mercredi 18 avril 2012

L'Urgence et la Patience de Jean-Philippe Toussaint

Je voue une admiration sans bornes et peut-être même un peu naïve aux écrivains et j'adore quand ils ont la générosité de partager leurs secrets d'écriture. Une grande partie de ma mes bibliothèques est donc consacrée aux livres montrant les arcanes de ce fabuleux métier...

L'éditeur en parle et cite la quatrième de couverture : 
"L’urgence, qui appelle l’impulsion, la fougue, la vitesse — et la patience, qui requiert la lenteur, la constance et l’effort. Mais elles sont pourtant indispensables l’une et l’autre à l’écriture d’un livre, dans des proportions variables, à des dosages distincts, chaque écrivain composant sa propre alchimie, un des deux caractères pouvant être dominant et l’autre récessif, comme les allèles qui déterminent la couleur des yeux."
Allez donc visiter le site de l'éditeur, pour en savoir davantage et feuilleter les premières pages ICI.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je crois que tout est parti d'un article de Télérama (clic) ou peut-être d'un article sur un blog je ne sais plus... Toujours est-il que j'ai eu envie de découvrir l'univers d'écriture de Jean-Philippe Toussaint et je n'ai pas été déçue.  

Mon avis après lecture :
Je reste toujours émerveillée devant le travail des écrivains et je trouve que Jean-Philippe Toussaint l'évoque de façon simple et directe, et j'apprécie cette franchise. C'est un écrivain profondément humain, profondément dans la vie : "Lorsque j'écris un livre, je me voudrais aérien, l'esprit au vent et la main désinvolte. Mon cul.". Et l'inspiration dans tout ça ? "Il y a dans le mythe de l'inspiration -- le grand mythe romantique de l'inspiration -- une passivité qui me déplaît, où l'écrivain -- le poète inspiré --, serait le jouet d'une grâce extérieure, Dieu ou la Nature, qui viendrait se poser sur son front innocent. Non, l'urgence n'est pas un don, c'est une quête." 
J'ai aimé aussi entendre l'importance de Crime et Châtiment de Dostoïevski, de Beckett ou de Proust. J'ai adoré la manière dont l'auteur décrit ses recherches documentaires préalables, notamment sa première promenade à cheval rendue nécessaire par un livre où il abordait le thème des chevaux... et j'ai ri quand il a précisé : "Pour la crise cardiaque, j'ai quand même évité d'en faire une moi-même (l'abnégation a ses limites), j'ai préféré faire appel à un ami médecin".
Bref, c'est un écrivain dont je pourrais presque (presque seulement je vous rassure !) me sentir proche, surtout quand il affirme : "je croyais aimer la littérature, mais c'est l'amour de la papeterie que j'ai, ma parole !". Héhé en grande collectionneuse de carnets et de stylos en tout genre, fascinée par l'écriture, forcément, je me sens visée ! Bref, j'ai aimé cette rencontre et je compte bien aller au Louvre visiter l'exposition Livre/Louvre, hommage visuel à la littérature pour laquelle Jean-Philippe Toussaint a eu carte blanche (le site de l'exposition est ici). Il y a même un concours de photos, ça vous tente ? 

Bonheur de phrases : comme toujours, j'ai du mal à choisir... alors j'ai rusé en citant quelques mots ci-dessus... 
"J'aime l'idée qu'on puisse définir un livre comme un rêve de pierre (l'expression est de Baudelaire) : "rêve" par la liberté qu'il exige, l'inconnu, l'audace, le risque, le fantasme, "de pierre", par sa consistance, ferme, solide, minérale, qui s'obtient à force de travail, le travail inlassable sur la langue, les mots, la grammaire." 
"Un livre doit apparaître comme une évidence au lecteur, et non comme quelque chose de prémédité, de construit. Mais cette évidence, l'écrivain, lui, doit la construire." 

Comme le disait La Bruyère, "c'est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule." (Les Caractères, "Des ouvrages de l'esprit").  Et ce métier, capable de nous transporter, de nous faire rire ou pleurer, de nous faire réfléchir, est pour moi le plus beau du monde.

Je ne sais qui a parlé de ce livre sur la blogosphère... N'hésitez pas à indiquer le lien vers votre blog dans les commentaires si c'est votre cas !

mardi 17 avril 2012

Du domaine des Murmures de Carole Martinez

La première lecture de ce blog était Le Cœur cousu de Carole Martinez ici. Et c'est avec Du domaine des Murmures que je lui redonne vie. 

L'éditeur en parle :
"En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
  Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
  Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante."
Allez donc visiter le site de l'éditeur, pour feuilleter les premières pages ICI

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'avais beaucoup aimé Le Cœur cousu. J'ai aussi été intriguée par le sujet original, ce qui n'est pas si fréquent aujourd'hui en littérature. En outre, le fait que ce roman ait reçu le prix Goncourt des lycéens 2011 est pour moi l'annonce d'une littérature neuve qui saura me séduire (et peut-être séduire les lycéens que je fréquente ;-)

Mon avis après lecture :
J'ai a-do-ré. J'ai été emportée par l'histoire et son souffle, j'ai partagé la vie d'Esclarmonde, et l'écriture très poétique de Carole Martinez la place, selon moi, parmi les grands écrivains de notre temps. J'attends maintenant impatiemment sa prochaine publication.

Bonheur de phrases : c'est bien difficile de choisir et de renoncer au reste...
  "Ce qui n'a pas été dit m'enfle l'âme, flot coagulé, furoncles de silence à percer d'où s'écoulera le fleuve de pus qui me retient entre ces pierres, ce long ruban d'eau noire, charriant carcasses d'émotions, cris noyés aux ventres gonflés de nuit, mots d'amour avortés. Saignées de paroles pétrifiées dans leurs gangues. 
  Entre dans l'eau sombre, coule-toi dans mes contes, laisse mon verbe t'entraîner par des sentes et des goulets qu'aucun vivant n'a encore empruntés. Je veux dire à m'en couper le souffle.
  Écoute !"
   "On ne quitte pas un monde sans angoisse ni sans rêve."
  "Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel, et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi."
  "Certes ton époque n'enferme plus si facilement les jeunes filles, mais ne te crois pas pour autant à l'abri de la folie des hommes. J'ai vu passer les siècles, l'histoire n'a jamais cessé de chambouler nos vies et les évidences sont infiniment fragiles.
  Les certitudes sont de pâte molle. Elles se modèlent à volonté."

On en parle ailleurs :
Facile : on en a déjà parlé partout !!!! Par exemple chez Stephie, chez Leiloona, chez Dollylou...
En tout cas, si vous ne l'avez pas lu, précipitez-vous. C'est un immanquable.

lundi 16 avril 2012

Lire et Elle : le retour !!!!

Cela fait presque deux ans que j'ai abandonné les commentaires sur mes lectures. Oui mais voilà... j'aime garder la trace des livres lus.
Je vais donc sans doute réactiver ce blog... et pour ce faire, je retourne à ma lecture ! Allez, à très vite !