mardi 18 décembre 2012

L'Amour sans le faire de Serge Joncour

Ayant parrainé une amie pour les matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister (CLIC) dont je vous ai parlé il y a peu ICI, j'ai pu choisir un deuxième livre de la rentrée littéraire : le voici !

L'éditeur en parle : 
Après dix ans de silence, Franck téléphone un soir à ses parents. Curieusement, c'est un petit garçon qui décroche. Plus curieusement encore, il s'appelle Alexandre, comme son frère disparu des années auparavant. Franck décide alors de revenir dans la ferme familiale. Louise, elle, a prévu d'y passer quelques jours avec son fils. Franck et Louise, sans se confier, semblent se comprendre. « On ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste », pense Franck en arrivant. Mais dans le silence de cet été ensoleillé et chaud, autour d'un enfant de cinq ans, « insister » finit par ressembler à la vie réinventée. L'Amour sans le faire, c'est une histoire de la tendresse en même temps qu'un hymne à la nature, une nature sauvage, imprévisible, qui invite à changer - et pourquoi pas à renaître.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Honnêtement, j'avais le choix entre plusieurs livres proposés ICI par Price Minister et c'est celui dont la présentation m'a séduite ! C'est tout simple !

Mon avis après lecture : 
Une très belle découverte. J'ai véritablement été happée par l'histoire, par l'entrelacement des destinées de ces personnages attachants et par l'écriture en demi-teintes, qui emporte le lecteur, entre pudeur et spontanéité pétillante de l'enfant. J'ai aussi aimé l'évolution des relations entre tous les personnages.

Bonheur de phrases : 
"L'enfance, c'est ce territoire juste là, intact mais parfaitement inatteignable, à moins de fermer un peu les yeux, de s'assoupir dans le parfait coton d'un parfum retrouvé."

"C'était irréel et pourtant il y avait tout."

"Franck n'arrivait pas à s'endormir. Il tournait et se retournait dans le lit. Pour amorcer le sommeil il essayait de faire le vide, de ne penser à rien, mais dès qu'il fermait les yeux, des tas d'images surgissaient comme des bancs de poissons affolés."

"C'est profondément à soi, une douleur."

Vous trouverez facilement sur les blogs des critiques élogieuses, je crois que ce roman a décidément beaucoup plu !

mercredi 28 novembre 2012

Pour seul cortège de Laurent Gaudé

C'est au titre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister (CLIC) que j'ai reçu et lu ce livre (lien vers la fiche-livre chez Price Minister ICI), qui me tentait beaucoup, il faut l'avouer.

L'éditeur en parle : 
En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.
Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille.
Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père…
Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.

Ce qui m'a donné envie de le lire :
J'avais déjà lu d'autres romans de Laurent Gaudé, comme La Mort du roi Tsongor (prix Goncourt des Lycéens 2002), ou Le Soleil des Scorta (prix Goncourt 2004) et j'avais apprécié l'écriture de l'auteur. De plus, j'ai été attirée par le thème historique avec Alexandre, personnage connu pour sa vie et ses conquêtes multiples, mais montré au moment de sa mort.

Mon avis après lecture : 
L'éditeur parle de souffle épique et c'est véritablement ce qui emporte le lecteur. J'ai aussi eu l'impression d'une mélopée lancinante qui accompagne le lecteur, de la mort d'Alexandre à son  chemin vers sa dernière demeure. S'ajoute à cela la polyphonie de la narration : plusieurs voix s'enchevêtrent, et j'avoue avoir pensé que cela pourrait rendre la lecture difficile notamment pour des lycéens (Laurent Gaudé a reçu le Goncourt des Lycéens en 2002 et j'ai déjà retrouvé La Mort du roi Tsongor à plusieurs reprises sur des listes de bac... j'ai donc réfléchi à l'accueil qu'un public adolescent pourrait lui réserver). C'est un bon Gaudé (qui est une valeur sûre !), sans surprise majeure pour les lecteurs qui le connaissent.  Je mettrais la note de 15/20 (le challenge littéraire prévoit de mettre une note au livre lu, ce n'est pas mon habitude, mais je me plie à la règle !). Je dois tout de même avouer avoir préféré La Mort du roi Tsongor : j'ai eu davantage de difficultés à entrer dans Pour seul cortège.

Bonheur de phrases : 
"Pour la première fois, Alexandre est à terre.Ils se sentent petits et inutiles. Ils ne savent pas que c'est pour cela que je reviens : j'ai ce qui te donnera la force de  te remettre debout. J'ai ce qui te tirera de l'agonie. J'arrive. Le chemin est long, mais je ne m'épargne aucune fatigue."
"Elle pose les yeux sur son fils. Il lui sera donc donné de le voir plus longtemps qu'elle ne le pensait. Elle le contemple avec bonheur. Elle sourit. Elle est loin de la mort."
"Elle sent que tout est accompli. Elle sera, pour l'éternité, une mère silencieuse qui contemple l'enfant, loin de tout, dans l'immensité du vent. Elle sourit."

Maintenant, attendons les résultats du challenge littéraire, pour savoir quel roman de la rentrée obtiendra le prix de satisfaction de la blogosphère !

mardi 30 octobre 2012

Ils désertent de Thierry Beinstingel

Je crois bien ne jamais vous avoir présenté de roman de Thierry Beinstingel... ce qui est un comble alors que je le connais de longue date, que je suis une groupie, que je crois avoir lu tout ce qu'il a écrit ou presque et que je le fais même lire à mes élèves qui auront la chance de le rencontrer très bientôt... Il est temps de remédier à cela, au moment où, zut de zut, les dernières listes du Goncourt et du Femina viennent de sortir et qu'il n'y figure plus alors que... enfin bon, bref, snif  :-(

L'éditeur en parle (et cite la quatrième de couverture) : 
Ses collègues l’appellent l’« ancêtre » ou l’« ours », peu importe le surnom, pourvu qu’on lui concède sa vie de solitude sur les routes. Il est VRP en papier peint depuis quarante ans. Soudain, sa hiérarchie voudrait qu’il vende aussi des canapés. Mais quand il songe au temps qu’il a fallu à l’espèce humaine pour apprendre à se tenir debout, il juge cette évolution déshonorante. D’où lui vient une telle idée ? Peut-être de la correspondance de Rimbaud… Car, en chemin, toujours, il emporte les œuvres du plus célèbre voyageur de commerce. C’est une toute jeune femme sans beaucoup d’appuis, elle ne doit son diplôme de commerce qu’à son mérite. Et elle vient d’être nommée à la tête de l’équipe de ventes !
Salaire inespéré, qui lui a permis d’acheter à crédit un appartement trop grand pour elle, dont une pièce reste obstinément vide. Y installera-t-elle un canapé ? Peut-être le jour où elle fera une rencontre amoureuse qu’elle ne jugera pas comme une menace. La première mission de la jeune femme est claire : licencier l’ancêtre sans délais. Ils devraient s’affronter. Mais l’être humain trouve parfois d’étonnantes ressources pour braver la logique d’entreprise en se réinventant un destin.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je vous l'ai dit, je suis une lectrice inconditionnelle, et ce depuis Central en 2000... J'apprécie à la fois les thèmes profondément actuels évoqués, la vision du travail que Thierry Beinstingel construit dans son œuvre et aussi son travail littéraire. Et puis là, Rimbaud en plus...et Hannah Arendt citée ("tout ce qui est produit par l'homme peut être détruit par l'homme, et aucun objet d'usage n'est absolument nécessaire")...

Mon avis après lecture : 
De façon prévisible, j'ai beaucoup aimé. J'ai aimé l'histoire à la fois si banale et si extraordinaire de ces deux êtres et j'ai aimé retrouver l'écriture véritablement travaillée de Thierry Beinstingel. L'absence de nom donné, comme une absence d'identité, marquant la déshumanisation ambiante, mais aussi la polyphonie et l'alternance grammaticale des deuxièmes personnes, ce qui marque la différence de statut et d'âge des personnages... Une lecture qui rappelle aussi le sort trop souvent fait aux "ancêtres", qui devront pourtant travailler de plus en plus longtemps pour voir arriver leur retraite, mais qu'on poussera sans état d'âme vers la sortie, quels que soient leurs résultats...

Bonheur de phrases :
" Seule vous était restée la vague impression d'une existence, comment dire, d'imitation, que vous n'aviez pas choisie, faire comme tout le monde, s'asseoir dans un canapé, boire un whisky, quelque chose de déjà vu dans des films, à la télévision, quelque chose de factice, une contrefaçon, une laideur de bibelot kitsch qui vous donnait maintenant la nausée, comme si vous en aviez abusé."

" On s'est fourvoyé dans l'absolu d'un bon goût universel et incontestable pour ne pas être choqué par la fantaisie, l'extravagance. C'est une grossière erreur : leur beauté éclatera au grand jour lorsque nous en aurons fini avec nos peurs."

"Est-ce que tout ceci a un sens, vie, mort, mots, alexandrins, slogans de pub, articles de commerce ? Tu repars chamboulée."

"Les mots sont revenus avant même la conscience. [...] Maintenant vous vivez puisque vous avez retrouvé le langage."

"Tout a été alors différent, les livres avaient ouvert une brèche, laissé des portes ouvertes. Les mots à partager, regarde !"


Que dire de plus ? Les mots à partager... Aimer le langage. Aimer la vie.

samedi 27 octobre 2012

La Liste de mes envies de Grégoire Delacourt

Évidemment toute la blogosphère a déjà parlé de ce livre, que j'ai lu depuis un moment d'ailleurs... Mais je suis tellement lente sur ce blog que forcément, j'arrive toujours en retard, comme la cavalerie... Pas grave, je mets mon grain de sel tout de même ! 

L'éditeur en parle : 
Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Vous allez rire... Ne vous moquez pas... J'ai adoré le bandeau avec les bobines en bois, les fils multicolores, l'aiguille plantée au premier plan, le dé, le ruban façon mètre, la cannette... C'est bête, mais c'est comme ça ! Ensuite, j'ai vu des critiques ça et là sur le net... et enfin il ma tendu les bras à la médiathèque de ma ville !!!!!!

Mon avis après lecture : 
J'ai beaucoup aimé lire les aventures de Jocelyne, découvrir la liste de ses envies, somme toute modeste, un peu comme pourrait être la mienne, surtout que peu de temps avant, M dans les "petits pas des Muses" (CLIC) avait proposé de faire la liste des 100 choses que l'on souhaitait faire dans les jours/semaines/mois/années à venir...J'ai trouvé la fin douce-amère... J'ai reconnu la vie... Et j'ai vite lu L'Écrivain de la famille, le premier roman de l'auteur ! 

Bonheur de phrases : il y en a de plus en plus au fil de mes articles, tant pis, c'est ce que j'aime ! Ce sont les phrases dans lesquelles je me retrouve en plus de les aimer...

"Moi, les mots, j'aime bien. J'aime bien les phrases longues, les soupirs qui s'éternisent. J'aime bien quand les mots cachent parfois ce qu'ils disent ; ou le disent d'une manière nouvelle."

"Il n'y a que dans les livres que l'on peut changer de vie. Que l'on peut tout effacer d'un mot. Faire disparaître le poids des choses. Gommer les vilenies au bout d'une phrase, se retrouver soudain au bout du monde."

"Être riche, c'est voir tout ce qui est laid, puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les choses. Qu'il suffit de payer pour ça."

"Faire soi-même possède quelque chose de très beau ; prendre le temps, c'est important. Oui, je pense que tout va trop vite. On parle trop vite. On réfléchit trop vite, quand on réfléchit ! On envoie des mails, des textos, sans se relire, on perd l'élégance de l'orthographe, la politesse, le sens des choses."

Vous pouvez aller sur tous les blogs de lecture, ce livre a beaucoup plu ! Et franchement, c'est une lecture à la fois forte et douce, que je suis ravie d'avoir faite. À vous maintenant de lire ce livre, si vous ne l'avez pas encore dévoré !

vendredi 12 octobre 2012

Si Versailles m'était conté...

J'aime l'art contemporain. Et quand il se mêle aux splendeurs du passé, j'applaudis des deux mains ! Il y a plusieurs années que le château de Versailles ouvre ses portes à des artistes... cela fait parfois scandale, mais moi, j'adore ! Et cette année, après Jeff Koons et Murakami entre autres, c'est pour la première fois une femme, une jeune femme, Joana Vasconcelos, qui expose son travail à Versailles en s'appropriant ce lieu mythique. 
Je vous laisse admirer...
Je n'ai pu résister à cette jolie théière : Pavillon de thé


que l'on voit aussi d'en-haut : 


et j'ai voulu garder le souvenir du Pavillon de Vin


À l'intérieur, voici Mary Poppins


et le Coeur indépendant noir (Coração Independente Preto) :


On aperçoit ici une partie de Blue Champagne, dans le parterre d'eau : 


 et voici le Coeur indépendant rouge (Coração Independente Vermelho) :


La Chambre de la Reine contient Perruque, installation poétique et drôle : 


 à voir en situation, à côté du lit splendide :


Voici les Gardes, pour mes copiNETtes crocheteuses : 


Oui oui, il s'agit bien de dentelle au crochet des Açores... 


L'escalier de la Reine est illuminé par ce Vitrail


et l'on arrive à la série des Valkyries dans la Galerie des Batailles :
Royal Valkyrie

Golden Valkyrie


avec quelques détails montrant la somme de travail incroyable : 



et enfin Valkyrie Trousseau (Valquiria Enxoval)


Un hélicoptère qui nous change de Superc*pter et autres machines du genre : Lilicopter :


 Avouez que les plumes changent tout, non ?


 Et pour la bonne bouche, en tant que shoes-addict... voici mon œuvre préférée... Marylin !


 Oui ce sont bien des escarpins géants... Mais regardez mieux...


 Ce sont des casseroles et couvercles en acier inoxydable !


Maintenant, vous savez quoi faire de votre batterie de cuisine ! 

Trêve de plaisanterie, j'ai vraiment apprécié l'exubérance, l'humour, je dirais presque la folie joyeuse qui se dégageait de cette exposition. Merci à l'artiste, merci au château, merci à l'art vivant. 

mercredi 26 septembre 2012

Excuses et artiste à découvrir...

Décidément, j'ai du mal à tenir ce blog... Oh la la... rien de puis le 4 août... Je me confonds en excuses, je me couvre la tête de cendres et toutes ces sortes de choses ;-)
Cela dit, si vous suivez mon autre blog Thé vert et Cappuccino (clic), vous avez pu voir ma visite à l'exposition d'art textile de Léa Stansal ICI !

Ce n'est pas la seule exposition à laquelle je me suis rendue. J'ai pu aussi aller admirer le travail d'une jeune artiste mêlant différentes techniques, dans des tableaux que j'ai vraiment adorés, qu'il s'agisse d'art textile ou de collages, d’œuvres que l'on pourrait appeler de mixed media, bref j'ai vraiment beaucoup aimé son travail. Cette jeune artiste s'appelle Andréa Delibes. Mais je vous laisse admirer...


Strates


Le Mal


Le Christ


La Comète


Les Danseuses et Les Bateaux

Comme j'ai eu le privilège d'aller au vernissage, j'ai pu rencontrer l'artiste, et elle nous a expliqué son travail, toujours autour de l'Amour... 
J'ai beaucoup aimé cette découverte et je me suis promis de suivre cette jeune et talentueuse artiste ! Vous pouvez la retrouver sur son blog (un peu laissé en plan, d'ailleurs l'exposition évoquée est terminée depuis belle lurette, mais bon, je serais mal venue de reprocher à quelqu'un de ne pas tenir régulièrement son blog ;-) cela dit, allez-y, vous verrez des photographies meilleures que les miennes, qui ne rendent pas assez hommage aux œuvres, pardon...) en cliquant ICI !

Allez une dernière photo pour la route !



Au centre, Tristesse et  de part et d'autre Masque féminin et Les Femmes

Sur la tablette du dessous, vous apercevez des œuvres pleines d'humour et de poésie du sculpteur Philippe Tabuteau, qui exposait aussi ! D'ailleurs voici La promenade + chien en laisse, œuvre que j'ai beaucoup aimée !

 

samedi 4 août 2012

Rousseau, la comédie des masques d'Olivier Marchal

Voici une nouvelle lecture historique qui n'est pas sans rappeler celle que j'avais déjà exposée ICI... Après Voltaire, voici Rousseau ! Rousseau est un auteur auquel je suis très attachée depuis fort longtemps. Je l'ai dévoré quasi intégralement alors que j'étais encore au lycée (pas de date, merci...), c'est un personnage qui a longtemps habité près de chez moi et qui plus est, on fête cette année le tricentenaire de sa naissance, notamment là où je travaille... C'est un auteur souvent mal aimé et la vie qu'on lui prête se résume à une suite de clichés (un parano qui donne des leçons d'éducation mais a abandonné ses enfants). Après dix années de recherches, Olivier Marchal tente de montrer un tout autre Rousseau dans un portrait nuancé.

L'éditeur en parle : d'abord édité aux éditions Télémaque (que je ne connaissais pas), le livre est depuis sorti en poche chez Folio.
"Monstre d’égoïsme, misanthrope maladivement paranoïaque, capable d’abandonner sans remords plusieurs de ses enfants… Jean-Jacques Rousseau est aujourd’hui encore sous le coup d’un jugement sans appel sur ses mœurs et sa personnalité.

En nous plongeant au cœur bouillonnant de la vie mondaine du XVIIIe siècle, de l’intimité amoureuse et psychologique de ses figures les plus célèbres, Olivier Marchal propose un portrait radicalement nouveau, plus attachant et nuancé, de l’auteur des Confessions.

Alors que ses amis Encyclopédistes lui prédisent un avenir glorieux, Rousseau décide inexplicablement de tourner le dos à son destin.
Est-il le jouet de sa propre manipulation ou la victime d’implacables adversaires de l’ombre ?

Riche de détails méconnus, souvent puisés dans les écrits mêmes de Jean-Jacques ou de ses contemporains, cette évocation ressuscite Diderot, Thérèse Levasseur, Grimm, d’Alembert, Louise d’Épinay, Madame Dupin, la comtesse d’Houdetot ou Voltaire…

Tous acteurs d’une troublante Comédie des masques, ils semblent prisonniers de leurs personnages et des soubresauts d’un monde finissant, bouleversé par les visions prémonitoires d’un de ses plus grands pourfendeurs."

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Eh bien, c'est à nouveau une chronique radiophonique de Gérard Collard, ce libraire enthousiaste de Saint-Maur (j'adore l'entendre parler de livres, je trouve qu'il les expose magnifiquement !), comme pour La Baronne meurt à cinq heures de Frédéric Lenormand. Cette chronique est ICI (clic). En outre, et comme souvent, je me suis dit que cette lecture pourrait sans doute être réalisée par des lycéens...

Mon avis après lecture : 
Je meurs désormais d'envie de lire le second volet, Rousseau, le voile déchiré, et je sens que mes lycéens vont apprendre à connaître cette célébrité locale autrement ! Le blog de l'auteur (héhé un collègue !) est ICI et je sens que je vais le visiter de fond en comble ! Je partage sa passion pour le XVIIIe siècle, siècle fabuleux, intense, et je suis ravie de cette belle découverte !
Un bémol toutefois (bémol qui n'en est un que dans le cadre de l'utilisation professionnelle envisagée) : il s'agit d'une œuvre de fiction (comme l'affirme l'auteur dans un article en trois temps : ICI puis ICI et enfin ICI). D'ailleurs la couverture de l'édition initiale chez Télémaque porte la mention "roman". Il est fort difficile (impossible ?)de faire la part des choses entre fiction et réalité, ce qui est littérairement tout à fait adapté (bravo à l'auteur !), mais qui peut poser problème à de jeunes lecteurs, qui ont toujours du mal à ne pas croire dur comme fer à la véracité des romans qu'ils lisent ("Mais madame finalement, qu'est-ce qui lui arrive à Machin, dans telle œuvre ? -- Eh bien, l'auteur n'en dit rien, donc à toi d'imaginer ! -- Oui, mais en vrai ? -- Eh bien, Machin est un être de papier, donc il n'existe que dans l'imaginaire des lecteurs comme toi..." Oui mais là, c'est Rousseau, on le connaît ou en tout cas, on ne l'ignore pas, et il va être compliqué de faire comprendre que c'est un Rousseau qui nous est proposé ici, une vision de Rousseau, étayée de recherches, mais un Rousseau tout de même incertain dans un roman, "mensonge qui dit la vérité" comme disait Cocteau de l'art, je crois... Bref, le livre a le défaut de ses qualités. Il sonne juste, il donne envie de croire, ce Rousseau-là me plaît ! Même s'il convient de relativiser et de se rappeler que trop d'ambiguïtés subsistent et que l'on ne saura jamais vraiment ce qu'il en a été...


Bonheur de phrases : que le choix fut difficile !

Rousseau et Diderot assistent à la discussion alors que Rousseau vient de recevoir le premier prix de l'Académie de Dijon pour son Discours sur les sciences et les arts.
"Ce brave homme, originaire de Genève [Rousseau donc !], prétend que nos richesses nous corrompent, qu'elles encouragent l'oisiveté ! Nos arts, nos sciences, ne seraient même que le produit funeste de cette oisiveté ! 
-- Comment lui donner tort ? demanda son voisin en prenant l'assistance à témoin. D'ailleurs, à voir nos mines replètes et nos ventres rebondis, on ne peut que s'interroger !"

Diderot qui aurait selon le roman suggéré à Rousseau d'adopter le masque de Diogène le cynique, en lui conseillant de "[s']enfourner dans [son] tonneau" et de "dénoncer [les] nombreux travers" de ses contemporains, le met plus tard en garde : 
"A trop jouer la comédie, le visage dissimulé derrière un masque, on risque quelquefois de ne plus savoir qui on est. Et tu finiras bien par t'y perdre toi-même..."

C'est la comédie des masques du titre, que Julie de Lespinasse évoque à d'Alembert en ces termes (et qui moi, m'a fait penser aux Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos...) : 
"[...] pour rendre l'existence supportable, nous avançons masqués, en jouant nos rôles avec civilité et urbanité. Certains n'ont aucun effort à fournir pour entrer dans la peau de leur personnage, mais pour d'autres, l'apprentissage est souvent douloureux."

Je ne saurais trop vous conseiller de lire ce livre, qui donne à Rousseau un nouveau visage... Le vrai ? Qui sait ? Peu importe. C'est un livre riche qui procure un réel plaisir de lecture. Que demander de plus ?

mercredi 25 juillet 2012

Exposition de juillet : Gerhard Richter au Centre Pompidou

C'est sur un malentendu que j'ai visité cette expo en nocturne !


En effet, nous devions aller avec une collègue voir une pièce qui me tentait vraiment dont Leil avait parlé dans son Bric-à-Book ICI. Malheureusement, les embouteillages en ont décidé autrement et nous sommes arrivées trop tard. Nous n'allions tout de même pas regagner notre banlieue comme ça ! Nous étions un jeudi soir... nous nous sommes donc décidées à aller visiter l'exposition Gerhard Richter en nocturne !
Sobrement intitulée Panorama, l'exposition permet de voir, revoir ou avouons-le comme moi, de découvrir, le travail de cet artiste. J'ai été impressionnée par son travail de photo-peinture et par ses monochromes dont certains m'ont rappelé Soulages. Et j'ai beaucoup aimé ses nuanciers ou ses rayures... d'ailleurs le petit badge sur la photo en témoigne !
Envie d'en savoir davantage ? Allez voir ICI voire jetez un coup d’œil au dossier pédagogique ICI ou mieux : allez visiter l’exposition, en place jusqu'au 26 septembre !

Une visite nocturne au sixième étage du Centre Pompidou et le panorama est aussi par la fenêtre : les toits de Paris !




Désolée pour les reflets des vitres... Mais c'est un souvenir sympathique !

mercredi 18 juillet 2012

Le Musée national de Cécile Guilbert

Une lecture qui patientait dans ma PAL depuis un bon moment déjà...

L'éditeur en parle en citant la quatrième de couverture : 
"Trente ans, pas d'enfant, du temps, un amant - le tout à Paris : j'ai plutôt la belle vie quand j'y pense... Mon job  ? Obscur, méprisé, déchaînant lazzis et quolibets : tout juste bon pour les immigrés tamouls et les analphabètes - pas vraiment à la hauteur des ambitions que nourrissaient père et mère pour leur progéniture après les débuts d'une carrière qu'ils avaient été les seuls à juger prometteuse.
- Mais enfin Juliette, tu ne vas tout de même pas...
- Si !"  

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
C'est le thème et l'auteur qui m'ont intéressée... Ensuite, le livre est resté dans ma pile et a patiemment attendu que je me décide !

Mon avis après lecture : 
J'ai beaucoup aimé le parcours de cette femme différente, autre, cette femme transparente assise dans les salles des musées que j'aime visiter (Le Petit Palais, puis le Musée d'Orsay), les yeux ouverts sur des merveilles mais aussi sur la vie devant elle. J'ai aimé qu'elle adore lire et écrire. Et j'ai aussi apprécié qu'elle veuille travailler pour vivre et non vivre pour travailler. J'ai aimé qu'elle soit libre, même si je l'avoue, sans être prude ni pudibonde, je ne suis jamais conquise par l'évocation des ébats amoureux ou purement sexuels.
L'écriture de Cécile Guilbert est ciselée et élégante, souvent caustique et d'un humour ravageur. Bref, j'ai passé un excellent moment ! Je crois que c'est le seul roman de Cécile Guilbert, mais je lirais volontiers ce qu'elle a écrit sur Saint-Simon par exemple.

Bonheur de phrases : voici quelques morceaux choisis variés...

Un rêve d'écrivain :
"Encore rêvé de phrases, jamais de mots. 
Les phrases, elles, tournoient en vols serrés chaque soir avant l'endormissement. D'où me sont-elles dictées ? Je l'ignore et m'en moque : je ne m'intéresse pas à leur naissance mais à leur venue.
Car elles viennent, fidèles, dans un bourdonnement heurté de scarabées cogner chaque nuit sous mes paupières..."

Héhé... je dirais bien que la suite, c'est tout moi, parfois... 
"Je ne connais personne et comme je n'ai envie de rien, je n'ai pas envie non plus de connaître qui que ce soit. Et comme personne ne doit avoir envie de faire ma connaissance puisque je fais une tête à n'avoir envie de rien, je m'en porte finalement mieux que si c'était le contraire..."

Des touristes en vadrouille : 
"C'est alors qu'une famille de randonneurs à chemisettes et bermudas kaki entre dans la salle et fonce droit sur l'immense Rut de printemps... De loin, l’œil rivé sur l'étiquette, l'aîné des trois enfants semble interroger son père. Je les perds aussitôt des yeux car un tronc humain orné d'une caméra en sautoir voisinant avec une banane de skaï qui ballotte plus bas comme une c*uille molle et surnuméraire interpose entre nous son obésité." (évidemment l'* n'est là que pour éviter des visites mal venues... ;-)

Et un regard sans complaisance sur l'enfant-roi...
"Nous sommes mercredi : le pire jour de la semaine puisqu'il est celui des enfants...
Loin de m'attendrir, la grotesque comédie surjouée par ces petites vaches sacrées tellement sûres de leurs droits divins me dégoûte et m'exaspère. Si toute société a les bambins qu'elle mérite, ceux d'aujourd'hui sont franchement à vomir... [...] Des parangons d'innocence, ces têtes à claques sournoises ? des merveilles, ces sapajous capricieux ? des anges, ces nains compulsifs, manipulés, crétinisés à mort par leurs géniteurs croyant durs comme fer avoir pondu la huitième merveille du monde qui justifiera enfin leurs misères ? Des tyranneaux en herbe, oui... des adultes miniatures, oui... tous pourris d'égoïsme !"

J'ai osé écrire à Gallimard pour leur demander quand ce livre serait publié en Folio ! C'est vrai : il est temps de passer en poche ! 

lundi 16 juillet 2012

Spectacle... de juin !

Il y a un moment que je ne sors plus guère de ma banlieue... mais l'envie revient alors lorsqu'en fin d'année, j'ai eu la chance de pouvoir aller à un spectacle exceptionnel, je n'ai pas raté le coche ! 
Il s'agissait d'aller voir Panorama de Philippe Decouflé, à la grande halle de La Villette ! 



Après quelques galères de transport... le groupe (nous étions tout de même une centaine, dont 75 grands ados...) est arrivé à bon port ! Et nous avons profité d'un spectacle à la fois esthétique, onirique, étonnant et drôle ! Philippe Decouflé, quoi... Je crois pouvoir dire que les lycéens étaient véritablement enthousiasmés ! Et c'est un grand bonheur de voir leurs yeux briller devant un spectacle nouveau pour eux...
L'architecture de la grande halle se prête bien aux spectacles. J'aime ces lignes métalliques qui m'évoquent les gares de la deuxième moitié du XIXe siècle (comme la gare du Nord ou la gare d'Orsay transformée en un si riche musée...) : 


La régie impressionnante trouve sa place devant les gradins : 


Et le spectacle... était une féérie ! Pas de photos personnelles, de toute façon, nous étions très loin de la scène et je préférais profiter du spectacle. Mais si vous voulez en savoir davantage : allez sur le site de La Villette ICI ou sur celui de la Compagnie DCA ICI ou encore pour plus de photos ICI ou (faites défiler le diaporama !)!
Le spectacle va partir en tournée... Si vous le voyez passer près de chez vous, n'hésitez pas !

samedi 14 juillet 2012

Expo de... mai #2 : Exhibitions

Encore une exposition terminée depuis belle lurette (le 3 juin très exactement...) ! C'est encore le 31 mai (voir ICI) que j'y suis allée, ce qui m'a permis de découvrir le magnifique musée du quai Branly, que je ne connaissais pas (cliquez ICI pour voir le site).
D'abord, je me suis laissé emporter par la rivière... C'est une œuvre fabuleuse de l'artiste Charles Sandison (œuvre de 2010), The River, qui m'a réellement parlé. J'ai adoré l'idée de suivre une rivière de mots, puisque c'est sur le sol que sont projetés des mots mouvants, et évidemment, me laisser porter par les mots m'a semblé à la fois naturel et merveilleux. La photo immobile ne rend pas la magie du voyage, mais c'est un doux souvenir.


Ensuite, j'ai évidemment visité l'exposition Exhibitions - L'Invention du Sauvage qui mettait en lumière la période navrante des zoos humains et autres spectacles exotiques qui ont pu faire le lit de préjugés racistes entre le XVIe siècle et le début du XXe siècle. Le site du quai Branly vous permet ICI de voir l'affiche mais aussi la bande-annonce avec le Commissaire général de l'exposition, Lilian Thuram, président de la fondation Éducation contre le racisme.

 
Je veux croire que ce temps est arrivé et que la triste période évoquée dans l'exposition est révolue. Et heureusement. Mais je crois aussi qu'il faut inlassablement éduquer. D'ailleurs, on est toujours l'Autre de quelqu'un, n'est-ce pas ? Si vous ne le croyez pas, lisez donc la nouvelle de Frédéric Brown, "En sentinelle" ICI.

Voulez-vous lire un roman sur le sujet de cette exposition ? Je vous suggère Cannibale de Didier Daeninckx que l'éditeur Verdier présente ainsi ICI
"1931, l’Exposition Coloniale. Quelques jours avant l’inauguration officielle, empoisonnés ou victimes d’une nourriture inadaptée, tous les crocodiles du marigot meurent d’un coup. Une solution est négociée par les organisateurs afin de remédier à la catastrophe. Le cirque Höffner de Francfort-sur-le-Main, qui souhaite renouveler l’intérêt du public, veut bien prêter les siens, mais en échange d’autant de Canaques. Qu’à cela ne tienne ! Les « cannibales » seront expédiés.
     Inspiré par ce fait authentique, le récit déroule l’intrigue sur fond du Paris des années trente – ses mentalités, l’univers étrange de l’exposition – tout en mettant en perspective les révoltes qui devaient avoir lieu un demi-siècle plus tard en Nouvelle-Calédonie."

Cela dit, en plus classique, on peut aussi regarder le chapitre "Des Cannibales" des Essais de Montaigne.

vendredi 15 juin 2012

Expo de mai #1 : Livre/Louvre

L'exposition Livre/Louvre est déjà terminée depuis le 11 juin, mais c'est le 31 mai (voir ICI) que je suis allée la visiter. Souvenez-vous : je vous avais dit ICI (clic) qu'elle me tentait après la lecture de L'Urgence et la patience de Jean-Philippe Toussaint. Ce n'est pourtant pas l'article lu dans le supplément Sortir de Téléram* qui m'avait donné envie : voyez plutôt (lien vers l'article).
Alors ? J'ai aimé le défi de montrer le livre sans l'écrit, j'ai adoré le mur de mains tenant des livres avec le sein pincé incongru (tiré de Gabrielle d'Estrées et sa sœur, école de Fontainebleau, auteur inconnu), j'ai été émue devant le manuscrit d'En attendant Godot, et j'ai frémi devant les tablettes numériques avec "L'Enfer" tiré de La divine Comédie de Dante et le feu qui les consume. La présentation de l'électroencéphalogramme de la femme qui lit dans la cabine de douche m'a semblée à la fois très conceptuelle et très drôle. Quelle belle activité intellectuelle que la lecture ! 
Bref c'était une toute petite exposition, mais il n'empêche : j'ai apprécié sa visite, et j'ai trouvé formidable de réveiller le Louvre ainsi. Vive l'art contemporain intégré aux hauts lieux les plus classiques et la rencontre des époques ! Et évidemment... vive le livre sous toutes ses formes !
Pour les photos, elles étaient interdites alors... vous n'en verrez que sur le site de l'exposition ICI !
Mais une des fenêtres de l'aile Sully donne tout de même accès à un merveilleux panorama : 



J'ai vu le même jour une autre exposition, elle aussi terminée depuis... Je vous en parle demain !

dimanche 3 juin 2012

Nouveau : une newsletter pour tout savoir !

Je viens d'ajouter une newsletter à ce blog : si vous voulez être informé(e) en temps réel, abonnez-vous (en haut à gauche) !

samedi 2 juin 2012

La Baronne meurt à cinq heures de Frédéric Lenormand

Cela fait déjà fort longtemps que j'ai annoncé dans les nouvelles fraîches (qui ne le sont pas vraiment dans ce cas) cette lecture ! La voici enfin...

L'éditeur (Jean-Claude Lattès) en parle : 
Le bien-être de Voltaire est menacé. On a retrouvé sa protectrice, la baronne de Fontaine-Martel, assassinée dans son lit, et pour l’heure aucun suspect. S’il ne veut pas se retrouver à la rue en ce froid février 1733 (ou pire, à la Bastille !), il lui faut faire preuve de ressources et retrouver le criminel avant que celui-ci n’aille s’en prendre à d’autres honnêtes gens, lui par exemple… Heureusement, de ressources, Voltaire n’en manque pas. Car il sera bientôt rejoint par Émilie du Châtelet ! Brillante femme de sciences, enceinte jusqu’au cou, elle va l’accompagner dans son enquête, résolvant plus d’une énigme. Mais leur mission n’est pas sans dangers : il leur faudra affronter de redoutables héritières en jupons, des abbés benêts, des airs de flûte assassins, des codes mystérieux, et un lieutenant-général de police qui guette la première occasion d’embastiller notre philosophe…
Un roman historique à la fois rigoureux et très amusant, qui répond avec brio aux engouements du public : Frédéric Lenormand a un ton et une plume qui donnent aux personnages une répartie et une vivacité rares. Après le succès des 16 volumes du Juge Ti, la réputation de l'auteur n'est plus à faire...

Les premières pages sont ici (cliquez !), sur le site du Masque, qui a repris l'édition en poche dans la collection Labyrinthes. 

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Une fois n'est pas coutume, c'est une chronique radiophonique qui a motivé ma lecture ! En effet, j'ai entendu sur France Info un libraire enthousiaste expliquer que c'était une excellente lecture pour les lycéens qui allaient étudier Voltaire... Vous pouvez écouter cette chronique ICI (oui oui vous pouvez cliquer). Je me suis donc précipitée.  

Mon avis après lecture : 
Euh... mi-figue, mi-raisin. Il faut déjà savoir que je n'aime pas trop les polars, même historiques. Le livre partait donc avec un handicap... J'ai trouvé amusant de rencontrer Voltaire et madame du Châtelet, j'ai adoré l'humour des dialogues (il me plaît d'imaginer Voltaire ironique en paroles autant que dans ses écrits mais j'avoue avoir eu du mal à me passionner pour l'intrigue, même si elle fourmille de bonnes idées (comme le code musical dont j'aurais aimé avoir l'explication précise, ma curiosité me perdra !). C'est peut-être dû aussi au fait que j'avais commencé ce livre avant d'être interrompue par l'hospitalisation d'un proche, ce qui a rendu ma lecture hachée et je déteste ça ! Je suis sûre qu'une lecture d'une traite m'aurait davantage séduite.

Bonheur de phrases :
Dialogue entre le lieutenant général et le philosophe :
"-- Tenez, Arouet ! Puisque vous êtes là, j'ai une pile de poèmes interdits dont nous recherchons les auteurs. Voulez-vous voir avec moi lesquels sont les vôtres ? 
-- Gageons que notre police attraperait davantage de voleurs si elle s"intéressait moins à la poésie, répondit l'intéressé. 
-- Aucun voleur ne fera plus de mal qu'un écrivain [...]"
Pensée philosophique :
"Les seuls défauts insupportables sont ceux d'autrui, constata l'écrivain."
Voltaire étonné par l'intelligence d'Émilie du Châtelet : 
"[...] Vous avez cassé un code fait pour résister aux esprits les plus fins ? 
-- Aux plus fins esprits masculins, peut-être, mais non à celui d'une femme, dirons-nous, conclut-elle avec ce qui pouvait passer pour de la modestie."
Et enfin, parce que la littérature doit vivre, même trois siècles après celui des Lumières :
"Une nation qui écrit est une nation qui progresse ! plaida l'écrivain."

Sur le net : euh je ne sais pas !
À bien y regarder, en relisant ces phrases que j'aime... je suis contente de cette lecture ! Je suis sûre que d'autres amateurs de romans historiques, notamment policiers, vont adorer !

mardi 29 mai 2012

Une citation sur... les citations...

"Nous ne notons jamais que nos propres paroles, quel que soit celui qui les a écrites." - Marcel Cohen.

Cette citation a été twittée par Ronald Klapka le 27 mai 2012 (11h15) et je l'ai vue lorsque François Bon l'a retwittée... Elle m'a interpellée, sans doute parce que j'ai depuis des décennies (depuis le lycée en fait, ce qui avec une datation au carbone 14, commence à faire un nombre d'années impressionnant, argh) un petit carnet rempli des mots des autres. Ces mots qui m'ont fait réfléchir, ces mots qui m'ont séduite, ces mots qui m'ont surprise. Je le relis de temps à autre avec plaisir et je continue à ajouter quelques mots glanés de ci de là. Alors qui s'exprime à travers ces mots des autres que je relève soigneusement ? 
Et vous, notez-vous les citations qui vous parlent ?

lundi 28 mai 2012

Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel

Voici un livre que j'ai lu dans le cadre professionnel... En effet, et ceci est un véritable coming out, j'enseigne les lettres dans un lycée. Et honte à moi, si j'avais déjà lu Les Âmes grises et La petite fille de monsieur Linh, je n'avais pas encore lu Le Rapport de Brodeck. Or il figurait sur la liste de textes présentés à l'oral du bac blanc par les élèves d'un de mes collègues. Je l'ai donc bien évidemment lu ! Et avec plaisir qui plus est !

L'éditeur en parle et cite le résumé de la quatrième de couverture : 
Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m’ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. » J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : « Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses […]. »

Sur le site de l'éditeur initial, Stock, d'autres informations :  
Le métier de Brodeck n’est pas de raconter des histoires. Son activité consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal, il faudra beaucoup de temps pour que la situation s’améliore.
« On ne te demande pas un roman, c’est Rudi Gott, le maréchal-ferrant du village qui a parlé, tu diras les choses, c’est tout, comme pour un de tes rapports. »
Brodeck accepte. Au moins d’essayer. Comme dans ses rapports, donc, puisqu’il ne sait pas s’exprimer autrement. Mais pour cela, prévient-il, il faut que tout le monde soit d’accord, tout le village, tous les hameaux alentour. Brodeck est consciencieux à l’extrême, il ne veut rien cacher de ce qu’il a vu, il veut retrouver la vérité qu’il ne connait pas encore. Même si elle n’est pas bonne à entendre.
« A quoi cela te servirait-il Brodeck ? s’insurge le maire du village. N’as-tu pas eu ton lot de morts à la guerre ? Qu’est-ce qui ressemble plus à un mort qu’un autre mort, tu peux me le dire ? Tu dois consigner les événements, ne rien oublier, mais tu ne dois pas non plus ajouter de détails inutiles. Souviens-toi que tu seras lu par des gens qui occupent des postes très importants à la capitale. Oui, tu seras lu même si je sens que tu en doutes... » Brodeck a écouté la mise en garde du maire.
Ne pas s’éloigner du chemin, ne pas chercher ce qui n’existe pas ou ce qui n’existe plus. Pourtant, Brodeck fera exactement le contraire.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je pourrais dire que nécessité a fait loi (cf. plus haut). Mais j'apprécie la plume de Philippe Claudel et je me suis réjouie à l'idée de lire ce livre ! 

Mon avis après lecture : 
Comme toujours, Philippe Claudel emporte son lecteur dans son monde. Un monde âpre, dur, pesant, étouffant presque, avec une écriture ciselée que les lycéens ont distinguée en 2007 par le Goncourt des Lycéens, ce qui prouve bien, une fois de plus, qu'ils ne cherchent pas la facilité lors de leur choix !

Bonheur de phrases :
"J'ai le sentiment que je ne suis pas fait pour ma vie. Je veux dire que ma vie déborde de toute part, qu'elle n'est pas taillée pour un homme comme moi, qu'elle se remplit de trop de choses, de trop d'événements, de trop de misères, de trop de failles."
"Il y a de toute ans ce fatras. J'y vide ma vie. Écrire soulage mon cœur et mon ventre."
"Au fond, raconter n'est peut-être pas un remède si sûr que cela. Peut-être qu'au contraire raconter ne sert qu'à entretenir les plaies, comme on entretient les braises d'un feu afin qu'à notre guise, il puisse repartir de plus belle."
"On craint celui qui se tait, celui qui ne dit rien. Comment savoir ce que pense celui qui demeure muet ?"
et une dernière à laquelle je ne peux résister... "L'idiotie est une maladie qui va bien avec la peur. L'une et l'autre s'engraissent mutuellement, créant une gangrène qui ne demande qu'à se propager."

On en parle ailleurs :
Ce livre est paru il y a déjà cinq ans... autant dire une éternité (ou peut-être deux ! ;-) à l'échelle de la blogosphère ! Tout le monde en a donc déjà parlé : je vous fais confiance pour trouver !

vendredi 25 mai 2012

Juste une citation de Jean-Philippe Toussaint citant Beckett...

En passant, voici la réponse de Jean-Philippe Toussaint à la question "Quelle a été votre plus grande erreur ?" : 

«Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. À peine ai-je donné mon accord pour répondre à vos questions qu'on me demande quelle est ma plus grande erreur. "Le tort qu'on a, c'est d'adresser la parole aux gens", dit Beckett.»
 
J'aime beaucoup, pas vous ? Mon côté misanthrope sans doute... 
Sinon, le blog sort de sa léthargie : j'ai eu du mal à reprendre le rythme après quelques soucis, mais c'est reparti avec des lectures ou relectures diverses à venir, et aussi des expositions et des spectacles ! 

NB C'est dans le Télérama du 9 mai dernier que j'ai lu cela !

mercredi 18 avril 2012

L'Urgence et la Patience de Jean-Philippe Toussaint

Je voue une admiration sans bornes et peut-être même un peu naïve aux écrivains et j'adore quand ils ont la générosité de partager leurs secrets d'écriture. Une grande partie de ma mes bibliothèques est donc consacrée aux livres montrant les arcanes de ce fabuleux métier...

L'éditeur en parle et cite la quatrième de couverture : 
"L’urgence, qui appelle l’impulsion, la fougue, la vitesse — et la patience, qui requiert la lenteur, la constance et l’effort. Mais elles sont pourtant indispensables l’une et l’autre à l’écriture d’un livre, dans des proportions variables, à des dosages distincts, chaque écrivain composant sa propre alchimie, un des deux caractères pouvant être dominant et l’autre récessif, comme les allèles qui déterminent la couleur des yeux."
Allez donc visiter le site de l'éditeur, pour en savoir davantage et feuilleter les premières pages ICI.

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Je crois que tout est parti d'un article de Télérama (clic) ou peut-être d'un article sur un blog je ne sais plus... Toujours est-il que j'ai eu envie de découvrir l'univers d'écriture de Jean-Philippe Toussaint et je n'ai pas été déçue.  

Mon avis après lecture :
Je reste toujours émerveillée devant le travail des écrivains et je trouve que Jean-Philippe Toussaint l'évoque de façon simple et directe, et j'apprécie cette franchise. C'est un écrivain profondément humain, profondément dans la vie : "Lorsque j'écris un livre, je me voudrais aérien, l'esprit au vent et la main désinvolte. Mon cul.". Et l'inspiration dans tout ça ? "Il y a dans le mythe de l'inspiration -- le grand mythe romantique de l'inspiration -- une passivité qui me déplaît, où l'écrivain -- le poète inspiré --, serait le jouet d'une grâce extérieure, Dieu ou la Nature, qui viendrait se poser sur son front innocent. Non, l'urgence n'est pas un don, c'est une quête." 
J'ai aimé aussi entendre l'importance de Crime et Châtiment de Dostoïevski, de Beckett ou de Proust. J'ai adoré la manière dont l'auteur décrit ses recherches documentaires préalables, notamment sa première promenade à cheval rendue nécessaire par un livre où il abordait le thème des chevaux... et j'ai ri quand il a précisé : "Pour la crise cardiaque, j'ai quand même évité d'en faire une moi-même (l'abnégation a ses limites), j'ai préféré faire appel à un ami médecin".
Bref, c'est un écrivain dont je pourrais presque (presque seulement je vous rassure !) me sentir proche, surtout quand il affirme : "je croyais aimer la littérature, mais c'est l'amour de la papeterie que j'ai, ma parole !". Héhé en grande collectionneuse de carnets et de stylos en tout genre, fascinée par l'écriture, forcément, je me sens visée ! Bref, j'ai aimé cette rencontre et je compte bien aller au Louvre visiter l'exposition Livre/Louvre, hommage visuel à la littérature pour laquelle Jean-Philippe Toussaint a eu carte blanche (le site de l'exposition est ici). Il y a même un concours de photos, ça vous tente ? 

Bonheur de phrases : comme toujours, j'ai du mal à choisir... alors j'ai rusé en citant quelques mots ci-dessus... 
"J'aime l'idée qu'on puisse définir un livre comme un rêve de pierre (l'expression est de Baudelaire) : "rêve" par la liberté qu'il exige, l'inconnu, l'audace, le risque, le fantasme, "de pierre", par sa consistance, ferme, solide, minérale, qui s'obtient à force de travail, le travail inlassable sur la langue, les mots, la grammaire." 
"Un livre doit apparaître comme une évidence au lecteur, et non comme quelque chose de prémédité, de construit. Mais cette évidence, l'écrivain, lui, doit la construire." 

Comme le disait La Bruyère, "c'est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule." (Les Caractères, "Des ouvrages de l'esprit").  Et ce métier, capable de nous transporter, de nous faire rire ou pleurer, de nous faire réfléchir, est pour moi le plus beau du monde.

Je ne sais qui a parlé de ce livre sur la blogosphère... N'hésitez pas à indiquer le lien vers votre blog dans les commentaires si c'est votre cas !

mardi 17 avril 2012

Du domaine des Murmures de Carole Martinez

La première lecture de ce blog était Le Cœur cousu de Carole Martinez ici. Et c'est avec Du domaine des Murmures que je lui redonne vie. 

L'éditeur en parle :
"En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
  Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
  Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante."
Allez donc visiter le site de l'éditeur, pour feuilleter les premières pages ICI

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
J'avais beaucoup aimé Le Cœur cousu. J'ai aussi été intriguée par le sujet original, ce qui n'est pas si fréquent aujourd'hui en littérature. En outre, le fait que ce roman ait reçu le prix Goncourt des lycéens 2011 est pour moi l'annonce d'une littérature neuve qui saura me séduire (et peut-être séduire les lycéens que je fréquente ;-)

Mon avis après lecture :
J'ai a-do-ré. J'ai été emportée par l'histoire et son souffle, j'ai partagé la vie d'Esclarmonde, et l'écriture très poétique de Carole Martinez la place, selon moi, parmi les grands écrivains de notre temps. J'attends maintenant impatiemment sa prochaine publication.

Bonheur de phrases : c'est bien difficile de choisir et de renoncer au reste...
  "Ce qui n'a pas été dit m'enfle l'âme, flot coagulé, furoncles de silence à percer d'où s'écoulera le fleuve de pus qui me retient entre ces pierres, ce long ruban d'eau noire, charriant carcasses d'émotions, cris noyés aux ventres gonflés de nuit, mots d'amour avortés. Saignées de paroles pétrifiées dans leurs gangues. 
  Entre dans l'eau sombre, coule-toi dans mes contes, laisse mon verbe t'entraîner par des sentes et des goulets qu'aucun vivant n'a encore empruntés. Je veux dire à m'en couper le souffle.
  Écoute !"
   "On ne quitte pas un monde sans angoisse ni sans rêve."
  "Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel, et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi."
  "Certes ton époque n'enferme plus si facilement les jeunes filles, mais ne te crois pas pour autant à l'abri de la folie des hommes. J'ai vu passer les siècles, l'histoire n'a jamais cessé de chambouler nos vies et les évidences sont infiniment fragiles.
  Les certitudes sont de pâte molle. Elles se modèlent à volonté."

On en parle ailleurs :
Facile : on en a déjà parlé partout !!!! Par exemple chez Stephie, chez Leiloona, chez Dollylou...
En tout cas, si vous ne l'avez pas lu, précipitez-vous. C'est un immanquable.