Voici un livre que j'ai dévoré. J'avais vu l'auteur lors d'une émission (mais laquelle ?) et j'avais été intriguée par ce roman autour du prénom Kevin et de ce qu'il est supposé trahir.
L'éditeur en parle : (mais je limite ce qui est en ligne pour ne pas en dire trop...)
Quand on s’appelle Kevin, un prénom dont on dit qu’il fleure la beaufitude, marqueur social des années boys band, donné à plus de 14 000 bébés nés en France en 1991 puis tombé peu à peu en désuétude sous les commen-taires dédaigneux de celles et ceux qui portent des prénoms plus distin-gués, quand on porte le même prénom que Kevin Costner, élu pire acteur de la décennie aux Razzie Awards, que l’on se moque de vous à l’école et que, plus tard, pour peu que vous travailliez dans un milieu intellectuel, on vous jauge de haut avec un regard entendu, il est possible que l’on se mette à couver un méchant complexe...
Avec La Revanche de Kevin, Iegor Gran poursuit donc l’exploration, commencée avec L’Ambition, des postures et des impostures propres à notre époque. Roman sur les faux-semblants littéraires, la vacuité du milieu éditorial, le snobisme des temples où l’on s’assied sur l’humain au nom de la culture, La Revanche de Kevin est aussi un périple dans les arcanes de la frustration comprimée. Qui ne s’est jamais retrouvé dans une situation où, par politesse calculée ou par peur de paraître inculte ou ringard, on masque ses opinions et ses goûts ? Comment ne pas sentir alors le Kevin trépigner au fond de soi ? Comment ne pas chercher la revanche ?
Le scalpel de l’écrivain reste l’ironie froide et dévastatrice ; on y ajoute une véritable tension narrative. Car il y a quelque chose d’inquiétant au royaume de Kevin. Tirées d’une enquête de police, quelques notes de bas de page, posées çà et là, font comprendre dès le début qu’il se trame une abomination, sans que l’on puisse définir précisément à quoi tient le malaise. L’angoisse se nourrit de détails d’apparence insignifiante qui révèlent soudain leur vraie nature – l’art de prendre le lecteur à contre-pied se pratique ici avec gourmandise. Pêle-mêle, parmi les éléments de narration qui cachent bien leur jeu, citons une armoire où l’on stocke des fournitures de bureau, un accident de ski, une jolie stagiaire, une belle-maman un peu trop mère-poule, un vieux livre de Junichirô Tanizaki. Pour sûr, la revanche n’est pas celle que l’on croit.
L'éditeur nous offre les premières pages ICI (clic). Allez-y, régalez-vous !
Ce qui m'a donné envie de le lire :
J'avais lu il y a quelques années Le Truoc-Nog du même Iegor Gran, hilarante fable autour du Goncourt (héhé regardez bien le titre) et j'avais déjà adoré. Vous le savez, j'aime les livres qui parlent de livres, d'écrivains et d'écriture et j'ai l'impression que Iegor Gran adore écrire sur ce thème !!! Par ailleurs, il s'intéresse aussi au culte des apparences de notre société et l'a déjà évoqué dans son roman précédent, L'Ambition, roman que j'ai vraiment envie lire très vite !
Pour La Revanche de Kevin, j'avoue que le thème de ce jeune homme nommé Kevin qui se trouve marqué par son prénom m'a beaucoup amusée... C'est vrai que dans l'imaginaire collectif, celui qui s'appelle Kevin n'évoque pas l'intellectuel du siècle... Pardon à tous ceux qui portent ce prénom ! On pense à Kevin, Jason et LaToya, les enfants de Jean-Claude Convenant dans Caméra Café... et on comprend que celui qui porte ce prénom ait une envie de revanche sinon de vengeance !
Mon avis après lecture :
Oh la la un vrai bonheur ! Le récit est mené de main de maître, les rebondissements sont nombreux, l'écriture est pleine de fantaisie et l'histoire est... un pur régal ! Les indices discrets semés çà et là à la manière de notes de bas de page sont légèrement inquiétants et augurent un dénouement peu banal mais je l'avoue : je n'ai quasiment rien vu venir. L'ironie de l'auteur sur l'écrivain et son ego est jouissive mais... rira bien qui rira le dernier ! Je n'en dis pas plus. Lisez-le !
Quelques phrases en passant :
"Je connais ma place, dit-il presque sans aigreur. Je suis Kevin. Un Kevin ne peut pas, n'a pas le droit d'être un intellectuel. Il peut être prof de muscu, vendeur d'imprimantes, gérant de supérettes, mais intellectuel -- impossible. Par son prénom même, Kevin indique une extraction bassement populaire. Une déficience de culture dans sa famille, une perversion des valeurs qui ne manquera pas de rejaillir sur lui, le moment venu, généralement au milieu du collège, et qui l'empêchera de profiter des largesses de l'enseignement républicain, égalitaire pour tous, sauf pour lui..."
"[...] en classe de seconde, en rendant sa copie de français, le prof se permet d'annoncer un sept sur vingt ponctué d'un : "Franchement, vous nous avez encore fait du Kevin. Branchez le cerveau, mon vieux." La remarque fait le tour du lycée, puis se colle dans son dos comme un méchant poisson d'avril qu'il ne pourra plus enlever."
"Jamais Kevin n'avait autant détesté ce milieu où il pataugeait. Son orgueil d'être différent était cependant une bouée sur laquelle il pouvait compter : un doigt d'honneur lui poussa spontanément au creux de la main, vigoureux comme un premier crocus printanier. Il se dépêcha de le dissimuler dans la cave d'une poche."
J'espère vous avoir donné envie de vous précipiter sur les livres de Iegor Gran et surtout sur La Revanche de Kevin que j'ai même conseillé... à ma libraire ! D'ailleurs, allez, avouez-le : vous connaissez bien un nommé Kevin, non ?
J'avoue qu'en lisant le titre, j'étais dubitative... mais ton commentaire m'a intriguée, amusée, donné envie... allez, hop, sur la pile...
RépondreSupprimerBises, belle journée.
J'ai beaucoup aimé ! Bises et belle soirée !
Supprimerje me n'attendais pas du tout à une telle fin !
RépondreSupprimerMoi non plus ! Une vraie surprise !
SupprimerMerci de ton passage !
Je regarderai s'il est dispo à la bibli, merci ! :)
RépondreSupprimerDe rien ! Franchement c'est à lire ! J'apprécie l'humour de Iegor Gran, je vais d'ailleurs regarder s'il y en a d'autres à la médiathèque.
SupprimerBises de Capp