mercredi 28 novembre 2012

Pour seul cortège de Laurent Gaudé

C'est au titre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister (CLIC) que j'ai reçu et lu ce livre (lien vers la fiche-livre chez Price Minister ICI), qui me tentait beaucoup, il faut l'avouer.

L'éditeur en parle : 
En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.
Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille.
Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père…
Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.

Ce qui m'a donné envie de le lire :
J'avais déjà lu d'autres romans de Laurent Gaudé, comme La Mort du roi Tsongor (prix Goncourt des Lycéens 2002), ou Le Soleil des Scorta (prix Goncourt 2004) et j'avais apprécié l'écriture de l'auteur. De plus, j'ai été attirée par le thème historique avec Alexandre, personnage connu pour sa vie et ses conquêtes multiples, mais montré au moment de sa mort.

Mon avis après lecture : 
L'éditeur parle de souffle épique et c'est véritablement ce qui emporte le lecteur. J'ai aussi eu l'impression d'une mélopée lancinante qui accompagne le lecteur, de la mort d'Alexandre à son  chemin vers sa dernière demeure. S'ajoute à cela la polyphonie de la narration : plusieurs voix s'enchevêtrent, et j'avoue avoir pensé que cela pourrait rendre la lecture difficile notamment pour des lycéens (Laurent Gaudé a reçu le Goncourt des Lycéens en 2002 et j'ai déjà retrouvé La Mort du roi Tsongor à plusieurs reprises sur des listes de bac... j'ai donc réfléchi à l'accueil qu'un public adolescent pourrait lui réserver). C'est un bon Gaudé (qui est une valeur sûre !), sans surprise majeure pour les lecteurs qui le connaissent.  Je mettrais la note de 15/20 (le challenge littéraire prévoit de mettre une note au livre lu, ce n'est pas mon habitude, mais je me plie à la règle !). Je dois tout de même avouer avoir préféré La Mort du roi Tsongor : j'ai eu davantage de difficultés à entrer dans Pour seul cortège.

Bonheur de phrases : 
"Pour la première fois, Alexandre est à terre.Ils se sentent petits et inutiles. Ils ne savent pas que c'est pour cela que je reviens : j'ai ce qui te donnera la force de  te remettre debout. J'ai ce qui te tirera de l'agonie. J'arrive. Le chemin est long, mais je ne m'épargne aucune fatigue."
"Elle pose les yeux sur son fils. Il lui sera donc donné de le voir plus longtemps qu'elle ne le pensait. Elle le contemple avec bonheur. Elle sourit. Elle est loin de la mort."
"Elle sent que tout est accompli. Elle sera, pour l'éternité, une mère silencieuse qui contemple l'enfant, loin de tout, dans l'immensité du vent. Elle sourit."

Maintenant, attendons les résultats du challenge littéraire, pour savoir quel roman de la rentrée obtiendra le prix de satisfaction de la blogosphère !

mardi 30 octobre 2012

Ils désertent de Thierry Beinstingel

Je crois bien ne jamais vous avoir présenté de roman de Thierry Beinstingel... ce qui est un comble alors que je le connais de longue date, que je suis une groupie, que je crois avoir lu tout ce qu'il a écrit ou presque et que je le fais même lire à mes élèves qui auront la chance de le rencontrer très bientôt... Il est temps de remédier à cela, au moment où, zut de zut, les dernières listes du Goncourt et du Femina viennent de sortir et qu'il n'y figure plus alors que... enfin bon, bref, snif  :-(

L'éditeur en parle (et cite la quatrième de couverture) : 
Ses collègues l’appellent l’« ancêtre » ou l’« ours », peu importe le surnom, pourvu qu’on lui concède sa vie de solitude sur les routes. Il est VRP en papier peint depuis quarante ans. Soudain, sa hiérarchie voudrait qu’il vende aussi des canapés. Mais quand il songe au temps qu’il a fallu à l’espèce humaine pour apprendre à se tenir debout, il juge cette évolution déshonorante. D’où lui vient une telle idée ? Peut-être de la correspondance de Rimbaud… Car, en chemin, toujours, il emporte les œuvres du plus célèbre voyageur de commerce. C’est une toute jeune femme sans beaucoup d’appuis, elle ne doit son diplôme de commerce qu’à son mérite. Et elle vient d’être nommée à la tête de l’équipe de ventes !
Salaire inespéré, qui lui a permis d’acheter à crédit un appartement trop grand pour elle, dont une pièce reste obstinément vide. Y installera-t-elle un canapé ? Peut-être le jour où elle fera une rencontre amoureuse qu’elle ne jugera pas comme une menace. La première mission de la jeune femme est claire : licencier l’ancêtre sans délais. Ils devraient s’affronter. Mais l’être humain trouve parfois d’étonnantes ressources pour braver la logique d’entreprise en se réinventant un destin.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je vous l'ai dit, je suis une lectrice inconditionnelle, et ce depuis Central en 2000... J'apprécie à la fois les thèmes profondément actuels évoqués, la vision du travail que Thierry Beinstingel construit dans son œuvre et aussi son travail littéraire. Et puis là, Rimbaud en plus...et Hannah Arendt citée ("tout ce qui est produit par l'homme peut être détruit par l'homme, et aucun objet d'usage n'est absolument nécessaire")...

Mon avis après lecture : 
De façon prévisible, j'ai beaucoup aimé. J'ai aimé l'histoire à la fois si banale et si extraordinaire de ces deux êtres et j'ai aimé retrouver l'écriture véritablement travaillée de Thierry Beinstingel. L'absence de nom donné, comme une absence d'identité, marquant la déshumanisation ambiante, mais aussi la polyphonie et l'alternance grammaticale des deuxièmes personnes, ce qui marque la différence de statut et d'âge des personnages... Une lecture qui rappelle aussi le sort trop souvent fait aux "ancêtres", qui devront pourtant travailler de plus en plus longtemps pour voir arriver leur retraite, mais qu'on poussera sans état d'âme vers la sortie, quels que soient leurs résultats...

Bonheur de phrases :
" Seule vous était restée la vague impression d'une existence, comment dire, d'imitation, que vous n'aviez pas choisie, faire comme tout le monde, s'asseoir dans un canapé, boire un whisky, quelque chose de déjà vu dans des films, à la télévision, quelque chose de factice, une contrefaçon, une laideur de bibelot kitsch qui vous donnait maintenant la nausée, comme si vous en aviez abusé."

" On s'est fourvoyé dans l'absolu d'un bon goût universel et incontestable pour ne pas être choqué par la fantaisie, l'extravagance. C'est une grossière erreur : leur beauté éclatera au grand jour lorsque nous en aurons fini avec nos peurs."

"Est-ce que tout ceci a un sens, vie, mort, mots, alexandrins, slogans de pub, articles de commerce ? Tu repars chamboulée."

"Les mots sont revenus avant même la conscience. [...] Maintenant vous vivez puisque vous avez retrouvé le langage."

"Tout a été alors différent, les livres avaient ouvert une brèche, laissé des portes ouvertes. Les mots à partager, regarde !"


Que dire de plus ? Les mots à partager... Aimer le langage. Aimer la vie.

samedi 27 octobre 2012

La Liste de mes envies de Grégoire Delacourt

Évidemment toute la blogosphère a déjà parlé de ce livre, que j'ai lu depuis un moment d'ailleurs... Mais je suis tellement lente sur ce blog que forcément, j'arrive toujours en retard, comme la cavalerie... Pas grave, je mets mon grain de sel tout de même ! 

L'éditeur en parle : 
Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Vous allez rire... Ne vous moquez pas... J'ai adoré le bandeau avec les bobines en bois, les fils multicolores, l'aiguille plantée au premier plan, le dé, le ruban façon mètre, la cannette... C'est bête, mais c'est comme ça ! Ensuite, j'ai vu des critiques ça et là sur le net... et enfin il ma tendu les bras à la médiathèque de ma ville !!!!!!

Mon avis après lecture : 
J'ai beaucoup aimé lire les aventures de Jocelyne, découvrir la liste de ses envies, somme toute modeste, un peu comme pourrait être la mienne, surtout que peu de temps avant, M dans les "petits pas des Muses" (CLIC) avait proposé de faire la liste des 100 choses que l'on souhaitait faire dans les jours/semaines/mois/années à venir...J'ai trouvé la fin douce-amère... J'ai reconnu la vie... Et j'ai vite lu L'Écrivain de la famille, le premier roman de l'auteur ! 

Bonheur de phrases : il y en a de plus en plus au fil de mes articles, tant pis, c'est ce que j'aime ! Ce sont les phrases dans lesquelles je me retrouve en plus de les aimer...

"Moi, les mots, j'aime bien. J'aime bien les phrases longues, les soupirs qui s'éternisent. J'aime bien quand les mots cachent parfois ce qu'ils disent ; ou le disent d'une manière nouvelle."

"Il n'y a que dans les livres que l'on peut changer de vie. Que l'on peut tout effacer d'un mot. Faire disparaître le poids des choses. Gommer les vilenies au bout d'une phrase, se retrouver soudain au bout du monde."

"Être riche, c'est voir tout ce qui est laid, puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les choses. Qu'il suffit de payer pour ça."

"Faire soi-même possède quelque chose de très beau ; prendre le temps, c'est important. Oui, je pense que tout va trop vite. On parle trop vite. On réfléchit trop vite, quand on réfléchit ! On envoie des mails, des textos, sans se relire, on perd l'élégance de l'orthographe, la politesse, le sens des choses."

Vous pouvez aller sur tous les blogs de lecture, ce livre a beaucoup plu ! Et franchement, c'est une lecture à la fois forte et douce, que je suis ravie d'avoir faite. À vous maintenant de lire ce livre, si vous ne l'avez pas encore dévoré !

vendredi 12 octobre 2012

Si Versailles m'était conté...

J'aime l'art contemporain. Et quand il se mêle aux splendeurs du passé, j'applaudis des deux mains ! Il y a plusieurs années que le château de Versailles ouvre ses portes à des artistes... cela fait parfois scandale, mais moi, j'adore ! Et cette année, après Jeff Koons et Murakami entre autres, c'est pour la première fois une femme, une jeune femme, Joana Vasconcelos, qui expose son travail à Versailles en s'appropriant ce lieu mythique. 
Je vous laisse admirer...
Je n'ai pu résister à cette jolie théière : Pavillon de thé


que l'on voit aussi d'en-haut : 


et j'ai voulu garder le souvenir du Pavillon de Vin


À l'intérieur, voici Mary Poppins


et le Coeur indépendant noir (Coração Independente Preto) :


On aperçoit ici une partie de Blue Champagne, dans le parterre d'eau : 


 et voici le Coeur indépendant rouge (Coração Independente Vermelho) :


La Chambre de la Reine contient Perruque, installation poétique et drôle : 


 à voir en situation, à côté du lit splendide :


Voici les Gardes, pour mes copiNETtes crocheteuses : 


Oui oui, il s'agit bien de dentelle au crochet des Açores... 


L'escalier de la Reine est illuminé par ce Vitrail


et l'on arrive à la série des Valkyries dans la Galerie des Batailles :
Royal Valkyrie

Golden Valkyrie


avec quelques détails montrant la somme de travail incroyable : 



et enfin Valkyrie Trousseau (Valquiria Enxoval)


Un hélicoptère qui nous change de Superc*pter et autres machines du genre : Lilicopter :


 Avouez que les plumes changent tout, non ?


 Et pour la bonne bouche, en tant que shoes-addict... voici mon œuvre préférée... Marylin !


 Oui ce sont bien des escarpins géants... Mais regardez mieux...


 Ce sont des casseroles et couvercles en acier inoxydable !


Maintenant, vous savez quoi faire de votre batterie de cuisine ! 

Trêve de plaisanterie, j'ai vraiment apprécié l'exubérance, l'humour, je dirais presque la folie joyeuse qui se dégageait de cette exposition. Merci à l'artiste, merci au château, merci à l'art vivant. 

mercredi 26 septembre 2012

Excuses et artiste à découvrir...

Décidément, j'ai du mal à tenir ce blog... Oh la la... rien de puis le 4 août... Je me confonds en excuses, je me couvre la tête de cendres et toutes ces sortes de choses ;-)
Cela dit, si vous suivez mon autre blog Thé vert et Cappuccino (clic), vous avez pu voir ma visite à l'exposition d'art textile de Léa Stansal ICI !

Ce n'est pas la seule exposition à laquelle je me suis rendue. J'ai pu aussi aller admirer le travail d'une jeune artiste mêlant différentes techniques, dans des tableaux que j'ai vraiment adorés, qu'il s'agisse d'art textile ou de collages, d’œuvres que l'on pourrait appeler de mixed media, bref j'ai vraiment beaucoup aimé son travail. Cette jeune artiste s'appelle Andréa Delibes. Mais je vous laisse admirer...


Strates


Le Mal


Le Christ


La Comète


Les Danseuses et Les Bateaux

Comme j'ai eu le privilège d'aller au vernissage, j'ai pu rencontrer l'artiste, et elle nous a expliqué son travail, toujours autour de l'Amour... 
J'ai beaucoup aimé cette découverte et je me suis promis de suivre cette jeune et talentueuse artiste ! Vous pouvez la retrouver sur son blog (un peu laissé en plan, d'ailleurs l'exposition évoquée est terminée depuis belle lurette, mais bon, je serais mal venue de reprocher à quelqu'un de ne pas tenir régulièrement son blog ;-) cela dit, allez-y, vous verrez des photographies meilleures que les miennes, qui ne rendent pas assez hommage aux œuvres, pardon...) en cliquant ICI !

Allez une dernière photo pour la route !



Au centre, Tristesse et  de part et d'autre Masque féminin et Les Femmes

Sur la tablette du dessous, vous apercevez des œuvres pleines d'humour et de poésie du sculpteur Philippe Tabuteau, qui exposait aussi ! D'ailleurs voici La promenade + chien en laisse, œuvre que j'ai beaucoup aimée !

 

samedi 4 août 2012

Rousseau, la comédie des masques d'Olivier Marchal

Voici une nouvelle lecture historique qui n'est pas sans rappeler celle que j'avais déjà exposée ICI... Après Voltaire, voici Rousseau ! Rousseau est un auteur auquel je suis très attachée depuis fort longtemps. Je l'ai dévoré quasi intégralement alors que j'étais encore au lycée (pas de date, merci...), c'est un personnage qui a longtemps habité près de chez moi et qui plus est, on fête cette année le tricentenaire de sa naissance, notamment là où je travaille... C'est un auteur souvent mal aimé et la vie qu'on lui prête se résume à une suite de clichés (un parano qui donne des leçons d'éducation mais a abandonné ses enfants). Après dix années de recherches, Olivier Marchal tente de montrer un tout autre Rousseau dans un portrait nuancé.

L'éditeur en parle : d'abord édité aux éditions Télémaque (que je ne connaissais pas), le livre est depuis sorti en poche chez Folio.
"Monstre d’égoïsme, misanthrope maladivement paranoïaque, capable d’abandonner sans remords plusieurs de ses enfants… Jean-Jacques Rousseau est aujourd’hui encore sous le coup d’un jugement sans appel sur ses mœurs et sa personnalité.

En nous plongeant au cœur bouillonnant de la vie mondaine du XVIIIe siècle, de l’intimité amoureuse et psychologique de ses figures les plus célèbres, Olivier Marchal propose un portrait radicalement nouveau, plus attachant et nuancé, de l’auteur des Confessions.

Alors que ses amis Encyclopédistes lui prédisent un avenir glorieux, Rousseau décide inexplicablement de tourner le dos à son destin.
Est-il le jouet de sa propre manipulation ou la victime d’implacables adversaires de l’ombre ?

Riche de détails méconnus, souvent puisés dans les écrits mêmes de Jean-Jacques ou de ses contemporains, cette évocation ressuscite Diderot, Thérèse Levasseur, Grimm, d’Alembert, Louise d’Épinay, Madame Dupin, la comtesse d’Houdetot ou Voltaire…

Tous acteurs d’une troublante Comédie des masques, ils semblent prisonniers de leurs personnages et des soubresauts d’un monde finissant, bouleversé par les visions prémonitoires d’un de ses plus grands pourfendeurs."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Eh bien, c'est à nouveau une chronique radiophonique de Gérard Collard, ce libraire enthousiaste de Saint-Maur (j'adore l'entendre parler de livres, je trouve qu'il les expose magnifiquement !), comme pour La Baronne meurt à cinq heures de Frédéric Lenormand. Cette chronique est ICI (clic). En outre, et comme souvent, je me suis dit que cette lecture pourrait sans doute être réalisée par des lycéens...

Mon avis après lecture : 
Je meurs désormais d'envie de lire le second volet, Rousseau, le voile déchiré, et je sens que mes lycéens vont apprendre à connaître cette célébrité locale autrement ! Le blog de l'auteur (héhé un collègue !) est ICI et je sens que je vais le visiter de fond en comble ! Je partage sa passion pour le XVIIIe siècle, siècle fabuleux, intense, et je suis ravie de cette belle découverte !
Un bémol toutefois (bémol qui n'en est un que dans le cadre de l'utilisation professionnelle envisagée) : il s'agit d'une œuvre de fiction (comme l'affirme l'auteur dans un article en trois temps : ICI puis ICI et enfin ICI). D'ailleurs la couverture de l'édition initiale chez Télémaque porte la mention "roman". Il est fort difficile (impossible ?)de faire la part des choses entre fiction et réalité, ce qui est littérairement tout à fait adapté (bravo à l'auteur !), mais qui peut poser problème à de jeunes lecteurs, qui ont toujours du mal à ne pas croire dur comme fer à la véracité des romans qu'ils lisent ("Mais madame finalement, qu'est-ce qui lui arrive à Machin, dans telle œuvre ? -- Eh bien, l'auteur n'en dit rien, donc à toi d'imaginer ! -- Oui, mais en vrai ? -- Eh bien, Machin est un être de papier, donc il n'existe que dans l'imaginaire des lecteurs comme toi..." Oui mais là, c'est Rousseau, on le connaît ou en tout cas, on ne l'ignore pas, et il va être compliqué de faire comprendre que c'est un Rousseau qui nous est proposé ici, une vision de Rousseau, étayée de recherches, mais un Rousseau tout de même incertain dans un roman, "mensonge qui dit la vérité" comme disait Cocteau de l'art, je crois... Bref, le livre a le défaut de ses qualités. Il sonne juste, il donne envie de croire, ce Rousseau-là me plaît ! Même s'il convient de relativiser et de se rappeler que trop d'ambiguïtés subsistent et que l'on ne saura jamais vraiment ce qu'il en a été...


Bonheur de phrases : que le choix fut difficile !

Rousseau et Diderot assistent à la discussion alors que Rousseau vient de recevoir le premier prix de l'Académie de Dijon pour son Discours sur les sciences et les arts.
"Ce brave homme, originaire de Genève [Rousseau donc !], prétend que nos richesses nous corrompent, qu'elles encouragent l'oisiveté ! Nos arts, nos sciences, ne seraient même que le produit funeste de cette oisiveté ! 
-- Comment lui donner tort ? demanda son voisin en prenant l'assistance à témoin. D'ailleurs, à voir nos mines replètes et nos ventres rebondis, on ne peut que s'interroger !"

Diderot qui aurait selon le roman suggéré à Rousseau d'adopter le masque de Diogène le cynique, en lui conseillant de "[s']enfourner dans [son] tonneau" et de "dénoncer [les] nombreux travers" de ses contemporains, le met plus tard en garde : 
"A trop jouer la comédie, le visage dissimulé derrière un masque, on risque quelquefois de ne plus savoir qui on est. Et tu finiras bien par t'y perdre toi-même..."

C'est la comédie des masques du titre, que Julie de Lespinasse évoque à d'Alembert en ces termes (et qui moi, m'a fait penser aux Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos...) : 
"[...] pour rendre l'existence supportable, nous avançons masqués, en jouant nos rôles avec civilité et urbanité. Certains n'ont aucun effort à fournir pour entrer dans la peau de leur personnage, mais pour d'autres, l'apprentissage est souvent douloureux."

Je ne saurais trop vous conseiller de lire ce livre, qui donne à Rousseau un nouveau visage... Le vrai ? Qui sait ? Peu importe. C'est un livre riche qui procure un réel plaisir de lecture. Que demander de plus ?

mercredi 25 juillet 2012

Exposition de juillet : Gerhard Richter au Centre Pompidou

C'est sur un malentendu que j'ai visité cette expo en nocturne !


En effet, nous devions aller avec une collègue voir une pièce qui me tentait vraiment dont Leil avait parlé dans son Bric-à-Book ICI. Malheureusement, les embouteillages en ont décidé autrement et nous sommes arrivées trop tard. Nous n'allions tout de même pas regagner notre banlieue comme ça ! Nous étions un jeudi soir... nous nous sommes donc décidées à aller visiter l'exposition Gerhard Richter en nocturne !
Sobrement intitulée Panorama, l'exposition permet de voir, revoir ou avouons-le comme moi, de découvrir, le travail de cet artiste. J'ai été impressionnée par son travail de photo-peinture et par ses monochromes dont certains m'ont rappelé Soulages. Et j'ai beaucoup aimé ses nuanciers ou ses rayures... d'ailleurs le petit badge sur la photo en témoigne !
Envie d'en savoir davantage ? Allez voir ICI voire jetez un coup d’œil au dossier pédagogique ICI ou mieux : allez visiter l’exposition, en place jusqu'au 26 septembre !

Une visite nocturne au sixième étage du Centre Pompidou et le panorama est aussi par la fenêtre : les toits de Paris !




Désolée pour les reflets des vitres... Mais c'est un souvenir sympathique !