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vendredi 13 novembre 2015

L'Écologie en bas de chez moi de Iegor Gran

J'aime beaucoup Iegor Gran dont je vous ai déjà présenté le dernier roman La Revanche de Kevin ICI


L'éditeur en parle : 

"Il semble qu'aujourd'hui le développement durable soit la seule idéologie qu'il nous reste. De facture relativement récente, on la retrouve cependant partout, tout le temps. Elle accommode l'école, bien sûr, mais aussi le travail, le supermarché, la politique... Le Pape même s'y est mis. Sujet incontournable, consensuel ou presque...
Iégor Gran a voulu comprendre. Était-il le seul à sentir le grotesque des discours moralisateurs, l'insupportable opportunisme marchand des uns et des autres, le culte du déchet, et cette curieuse manière d'idolâtrer la science – quand elle prédit l'avenir – tout en la rejetant quand elle est moteur de progrès ?... Comment font les Français, ce peuple frondeur (au moins en paroles, sinon dans les actes), pour accepter ce culte du geste symbolique, cette immodération vers le bien pratiquée à dose homéopathique et imposée à tout le monde ?
Le plus terrible dans ce déferlement de bonne conscience, c'est que l'on nous invite à ne plus penser. À mettre un sérieux bémol à la culture et à la civilisation au nom d'un danger imminent.
Et comme le développement durable est une idéologie transversale, il permet d'aborder les sujets aussi variés (et passionnés) que les limites de la science, l'opportunisme politique, l'économie de marché, les rapports Nord-Sud, l'avenir de la civilisation, le rapport aux croyances, le rôle de la culture, etc. Iégor Gran ne s'en est évidemment pas privé, concevant son livre comme un arbre de Noël : sur le tronc central de la discussion de fond, il a accroché des notes de bas de page où il explore certains abysses de la bêtise humaine tout en faisant avancer le récit. Car il s'agit d'un récit tout autant qu'un essai, d'une autofiction tout autant qu'un roman."

Les éditions P.O.L. proposent de feuilleter le livre ICI : CLIC


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Comme tout le monde aujourd'hui, je suis sensible à l'écologie, au développement durable, à la survie de notre belle planète. J'avais envie de retrouver l'ironie souvent grinçante de l'auteur sur ce sujet. 


Mon avis après lecture : 

Je m'attendais à une mise en perspective de nos petits travers d'écologistes de salon. J'avoue avoir été un peu déçue. J'ai été déçue de ressentir un certain scepticisme en particulier sur le réchauffement climatique, même s'il est amusant de lire les craintes de refroidissement de la Terre (voire de la glaciation) qui prévalaient dans les années 70. 
J'avoue avoir été également agacée par la quantité de notes de bas de page, parfois supérieure au texte lui-même ; d'ailleurs l'auteur l'a senti et a fini par en parler avec humour (pour noter... en bas de page... qu'il était capable de rédiger un chapitre sans note de bas de page !). 
J'ai toutefois été intéressée par les informations sur le GIEC, instance dont la mission n'est que de compiler des articles scientifiques (sans aucune recherche conduite). J'ai aussi aimé le parallèle entre autofiction littéraire et recyclage... 


Quelques phrases : 

"Quand on ne sait pas ce que l'on va manger dans un mois, la planète, on s'en tape comme de l'an quarante, et l'on a raison."

"[...] l'écrivain d'autofiction est un écrivain responsable. Il ne perd pas de temps à se documenter : il a tout sur place, au fond du nombril et dans son cul, il n'a qu'à se baisser pour cueillir l'inspiration. Il est autosuffisant, comme ceux qui se lavent à l'eau de pluie et font du compost pour faire pousser leurs radis, leurs courgettes."

"J'aime les livres. Quand on pense à tous ces arbres que l'on a réduits en chair à pâté ! Et l'encre, dérivée du pétrole, que les imprimeurs déversent par tonnes dans des écrits comme celui-ci. Et la colle de la reliure ! [...] 
La culture du livre, à commencer par sa fabrication, le savoir-faire des relieurs, des imprimeurs, pour ne prendre que prendre que cette culture-là, est plus précieuse que l'ours polaire, priez pour lui."

Une lecture qui m'a déçue, vraisemblablement parce qu'elle a trop mis en doute ma conscience écolo pourtant sans doute nettement insuffisante... Héhé avouons-le : c'est dérangeant de voir ses convictions mises en doute. Mais je persiste : notre planète mérite d'être sauvée de la folie humaine. À chacun de faire sa part, à sa mesure, pour que nos petits-enfants puissent profiter de notre belle Terre.

NB Ce livre existe en poche. Pour ma part, je l'ai emprunté à la médiathèque. 

jeudi 23 juillet 2015

La Revanche de Kevin de Iegor Gran

Voici un livre que j'ai dévoré. J'avais vu l'auteur lors d'une émission (mais laquelle ?) et j'avais été intriguée par ce roman autour du prénom Kevin et de ce qu'il est supposé trahir. 

L'éditeur en parle : (mais je limite ce qui est en ligne pour ne pas en dire trop...)

Quand on s’appelle Kevin, un prénom dont on dit qu’il fleure la beaufitude, marqueur social des années boys band, donné à plus de 14 000 bébés nés en France en 1991 puis tombé peu à peu en désuétude sous les commen-taires dédaigneux de celles et ceux qui portent des prénoms plus distin-gués, quand on porte le même prénom que Kevin Costner, élu pire acteur de la décennie aux Razzie Awards, que l’on se moque de vous à l’école et que, plus tard, pour peu que vous travailliez dans un milieu intellectuel, on vous jauge de haut avec un regard entendu, il est possible que l’on se mette à couver un méchant complexe...

Avec La Revanche de Kevin, Iegor Gran poursuit donc l’exploration, commencée avec L’Ambition, des postures et des impostures propres à notre époque. Roman sur les faux-semblants littéraires, la vacuité du milieu éditorial, le snobisme des temples où l’on s’assied sur l’humain au nom de la culture, La Revanche de Kevin est aussi un périple dans les arcanes de la frustration comprimée. Qui ne s’est jamais retrouvé dans une situation où, par politesse calculée ou par peur de paraître inculte ou ringard, on masque ses opinions et ses goûts ? Comment ne pas sentir alors le Kevin trépigner au fond de soi ? Comment ne pas chercher la revanche ?
Le scalpel de l’écrivain reste l’ironie froide et dévastatrice ; on y ajoute une véritable tension narrative. Car il y a quelque chose d’inquiétant au royaume de Kevin. Tirées d’une enquête de police, quelques notes de bas de page, posées çà et là, font comprendre dès le début qu’il se trame une abomination, sans que l’on puisse définir précisément à quoi tient le malaise. L’angoisse se nourrit de détails d’apparence insignifiante qui révèlent soudain leur vraie nature – l’art de prendre le lecteur à contre-pied se pratique ici avec gourmandise. Pêle-mêle, parmi les éléments de narration qui cachent bien leur jeu, citons une armoire où l’on stocke des fournitures de bureau, un accident de ski, une jolie stagiaire, une belle-maman un peu trop mère-poule, un vieux livre de Junichirô Tanizaki. Pour sûr, la revanche n’est pas celle que l’on croit.

L'éditeur nous offre les premières pages ICI (clic). Allez-y, régalez-vous !


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

J'avais lu il y a quelques années Le Truoc-Nog du même Iegor Gran, hilarante fable autour du Goncourt (héhé regardez bien le titre) et j'avais déjà adoré. Vous le savez, j'aime les livres qui parlent de livres, d'écrivains et d'écriture et j'ai l'impression que Iegor Gran adore écrire sur ce thème !!! Par ailleurs, il s'intéresse aussi au culte des apparences de notre société et l'a déjà évoqué dans son roman précédent, L'Ambition, roman que j'ai vraiment envie lire très vite ! 
Pour La Revanche de Kevin, j'avoue que le thème de ce jeune homme nommé Kevin qui se trouve marqué par son prénom m'a beaucoup amusée... C'est vrai que dans l'imaginaire collectif, celui qui s'appelle Kevin n'évoque pas l'intellectuel du siècle... Pardon à tous ceux qui portent ce prénom ! On pense à Kevin, Jason et LaToya, les enfants de Jean-Claude Convenant dans Caméra Café... et on comprend que celui qui porte ce prénom ait une envie de revanche sinon de vengeance !


Mon avis après lecture :

Oh la la un vrai bonheur ! Le récit est mené de main de maître, les rebondissements sont nombreux, l'écriture est pleine de fantaisie et l'histoire est... un pur régal ! Les indices discrets semés çà et là à la manière de notes de bas de page sont légèrement inquiétants et augurent un dénouement peu banal mais je l'avoue : je n'ai quasiment rien vu venir. L'ironie de l'auteur sur l'écrivain et son ego est jouissive mais... rira bien qui rira le dernier ! Je n'en dis pas plus. Lisez-le !


Quelques phrases en passant : 

"Je connais ma place, dit-il presque sans aigreur. Je suis Kevin. Un Kevin ne peut pas, n'a pas le droit d'être un intellectuel. Il peut être prof de muscu, vendeur d'imprimantes, gérant de supérettes, mais intellectuel -- impossible. Par son prénom même, Kevin indique une extraction bassement populaire. Une déficience de culture dans sa famille, une perversion des valeurs qui ne manquera pas de rejaillir sur lui, le moment venu, généralement au milieu du collège, et qui l'empêchera de profiter des largesses de l'enseignement républicain, égalitaire pour tous, sauf pour lui..."

"[...] en classe de seconde, en rendant sa copie de français, le prof se permet d'annoncer un sept sur vingt ponctué d'un : "Franchement, vous nous avez encore fait du Kevin. Branchez le cerveau, mon vieux." La remarque fait le tour du lycée, puis se colle dans son dos comme un méchant poisson d'avril qu'il ne pourra plus enlever."

"Jamais Kevin n'avait autant détesté ce milieu où il pataugeait. Son orgueil d'être différent était cependant une bouée sur laquelle il pouvait compter : un doigt d'honneur lui poussa spontanément au creux de la main, vigoureux comme un premier crocus printanier. Il se dépêcha de le dissimuler dans la cave d'une poche."

J'espère vous avoir donné envie de vous précipiter sur les livres de Iegor Gran et surtout sur La Revanche de Kevin que j'ai même conseillé... à ma libraire ! D'ailleurs, allez, avouez-le : vous connaissez bien un nommé Kevin, non ?