières parutions pour la jeunesse : je considère aussi comme de mon devoir d'avoir lu au moins quelques titres écrits par le prix Nobel de l'année. De plus, je dois garder du temps pour ce dont il est question dans les pages culturelles. Et il va de soi que je lis la littérature anglophone en version originale."

"« Lire, c’est physique.»
Pour Aurora, tout était physique. Elle enchaîna :
« Réfléchis un peu : qui occupe la salle de la photocopieuse ? Tout le monde le sait, les profs de suédois. Vous êtes tout simplement maso. Vous agrafez, vous collez, vous bricolez, et le pire, c'est qu'aucun d'entre vous ne peut utiliser les polycopiés des autres. Chacun doit faire les siens.»"

"En fait, les élèves copiaient et recopiaient de bon cœur. Sans la moindre réflexion. Et quand un professeur conseillait aux élèves d'utiliser leurs propres mots, le travail se résumait à remplacer quelques mots par leurs synonymes. On pourrait trouver ça comique, si cela n'avait pas aussi un côté tragique. Sur internet, ils trouvaient facilement des exposés complets sur n'importe quel sujet imaginable, pas besoin d'être un génie de l'informatique pour les dénicher. Le plus souvent, les élèves ne se préoccupaient même pas de reformuler les textes, mais les imprimaient comme ils les trouvaient. Un élève qui en temps normal arrivait à peine à écrire une seule phrase sans fautes fournissait alors tout à coup un travail de niveau universitaire. Même les élèves qui ne trichaient pas vraiment se consacraient plus à la reproduction de documents qu'à la recherche au sens exact du terme.
Mais comme la "recherche" était dans le vent, un enseignant qui n'en faisait pas était considéré comme un mauvais enseignant."

"[...] je crois qu'il était grand temps qu'on me mette hors-service pendant un moment."

Je ferais volontiers de ce livre un livre voyageur... Alors si je vous connais déjà, ou si vous m'êtes chaleureusement recommandé(e) par une bloggueuse ou un(e) ami(e) et que vous avez envie de lire ce livre, adressez-moi un petit message, via le formulaire de contact en haut à droite !

Ça sent le renfermé par ici...

Héhé ça fait un sacré bout de temps que je n'ai pas mis à jour ce blog... Ce n'est pas faute de lectures (heureusement !) mais faute de temps ! Cela dit, les vacances arrivent, alors... je compte bien revenir vous présenter mes lectures ! À venir très vite, un roman sans prétention pour rappeler l'état de ce blog depuis de trop longs mois : Hors-Service de Solja Krapu !

dimanche 21 avril 2013

Confessions d'un jeune romancier d'Umberto Eco

Voici un billet qui attend dans mes brouillons depuis des jours et des jours mais tête en l'air, je l'avais oublié ! Il est plus que temps que je me réveille ! Le jeune romancier qui se confesse n'est autre qu'Umberto Eco, l'auteur du Nom de la Rose et du Pendule de Foucault. Ce livre est traduit de l'anglais par François Rosso. J'avoue que cela m'a étonnée, je pensais qu'Eco écrivait en italien, bête que je suis.

L'éditeur en parle : 
Comment un jeune écrivain doit-il s'y prendre pour s'atteler à son premier roman ? Par quel chemin de ruse passer pour séduire son lecteur ? Et quel tour de magie doit-il accomplir – s'il en a le talent – pour persuader le monde que ses fictions sont des morceaux de réalité ? Telles sont, parmi d'autres, les questions auxquelles Umberto Eco (lui-même romancier octogénaire) tente de répondre ici en rassemblant ses propres souvenirs et son expérience. Des confessions ? Des conseils pratiques ? Une liste de choses à faire (et surtout à ne pas faire) quand on débute. Ce livre est tout cela à la fois. Et, puisque l'homme qui l'a écrit fut l'auteur du Nom de la rose et du Pendule de Foucault, on peut lui faire confiance...

Umberto Eco est né à Alexandrie, dans le Piémont, en 1932. Professeur de sémiotique et directeur de l'Ecole supérieure des études littéraires à l'Université de Bologne, il est l'auteur chez Grasset de nombreux essais et de romans légendaires.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'aime beaucoup les livres qui évoquent l'écriture. J'aime beaucoup Umberto Eco. Je ne pouvais donc pas rater ce livre !

Mon avis après lecture : 
Évidemment, j'ai vraiment apprécié ce livre. J'ai aussi adoré l'humour d'Eco, plein d'auto-dérision lorsqu'il explique dès les premières lignes que le jeune romancier n'est autre que lui-même puisqu'il n'a écrit "que" six romans, dont le premier, le célébrissime Le Nom de la Rose est sorti seulement en 1980.
J'ai été passionnée par ce livre qui fera le bonheur des lecteurs avertis, ceux qui ont aimé l'Apostille au Nom de la Rose ou Lector in fabula. En effet, il ne s'agit pas d'un roman et les Confessions de ce jeune romancier fourmillent de sujets de réflexion sur la littérature (et aussi sur le web !).

Bonheur de phrases : 
"[...] un roman n'est pas qu'un phénomène linguistique. En poésie, les mots sont difficiles à traduire parce que ce qui compte est leur son, ainsi que la volontaire multiplicité de leurs sens, si bien que c'est le choix des mots qui détermine le contenu. Dans le récit, nous sommes dans la situation contraire, c'est l'univers que l'auteur a construit, ce sont les événements qui s'y produisent qui dictent le rythme, le style et même le choix des mots."

"Je reconnais qu'en employant cette technique du double codage, l'auteur établit une sorte de complicité silencieuse avec le lecteur cultivé, et que celui qui ne l'est pas, faute de capter une allusion culturelle, peut avoir le sentiment que quelque chose lui échappe. Mais je ne crois pas que la littérature ait pour seul objectif de divertir et de consoler. Elle vise aussi à inciter et inspirer à lire le même texte deux fois, et parfois plusieurs fois, car le lecteur voudra mieux le comprendre."

"La seule chose dont je suis sûr est que des gens sont émus de découvrir qu'Anna Karénine s'est suicidée, mais qu'ils sont peu (s'il en existe), à se sentir ébranlés ou chagrinés en apprenant qu'un angle droit a quatre-vingt-dix degrés." (s'il y a des chagrinés par cette nouvelle, qu'ils se dénoncent !)

"Toute affirmation concernant les vérités encyclopédiques peut, et souvent doit, être mise à l'épreuve de la légitimité empirique externe ([...]) ; alors que les affirmations sur le suicide d'Anna ne relèvent que de la légitimité textuelle interne (au sens où l'on n'a pas besoin de s'abstraire du texte pour les prouver). Sur la base de cette légitimité intérieure, nous prendrons pour un fou, ou au moins une personne mal informée, celui qui nous soutiendrait qu'Anna Karénine a épousé Pierre Bezukhov [...]."

"La forte identité des personnages de fiction est une question importante. Dans son livre, Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, Philippe Doumenc nous raconte l'histoire d'une enquête de police qui finit par prouver que madame Bovary ne s'est pas empoisonnée mais a été assassinée. Or, si son roman acquiert une certaine saveur, c'est seulement parce que les lecteurs tiennent pour acquis que "dans la réalité", Emma Bovary s'est bel et bien empoisonnée.[...] pour apprécier le roman de Doumenc, le lecteur doit savoir que chez Flaubert, Madame Bovary s'est suicidée. Sinon, pourquoi écrire -- ou lire -- une telle contre-histoire ?"

Passionnant, non ? Il va falloir que j'en parle à certains lycéens de première L de ma connaissance... ;-)

Et au fait, y a-t-il parmi vous un bouleversé de l'angle droit à quatre-vingt-dix degrés ?

dimanche 31 mars 2013

Mémoire pour un avocat d'Octave Mirbeau

Voici un petit livre rapidement lu pour le challenge de Stephie (CLIC) ! Le titre est celui de la première nouvelle, mais en réalité, l'opuscule en compte quatre.

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture : 
Une belle villa au bord de la mer… les retrouvailles entre Clotilde et son amant promettent d’être délicieuses ! Pourtant, au fil des jours, la jeune femme se révèle de moins en moins tendre avec son compagnon.
Les héroïnes de ce recueil sont à son image. Jeanne est une jolie blonde qui, ses noces à peine terminées, se renferme mystérieusement en elle-même, au grand dam de son époux.
Quant à Laure, elle sombre doucement dans la folie, s’obstinant, malgré les mises en garde bienveillantes de son conjoint, à vouloir traverser un pont qui n’existe pas !
Chez Mirbeau, la vie de couple ressemble à une mécanique bien réglée qui soudain se grippe et révèle la fragilité d’un bonheur construit par deux êtres que tout sépare…
Les quatre nouvelles de ce volume (« Mémoire pour un avocat », « Clotilde et moi », « Le Pont » et « Veuve ») invitent à redécouvrir l’œuvre d’un écrivain souvent méconnu et pourtant salué par les plus grands, de Tolstoï à Apollinaire, en passant par Zola.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je vais être franche : le temps m'a manqué pour réfléchir à une lecture classique pour le challenge "Un classique par mois" de Stephie. Mais il se trouve que j'ai reçu au lycée un exemplaire de ce livre, dans une toute nouvelle collection au titre évocateur : Étonnantiss!mes, collection dédiée à la lecture cursive, c'est-à-dire à la lecture personnelle, des lycéens. J'avoue de plus que Mirbeau n'est pas un auteur que j'aie beaucoup fréquenté (et c'est un euphémisme), c'était donc l'occasion de combler cette lacune ! 

Mon avis après lecture : 
Les femmes présentées dans ce recueil sont bien loin d'être à leur avantage ! Misogynie ? A priori de l'époque ? En tout cas, j'ai trouvé ces nouvelles terribles ! Quelle ironie grinçante ! On referme le livre et on se dit que les hommes sont décidément bien à plaindre : entre Jeanne qui devient une véritable mégère dont la volonté d'économiser tourne à l'avarice sordide, Clotilde qui voyage léger avec trente-trois malles et passe plus de temps à tout installer qu'à vivre un heureux moment, Laure qui, lors de la nuit de noces, en pleine "action" se rappelle qu'elle a oublié sa prière et repousse son mari pour la faire avant de lui dire "Vous pouvez continuer, maintenant..." et enfin Lucienne qui oublie bien vite son mari en se jetant dans les bras de son meilleur ami... je me demande ce qu'a vécu ce pauvre Octave Mirbeau pour avoir envie de montrer une telle image de la femme !

Bonheur des phrases :
"Ce que je reproche à ma femme, c'est de comprendre la vie d'une autre façon que moi, d'aimer ce que je n'aime pas, de ne pas aimer ce que j'aime ; au pont que notre union, loin d'être un resserrement de sensations pareilles et de communes aspirations, ne fut qu'une cause de luttes perpétuelles. Je dis "luttes", et j'ai tort. [...] Pour lutter, il faut être deux, au moins. Et nous n'étions qu'un seul, car j'abdiquai, tout de suite, entre les mains de ma femme, ma part de légitime et nécessaire autorité.Ce fut une faiblesse, je le sais. Mais que voulez-vous ? J'aimais ma femme [...]." (« Mémoire pour un avocat »)
"Ô poésie des voyages adultères !... Est-ce que M. Paul Bourget [auteur dans les œuvres duquel il est souvent question d'adultère] se serait moqué de nous ?... Ce serait une pensée horrible !... Et quelle chute dans l'idéal !..." (« Clotilde et moi »)
"Ma destinée a vraiment d'incroyables malchances, d'innombrables et illogiques malchances. J'ai le sentiment que je suis l'être le plus accommodant du monde, à qui sont inconnues les bouderies, les taquineries, les mauvaises humeurs. Je n'ai de volonté, d'énergie, que pour plaire à ce qui m'entoure. Si déraisonnables soient-ils, je me plie à tous les caprices." (« Le Pont »)

Je suis ravie d'avoir découvert cet auteur et son ironie...même si je pense que ses préoccupations et centres d'intérêt ont quelque peu vieilli ! Ce livre arrive juste pour constituer ma troisième participation au challenge de Stephie : allez voir ICI la page consacré aux lectures classiques de tous !


mercredi 27 mars 2013

L'Atelier des miracles de Valérie Tong Cuong

Voici un livre que j'ai acheté avant d'avoir lu les multiples critiques journalistiques qui en parlent comme d'un livre "qui fait du bien" porteur d'un message d'espoir.

L'éditeur en parle avec la quatrième de couverture qu'il développe un peu :
Prof d’histoire-géo mariée à un politicien narcissique, Mariette est au bout du rouleau. Une provocation de trop et elle craque, envoyant valser un élève dans l’escalier. Mariette a franchi la ligne rouge.
Millie, jeune secrétaire intérimaire, vit dans une solitude monacale. Mais un soir, son immeuble brûle. Elle tourne le dos aux flammes se jette dans le vide. Déserteur de l’armée, Monsieur Mike a fait de la rue son foyer. Installé tranquillement sous un porche, il ne s’attendait pas à ce que, ce matin, le « farfadet » et sa bande le passent à tabac.
Au moment où Mariette, Millie et Mike heurtent le mur de leur existence, un homme providentiel surgit et leur tend la main – Jean, qui accueille dans son Atelier les âmes cassées, et dont on dit qu’il fait des miracles.
Mais peut-on vraiment se reconstruire sans affronter ses fantômes ? Avancer en se mentant et en mentant aux autres ? Ensemble, les locataires de l’Atelier vont devoir accepter leur part d’ombre, tandis que le mystérieux Jean tire les ficelles d’un jeu de plus en plus dangereux.
 
L'auteur : Valérie Tong Cuong a travaillé huit ans dans la communication avant de se consacrer à l’écriture et à la musique. Elle a publié sept romans et de nombreuses nouvelles. Elle écrit également pour le cinéma et la télévision.

Ce qui m'a donné envie de lire ce livre :
C'est d'abord le bandeau horloger... et la citation de la quatrième de couverture : "C'était un atelier d'horlogerie, a-t-il souri. Remettre les pendules à l'heure, réparer la mécanique humaine : c'est un peu notre spécialité, non ?" qui m'ont séduite. Puis la quatrième de couverture : le début avec la professeur d'histoire-géo au bout du rouleau... (comment va-t-elle s'en sortir ?) et l'évocation de Jean, le faiseur de miracles, ont piqué ma curiosité.

Mon avis après lecture :
Mi-figue, mi-raisin. J'ai beaucoup aimé le début, la mise en place des personnages, même si j'avoue être un peu lassée des romans polyphoniques où les protagonistes prennent tour à tour la parole (c'est une mode, ma parole, tout le monde s'y met !). J'ai apprécié l'humanité des rencontres mais je suis restée sur ma faim. Peut-être mon côté midinette espérait-il  une fin nettement plus optimiste.

Bonheur de phrases : 
"Je n'ai pas fait non plus d'études supérieures, j'ai quitté l'école le jour pétant de mes seize ans, mais ça ne m'a pas empêché de lire les journaux, de bouffer des bouquins et d'écouter la radio à chaque fois que j'ai pu : il y a longtemps que je l'ai compris, l'ignorance est plus dangereuse qu'une grenade dégoupillée." (Monsieur Mike)
"Ce soir-là, j'ai enfin mis un mot sur ce boulet de plomb qui m’empêchait d'avancer encore et encore, ma culpabilité, coupable j'avais été autrefois de n'avoir pas su éviter le drame, coupable j'étais maintenant de mentir par omission, Millie ou Zelda quelle importance, j'étais condamnée à porter ma faute."
"Feindre l'amnésie, essayer d'y croire, me convaincre d'un futur en essayant d'être une autre était l'unique possibilité de vivre." (Millie)
"Nous faisons tous les mêmes erreurs. Fuir nos fantômes au lieu d'essayer de vivre avec."

Une lecture sympathique qui donne envie de croire en l'être humain mais... raisonnablement ! 

jeudi 28 février 2013

La Vie et l'Oeuvre de Philippe-Ignace Semmelweis de Louis-Ferdinand Céline

Je continue le challenge littéraire de Stephie Un Classique par mois... Rappelez-vous de Zola en janvier (clic). Vous pouvez aussi aller voir le blog de Stephie (CLIC) et la page du Challenge ICI. Mais ce mois-ci, j'ai choisi une œuvre particulière : la thèse de doctorat en médecine de Louis Destouches, plus connu sous le nom de Louis-Ferdinand Céline. Cette thèse, soutenue en 1924, s'intitule La Vie et L'Oeuvre de Philippe-Ignace Semmelweis. Elle a été éditée en 1936 pour le grand public sous le titre Semmelweis (et est actuellement disponible dans la collection L'Imaginaire chez Gallimard).

L'éditeur en parle (en en citant un extrait, qui figure en quatrième de couverture) :
"«Et c'est vers la fin de ces deux années passées dans la chirurgie qu'il écrivit, avec cette pointe de hargne par laquelle se caractérise déjà sa plume impatiente : "Tout ce qui se fait ici me paraît bien inutile, les décès se succèdent avec simplicité. On continue à opérer, cependant, sans chercher à savoir vraiment pourquoi tel malade succombe plutôt qu'un autre dans des cas identiques."
Et parcourant ces lignes on peut dire que c'est fait !
Que son panthéisme est enterré. Qu'il entre en révolte, qu'il est sur le chemin de la lumière ! Rien désormais ne l'arrêtera plus. Il ne sait pas encore par quel côté il va entreprendre une réforme grandiose de cette chirurgie maudite, mais il est l'homme de cette mission, il le sent, et le plus fort est qu'un peu plus, c'était vrai. Après un brillant concours, il est nommé maître en chirurgie le 26 novembre 1846.»
Louis-Ferdinand Céline."

Ce qui m'a donné envie de lire ce livre : 
Tout. Le côté médical, et "la médecine, cette merde" comme disait Céline dans Mort à crédit, mon passé personnel et professionnel mais aussi le personnage de Semmelweis, à l'heure des infections nosocomiales et d'une médecine qui n'est pas au mieux de sa forme... 
Si vous ne connaissez pas l'histoire de Semmelweis, sachez qu'elle est poignante : en effet, Semmelweis est ce farfelu qui, pour diminuer la mortalité effrayante liée à la fièvre puerpérale, a entrepris de convaincre les obstétriciens de se laver les mains avant d'examiner les femmes enceintes ou les jeunes accouchées (quelle idée je vous assure ! Ces messieurs passaient allègrement de la dissection de cadavres au toucher vaginal sans gant et sans nettoyage ! Semmelweis a même évoqué la simple désodorisation des mains pour ne pas choquer !)... Non seulement il n'a pas été suivi (alors que par une méthode expérimentale tout à fait adaptée, il avait prouvé l'efficacité de sa technique), mais il n'a même pas été entendu, il a plutôt été ridiculisé et conspué par ses pairs... Il est mort fou, il faut dire qu'il y a de quoi. Il n'est pas facile d'avoir raison avant tout le monde.

Mon avis après lecture : 
Quelle curieuse thèse ! Ce n'est pas la première que je lis (hahaha), même si mes lectures sont plutôt des thèses de la fin des années 1980. Il faut dire qu' à l'époque de Céline, les médecins avaient fait leurs humanités, avant de pouvoir faire la preuve de la leur... L'outil de sélection n'était pas les mathématiques à toute force, mais plutôt la rhétorique...
La thèse de Louis Destouches est incroyablement littéraire, elle narre une histoire, dans laquelle on retrouve à la fois une épopée médicale non dénuée de lyrisme, et une fatalité tragique inouïe. On trouve aussi l'écriture en devenir de Céline indigné de ce que l'on fait subir à ce malheureux confrère du XIXe siècle.
J'ai aussi lu avec intérêt les dédicaces qui ouvrent chaque thèse (pour résumer : à mes parents qui m'ont tout donné, à mes maîtres qui m'ont tout appris) et qui sont ici limitées aux membres du jury.

Bonheur de phrases : 
Dans la préface de Louis Destouches à sa thèse : "L'heure trop triste vient toujours où le Bonheur, cette confiance absurde et superbe dans la vie, fait place à la Vérité dans le cœur humain."

Dans la thèse : 
"Dans l'Histoire des temps, la vie n'est qu'une ivresse, la Vérité, c'est la Mort."
"Les grandes œuvres sont celles qui réveillent notre génie, les grands hommes sont ceux qui lui donnent une forme".

C'est donc un classique un peu particulier pour le challenge de ce mois-ci ! Mais cela faisait longtemps qu'il attendait dans ma bibliothèque et c'était une belle occasion !



dimanche 24 février 2013

Salut Marie d'Antoine Sénanque

J'avais beaucoup entendu parler de ce livre, qui a reçu le prix du Roman Version Femina 2012 en partenariat avec la FNAC (OK ce n'est pas le prix Femina, c'est un prix de lecteurs et surtout de lectrices). Il faut dire aussi que j'ai déjà lu plusieurs livres d'Antoine Sénanque : La grande garde, Blouse, bref des livres qui, pour des raisons que certains connaissent, me rappellent ma jeunesse hospitalière... (haha : pas de projections si le café est sur la table, mais pardon je m'égare...).

L'éditeur en parle (peu !) : 
"La Vierge m'est apparue le 1er avril 2008. La date était mail choisie. Je sais qu'humour et spiritualité ne sont pas toujours antagonistes, mais sincèrement, j'aurais préféré le 31 mars."
Quand la Vierge Marie apparaît à Pierre Mourange, vétérinaire incroyant et morose, elle croit sans doute lui faire plaisir.
Elle aurait dû lui demander son avis.
Cocktail d'humour et d'insolence pour une subtile comédie d'Antoine Sénanque.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Ce sont des billets positifs sur des blogs qui m'ont intriguée. En outre, comme je vous l'ai dit, mes lectures précédentes d'Antoine Sénanque m'avaient beaucoup plu. Il n'en fallait pas davantage pour me donner envie de lire ce roman au sujet vraiment original. 

Mon avis après lecture :
Eh bien c'est une lecture agréable mais j'avoue que j'ai préféré les deux autres romans de cet auteur que j'ai lus. Je n'ai pas vraiment compris la réaction de Pierre qui m'a un peu gênée, je l'avoue. Mais les réactions pleines d'humanité des personnages, en particulier à la fin du livre, m'ont permis finalement d'apprécier cette lecture. Et puis j'ai aimé pas mal de phrases... 

Bonheur de phrases :
"Je suis prudent avec l'intime. Je n'écris pas avec. Les mots tachent ce qu'ils disent."

"On ne dit jamais que l'on est dans la faiblesse de l'âge, l'expression n'a pas été retenue, ce qui montre que notre langage n'est pas équitable. La langue devrait servir des idées à charge et à décharge sans orienter le jugement. Félix m'a éclairé sur ce point quand j'ai voulu lui expliquer cette manipulation de la réalité par le verbe. 
-- Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu dis.
Il avait saisi l'essentiel. Le traître mot."
"Elle me parle souvent des petites cordes qui nous attachent les uns aux autres et nous ligotent subtilement. Pour elle, ce sont des enchanteurs qui les tissent."

Un moment de lecture agréable. Si j'ai le temps, je vous parlerai un jour d'un autre livre de cet auteur : Blouse !

vendredi 1 février 2013

La dernière enquête du chevalier Dupin de Fabrice Bourland

Une petite lecture de polar en passant. Je vous ai déjà dit que les polars ne sont pas forcément mes lectures favorites, mais j'ai acheté ce livre au salon des auteurs dont je vous ai parlé sur mon autre blog ICI. Pourquoi donc me direz-vous ? Eh bien.. à cause, évidemment, du bandeau : toute la vérité sur la mort de Nerval ! Un polar qui parle de littérature, comment résister ?

L'éditeur en parle : 
"Malgré les certitudes du préfet de la police parisienne et des autorités, la fin tragique de Gérard de Nerval laisse planer bien des doutes. Retrouvé pendu aux barreaux d'une grille dans la sordide rue de la Vieille-Lanterne, le poète français s'est-il suicidé dans un moment de folie ou a-t-il été assassiné ? Sollicités par un proche de la victime, le chevalier Charles Auguste Dupin et son ami américain enquêtent sur les circonstances de cette mort suspecte. Une momie égyptienne, une secte d'illuminés du XVIIIe siècle, un daguerréotype, un corbeau solitaire... Quelques indices suffiront à l'esprit acéré du célèbre détective pour les conduire sur le chemin d'une vérité étonnante, qui changera à tout jamais le cours de leur existence. Entre jeu littéraire et jeu de l'esprit, Fabrice Bourland fait revivre, en hommage à Edgar Allan Poe, la figure légendaire du chevalier Dupin"

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je vous l'ai dit : la référence à la mort de Nerval et à son élucidation ! Fabrice Bourland faisait partie des auteurs invités au salon des auteurs où je me suis rendue, son roman était exposé, et voilà ! C'est tout simple ! 

Mon avis après lecture : 
Hélas... L'ouverture sur le supposé avant-propos de l'éditeur mettant en doute l'auteur et attirant le lecteur vers le "mystérieux traducteur dont la signature, à la fin de l'ouvrage, sonne comme une plaisanterie" m'avait mis la puce à l'oreille... 
Je n'aime pas les polars et ce n'est pas celui-ci qui va me réconcilier avec le genre, malgré son côté historico-littéraire... Le roman est écrit à la première personne, par monsieur Carter Randolph (personnage de Lovecraft), mais censément par Edgar Allan Poe. En effet, une note de bas de page précise les titres de "[s]es histoires -- au moins les trois premières--" : Double Assassinat dans la rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget et La Lettre volée et le traducteur évoqué dans l'avant-propos et qui signe la dernière page est un certain "Charles Beau de l'Ers". 
C'est sans doute pour aller vers l'extraordinaire des histoires de Poe que l'histoire sort du roman policier pour aller vers l'invraisemblable, qui ne m'a guère convaincue.

Bonheur de phrases : 
Une citation d'abord : 
"Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville
Change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel)" 
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "Le Cygne"

Et ensuite, une pensée pour Zola (et La Curée...) : "jusqu'en 1855, date de notre affaire, Paris n'avait encore pratiquement pas changé. 
Par malheur, à partir de la fin des années 1850, l'empereur Napoléon III conçut pour sa ville le pharaonique projet d'en faire la capitale du XIXe siècle, et ce faisant, les urbanistes du baron Haussmann s'en donnèrent à cœur joie. Des quartiers entiers furent démolis, des rues nouvelles percées, des immeubles bâtis -- tous sur le même modèle --, des promenades plantées, des rivières asséchées, d'autres inventées, des étangs artificiels creusés, tout cela pour faire place en maints endroits à la ville nouvelle que tu connais, mais qui, pour moi, évoque une ancienne maîtresse que l'on retrouve après une longue absence, la taille avachie et les traits déformés."

Bref, je suis restée sur ma faim et je trouve que la promesse du bandeau "Toute la lumière sur la mort de Nerval" n'est pas tenue ! Mais ce n'est pas pour cela que ce petit roman (ou cette longue nouvelle) ne trouvera pas son public ! C'est ce que je souhaite à l'auteur.

jeudi 31 janvier 2013

Le Chapeau de Mitterrand d'Antoine Laurain

Voici un livre déjà chroniqué par toute la blogosphère... et comme d'habitude, j'arrive après la bagarre ! Les avis lus ICI (clic) ou encore ICI (clic) m'avaient donné envie de lire ce livre alors quand je l'ai vu disponible sur la table de ma médiathèque préférée... Je n'ai pas pu résister.

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture : 
"Un soir à Paris, Daniel Mercier, comptable, dîne en solitaire dans une brasserie, quand un illustre convive s'installe à la table voisine : François Mitterrand. Son repas achevé, le Président oublie son chapeau, que notre Français moyen décide de s'approprier en souvenir. Il ignore que son existence va en être bouleversée. Tel un talisman, ce célèbre feutre noir ne tarde pas à transformer le destin du petit employé au sein de son entreprise. Daniel aurait-il percé le mystère du pouvoir suprême ? Hélas, il perd à son tour le précieux objet qui poursuit sur d'autres têtes son voyage atypique au sein de la société française des années 1980. Cette fable pleine d'esprit et de malice possède comme le fameux chapeau un charme mystérieux - celui de ressusciter une époque et, surtout, de mettre au jour à travers une galerie de personnages notre rêve commun : voir s'accomplir par magie nos désirs les plus secrets."

Ce qui m'a donné envie de le lire : je vous l'ai dit, ce sont des commentaires sur la blogosphère qui m'ont tentée. J'ajoute que le livre a reçu le prix Landerneau Découvertes 2012 (prix décerné par des libraires) et aussi le prix Relay 2012 (prix décerné par les voyageurs !). J'ai aussi trouvé amusant ce que l'auteur a raconté de son inspiration (voir sur le blog Bric à Book ICI) à savoir que la perte d'un objet personnel, un chapeau en l'occurrence (évidemment !), était à l'origine du roman !
J'ai aussi été séduite pas l'épigraphe, une citation de Tristan Bernard: "Le fait d'avoir un chapeau sur la tête vous confère une indéniable autorité sur ceux qui n'en ont pas." Argh. Il va falloir que je regarde si j'ai une tête à chapeau ;-)

Mon avis après lecture : 
J'ai beaucoup aimé l'originalité du sujet et la fraîcheur de ce livre ! Enfin du neuf ! Le style est simple et fluide et correspond bien à l'époque évoquée (les années 1980). L'épilogue donne à la chute une saveur particulière. J'ai donc pris un grand plaisir à cette découverte (je ne connaissais pas du tout Antoine Laurain) à la fois divertissante et merveilleuse, par son allure de conte qu'on aurait aimé vivre.

Bonheur de phrases : 

"Tous faisaient cercle autour de lui, surexcités qu'ils étaient de découvrir en la personne de leur collègue une force tranquille qui avait su défendre leurs intérêts mieux que ne l'aurait fait le plus radical des syndicalistes ou le meilleur ténor du barreau. [...] Cette situation nouvelle ne le surprenait pas plus que cela. C'était comme si le vrai Daniel Mercier était enfin apparu au grand jour. Le précédent n'était qu'une sorte de prototype inabouti, une sorte de brouillon."

"Elle regarda  sa silhouette au détour d'une glace dans la vitrine d'un magasin de prêt-à-porter. Ce chapeau donnait une noblesse inhabituelle à la découpe de son visage, pour qu'il tienne correctement elle avait relevé ses cheveux en chignon. Peut-être devrait-elle les porter ainsi à partir de maintenant, et constamment sortir avec un chapeau d'homme en feutre noir. Il lui sembla que le port de cet accessoire lui donnait un nouveau pouvoir, à la manière de ces vêtements de marque qu'elle s'offrait si rarement."

"Cette fois-ci, rien ne lui venait depuis qu'il était allongé sur le divan. Il avait posé le chapeau sur ses cuisses et le caressait doucement pour passer le temps. Ce mouvement répété de ses dpoigts sur le feutre lui suggéra une image sortie de son enfance : Aladin qui frottait sa lampe de laiton pour voir apparaître le bon génie lui proposant d'exaucer ses vœux."

Un très bon moment de lecture ! N'hésitez pas si vous le trouvez sur votre chemin !

vendredi 25 janvier 2013

La Vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker

Ce roman a obtenu le grand prix de l'Académie française et aussi le Goncourt des lycéens. Qui dit Goncourt des lycéens dit lecture possible en classe alors... je me suis précipitée.

L'éditeur en parle : il s'agit d'une co-édition De Fallois / L’Âge d'homme et cette dernière édition reprend la quatrième de couverture

"À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.

Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.

Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?

Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.

Joël Dicker est né à Genève en 1985. La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est son deuxième roman. Il y dépeint une Amérique qu’il connaît bien pour y avoir beaucoup voyagé et longuement séjourné."

Ce qui m'a donné envie de le lire : J'avais déjà décidé de le lire avant qu'il ne soit primé. J'adore les livres qui parlent d'écriture et d'écrivain... Il m'était donc impossible de résister à celui-ci !


Mon avis après lecture : J'ai vraiment beaucoup aimé. Les quelques longueurs ne m'ont pas gênée, j'ai trouvé que c'était un véritable "page-turner" ! On a vraiment envie d'avoir le fin mot de l'histoire !

J'ai également apprécié le mélange avec les conseils d'écriture... J'ai toujours rêvé d'écrire, mes tiroirs sont remplis de début mais je voue une telle admiration aux écrivains que je me sens évidemment bien trop petite (et à présent bien trop vieille... pff quand je pense qu'un célèbre éditeur m'avait demandé de lui envoyer mon travail dans les années 80... au temps où le salon du livre était encore au Grand Palais... je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) et complètement illégitime pour oser écrire !

Mais là n'est pas le propos. C'est un livre d'un abord facile, avec une véritable enquête quasi-policière menée par Marcus, et je ne suis pas étonnée que cet ouvrage ait séduit les lycéens pour leur Goncourt, malgré son impressionnante épaisseur (qui aurait raison de mes propres élèves, je l'avoue : 665 pages... je n'ai aucune illusion sachant que 200 pages d'un livre de poche leur semblent déjà insurmontables...). Cela dit, je pense qu'il plaira à un lectorat pas forcément habitué à la lecture de prix littéraires. Peut-être un pavé de plage, même si ce n'est guère la saison ?

Bonheur de phrases : moi qui adore les livres qui parlent de livres et d'écrivains... j'en ai plein !

"[...] écrire des livres, ce n'est pas rien : tout le monde sait écrire, mais tout le monde n'est pas écrivain.
-- Et comment sait-on que l'on est écrivain, Harry ?
-- Personne ne sait qu'il est écrivain. Ce sont les autres qui le lui disent."

"Être écrivain, c'est être vivant. [...]. Le jour où écrire donnera un sens à votre vie, vous serez un véritable écrivain. D'ici là, surtout, n'ayez pas peur de tomber."

"Écrire un livre, c'est comme aimer quelqu'un : ça peut devenir très douloureux."

"Les mots sont à tout le monde, jusqu'à ce que vous prouviez que vous êtes capable de vous les approprier. Voilà ce qui définit un écrivain. Et vous verrez, Marcus, certains voudront vous faire croire que le livre est un rapport aux mots, mais c'est faux : il s'agit en fait d'un rapport aux gens."

"Publier, cela signifie que ce que vous avez écrit si solitairement vous échappe soudain des mains et s'en va disparaître dans l'espace public. C'est un moment de grand danger [...]. Perdre le contrôle de son propre livre, c'est une catastrophe.

"Les mots c'est bien, Marcus. Mais n'écrivez pas pour qu'on vous lise : écrivez pour être entendu."


Je sais que les avis ne sont pas unanimes mais pour ma part, je ne regrette pas ma lecture !