mercredi 18 juillet 2012

Le Musée national de Cécile Guilbert

Une lecture qui patientait dans ma PAL depuis un bon moment déjà...

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture : 
"Trente ans, pas d'enfant, du temps, un amant - le tout à Paris : j'ai plutôt la belle vie quand j'y pense... Mon job  ? Obscur, méprisé, déchaînant lazzis et quolibets : tout juste bon pour les immigrés tamouls et les analphabètes - pas vraiment à la hauteur des ambitions que nourrissaient père et mère pour leur progéniture après les débuts d'une carrière qu'ils avaient été les seuls à juger prometteuse.
- Mais enfin Juliette, tu ne vas tout de même pas...
- Si !"  

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
C'est le thème et l'auteur qui m'ont intéressée... Ensuite, le livre est resté dans ma pile et a patiemment attendu que je me décide !

Mon avis après lecture : 
J'ai beaucoup aimé le parcours de cette femme différente, autre, cette femme transparente assise dans les salles des musées que j'aime visiter (Le Petit Palais, puis le Musée d'Orsay), les yeux ouverts sur des merveilles mais aussi sur la vie devant elle. J'ai aimé qu'elle adore lire et écrire. Et j'ai aussi apprécié qu'elle veuille travailler pour vivre et non vivre pour travailler. J'ai aimé qu'elle soit libre, même si je l'avoue, sans être prude ni pudibonde, je ne suis jamais conquise par l'évocation des ébats amoureux ou purement sexuels.
L'écriture de Cécile Guilbert est ciselée et élégante, souvent caustique et d'un humour ravageur. Bref, j'ai passé un excellent moment ! Je crois que c'est le seul roman de Cécile Guilbert, mais je lirais volontiers ce qu'elle a écrit sur Saint-Simon par exemple.

Bonheur de phrases : voici quelques morceaux choisis variés...

Un rêve d'écrivain :
"Encore rêvé de phrases, jamais de mots. 
Les phrases, elles, tournoient en vols serrés chaque soir avant l'endormissement. D'où me sont-elles dictées ? Je l'ignore et m'en moque : je ne m'intéresse pas à leur naissance mais à leur venue.
Car elles viennent, fidèles, dans un bourdonnement heurté de scarabées cogner chaque nuit sous mes paupières..."

Héhé... je dirais bien que la suite, c'est tout moi, parfois... 
"Je ne connais personne et comme je n'ai envie de rien, je n'ai pas envie non plus de connaître qui que ce soit. Et comme personne ne doit avoir envie de faire ma connaissance puisque je fais une tête à n'avoir envie de rien, je m'en porte finalement mieux que si c'était le contraire..."

Des touristes en vadrouille : 
"C'est alors qu'une famille de randonneurs à chemisettes et bermudas kaki entre dans la salle et fonce droit sur l'immense Rut de printemps... De loin, l’œil rivé sur l'étiquette, l'aîné des trois enfants semble interroger son père. Je les perds aussitôt des yeux car un tronc humain orné d'une caméra en sautoir voisinant avec une banane de skaï qui ballotte plus bas comme une c*uille molle et surnuméraire interpose entre nous son obésité." (évidemment l'* n'est là que pour éviter des visites mal venues... ;-)

Et un regard sans complaisance sur l'enfant-roi...
"Nous sommes mercredi : le pire jour de la semaine puisqu'il est celui des enfants...
Loin de m'attendrir, la grotesque comédie surjouée par ces petites vaches sacrées tellement sûres de leurs droits divins me dégoûte et m'exaspère. Si toute société a les bambins qu'elle mérite, ceux d'aujourd'hui sont franchement à vomir... [...] Des parangons d'innocence, ces têtes à claques sournoises ? des merveilles, ces sapajous capricieux ? des anges, ces nains compulsifs, manipulés, crétinisés à mort par leurs géniteurs croyant durs comme fer avoir pondu la huitième merveille du monde qui justifiera enfin leurs misères ? Des tyranneaux en herbe, oui... des adultes miniatures, oui... tous pourris d'égoïsme !"

J'ai osé écrire à Gallimard pour leur demander quand ce livre serait publié en Folio ! C'est vrai : il est temps de passer en poche ! 

3 commentaires:

  1. Je ne sais pas encore si ce livre figurera ou pas dans ma PAL (peut-être une fois en livre de poche), en tout cas, le dernier extrait sur les enfants rois est très drôle et très incisif... il risque de faire grincer des dents certains parents (qui peut-être ne se reconnaîtront pas...)
    Bises et belle soirée

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  2. Celui là tu m'as donné envie de le lire . Je vais m'inscrire sur les parution en poche .
    Merci Capp'

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  3. Vivement les congés que je puisse me poser et te lire.
    Bisous

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