mercredi 17 août 2016

Journal de la canicule de Thierry Beinstingel

Une lecture... de saison ! :-)


L'éditeur en parle : 

         Avant, le soir, pour me détendre, je faisais des croquis, avec règle et compas, comme on me l’a appris pendant mes études de dessin industriel.
            Maintenant j’écris sur un cahier volé dans la maison d’en face, désertée par ses occupants.
           Je me suis toujours fait l’effet d’un homme sans histoires. Ce qui m’a pris d’entrer dans cette maison, je ne saurais l’expliquer. La poussière qui s’accumulait sur la voiture garée devant, la boîte aux lettres qui débordait de publicités ont dû me faire craindre un événement dans le genre des faits divers dont parlent parfois la télévision ou les journaux.
            Ce que j’y ai découvert n’avait rien de spectaculaire.
       Pourtant, ce cahier que j’y ai ramassé dans une chambre d’enfant allait bouleverser mon existence.

Thierry Beinstingel est l’auteur de plusieurs romans très remarqués, parmi lesquels Retour aux mots sauvages (Fayard, 2010), Ils désertent (Fayard, 2012) et Faux nègres (Fayard, 2014). Il poursuit dans ce nouveau roman son inlassable enquête sur le rôle du langage, à travers l’histoire d’un homme à qui les mots se sont imposés, d’abord pour se protéger, puis pour l’éclairer.


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Je lis tous les livres de Thierry Beinstingel depuis son premier roman. D'ailleurs je vous avais présenté un de ses romans ICI et je vous avais avoué que j'étais vraiment fan. Mais là, mon année a été très éprouvante et j'ai même zappé la sortie de ce roman (mais le dernier est sorti aujourd'hui et je l'ai déjà). Du coup, j'ai donc pu lire avec plaisir cet été ce Journal de la canicule qui, en plus, parle d'écriture, ce qui, vous le savez, est au coeur de mes préoccupations. 


Mon avis après lecture : 

J'aime toujours autant le style de l'auteur.
L'intrigue commence à la manière d'une enquête : les voisins ont disparu. Le personnage inquiet de ce qui est arrivé à ses voisins mais aussi de ce qu'on pourrait penser de ses visites dans leur maison vide, va consigner ses remarques par écrit. Ainsi, il découvre l'écriture et se découvre...
Cette sorte de mise en abyme est l'occasion d'une réflexion sur les mots et leur pouvoir sur chacun.
On trouve aussi des réflexions sur le travail et son évolution dans le monde d'aujourd'hui, comme dans quasiment tous les autres romans de Thierry Beinstingel.


Quelques phrases en passant : j'ai eu du mal à choisir...

"Je ne sais pas pourquoi j'écris tous ces trucs dans ce carnet. Heureusement que ce n'est que pour moi,  de même que mes dessins industriels de phare, d'essuie-glace, de tableau de bord, sont destinés à rester dans des cartons. Finalement, les deux heures que je viens de passer à écrire me procurent la même sensation que m'attabler à la planche à dessin. J'ai l'impression de m'enfoncer dans la matière des choses."

"Quand on écrit, on ajoute la succession des idées et l'épaisseur du temps, tandis que quand on dessine c'est l'exactitude que l'on veut notifier à un moment donné. Ces réflexions que je ne m'étais jamais formulées me surprenaient. J'avais l'impression que c'était l'écriture qui me les avait données à travers ce cahier que je noircissais chaque jour sans pouvoir m'en empêcher."

"C'est drôle comme ça vient l'écriture. J'ai écrit tout un paragraphe sur un épisode qui n'a duré que cinq minutes à peine. Il y a parfois des moments importants qu'on aimerait graver dans le marbre. Je comprends les écrivains. Je me sens mieux après avoir couché sur le papier ces quelques lignes que je ne cesse de relire comme s'il y avait un sens caché dedans. Ça m'apaise. J'aimerais y mettre tellement d'autres choses, d'autres émotions, mais je suis d'un caractère discret, taiseux, les mots me viennent difficilement."

Encore une lecture qui va m'accompagner longtemps.
Et le relais est déjà là : Vie prolongée d'Arthur Rimbaud est sorti aujourd'hui ! Je vous en reparlerai :-)


dimanche 17 juillet 2016

(Presque) jeune (presque) jolie (de nouveau) célibataire de Stéphanie Pélerin

Vous avez vu cette chouette couverture avec un Spritz désaltérant ? Eh bien oui, voici une nouvelle lecture estivale... parce que franchement, en ces temps de folie et de tristesse, un peu de légèreté ne peut pas nuire.


L'éditeur (Mazarine-Fayard) en parle en citant la quatrième de couverture : 

Quand Ivana se fait larguer comme une vieille chaussette par Baptiste, après huit ans d’amour, il ne lui reste plus que ses kilos et ses rides à compter. Pas facile de se retrouver sur le marché des célibataires à la trentaine, quand, pour couronner le tout, on manque de confiance en soi.
Tentant d’ignorer son chagrin, elle décide de reprendre sa vie (et son corps) en main et s’inscrit sur « Be my boy », célèbre site de rencontres. Si l’offre est alléchante, les produits sont souvent de second choix, voire des retours de marchandise... Heureusement, il reste les amies et le bon vin.
À travers des expériences étonnantes, Ivana doit réapprendre à prendre soin d’elle. Mais rien ne sert de courir… il suffit juste d’être au bon endroit, au bon moment.

Un orteil dans la quarantaine, professeur de français en banlieue, Stéphanie Pélerin exerce un métier qui lui demande souvent autant de poigne et de tact que celui de dresseur de fauve. Depuis décembre 2008, elle tient un blog aussi éclectique qu’elle : des albums pour enfants aux romans épicés en passant par la BD, elle dévore tout ce qui se lit. Presque (jeune), presque (jolie), (de nouveau) célibataire est son premier roman.


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Héhé ce n'est pas le premier écrit de l'auteur que j'ai le plaisir de lire ! Cela fait des années que je connais Stéphanie, sur mon forum pro préféré, mais aussi dans la vraie vie. Et j'attendais ce livre depuis longtemps ! 


Mon avis après lecture : 

J'ai reconnu l'auteur : son livre lui ressemble ! Pétillant, moderne, drôle, épicé, plein de vie et de charme ! L'héroïne a tout d'une trentenaire d'aujourd'hui et si je suis un peu loin de la trentaine pour m'identifier à Ivana, j'ai tout de même eu envie que cette dernière retrouve la vie qu'elle désire et qu'elle mérite ! 


Quelques phrases en passant : 

"La grande littérature n'offrait pas toujours les héroïnes les plus épanouies." (à propos d'un personnage de Zola, devinez qui...)

"C'était cliché, mais elle essaya de se convaincre que c'était la vie dont elle avait toujours rêvé."

"Enfin un personnage féminin qui savait où il allait. Elle aimait les romans légers, qualifiés "pour filles", mais ce n'était rien à côté du plaisir pris à la relecture d'un classique." (à propos d'un personnage de Zola, devinez qui...)

"On pardonne tout aux terres dans lesquelles on a poussé."

Une lecture estivale à l'image de son auteur, un roman frais et léger à déguster sans modération ! 
Et pour la dédicace ma Stéphie, c'est quand tu veux ! ;-) 

jeudi 14 juillet 2016

Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une de Raphaëlle Giordano

Pour aujourd'hui, voici une nouvelle lecture d'été !


L'éditeur en parle : 

"-- Vous souffrez probablement d'une forme de routinite aiguë.
-- Une quoi ?
-- Une routinite aiguë. C'est une affection de l'âme qui touche de plus en plus de gens dans le monde, surtout en Occident. Les symptômes sont presque toujours les mêmes : baisse de motivation, morosité chronique, perte de repères et de sens, difficulté à être heureux malgré une opulence de biens matériels, désenchantement, lassitude...
-- Mais... Comment vous savez tout ça ?
-- Je suis routinologue.
-- Routino-quoi ?

Camille, trente-huit ans et quart, a tout, semble-t-il, pour être heureuse. Alors pourquoi a-t-elle l'impression que le bonheur lui a glissé entre les doigts ? Tout ce qu'elle veut, c'est retrouver le chemin de la joie et de l'épanouissement. Quand Claude, routinologue, lui propose un accompagnement original pour l'y aider, elle n'hésite pas longtemps : elle fonce. À travers des expériences étonnantes, créatives et riches de sens, elle va, pas à pas, transformer sa vie et repartir à la conquête de ses rêves..." 

Vous pouvez le feuilleter ICI


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

J'avoue honteusement que j'aime assez lire des livres de développement personnel, même si je suis en général incapable de mettre en pratique leurs conseils. Mais là, ce livre hésite entre développement personnel et feel-good book (j'ai pensé au livre de Laurent Gounelle L'Homme qui voulait être heureux) et pour un début de vacances, c'est parfait. Et la routinite aiguë n'est-elle pas en effet la maladie de notre époque ? 


Mon avis après lecture : 

C'est une lecture facile, sans doute pas mémorable, mais elle fait le point sur l'auto-sabordage dont nous sommes souvent spécialistes, l'importance du sourire intérieur et de l'ancrage positif, l'effet produit par la pleine conscience, le tout sans en avoir trop l'air. Présenté comme un roman, c'est tout de même un livre qui donne envie de suivre certaines des prescriptions du "routinologue" (même si comme Camille, on peut s'agacer de quelques évidences... n'est-il pas toujours bon de les rappeler ?) : il s'agit bien de développement personnel à mon sens comme le prouvent les très (trop ?) nombreuses citations de ce domaine qui rythment le livre. 


Quelques phrases en passant : 

"[...] rien ne sera jamais dangereux ni hors de votre portée. Nous travaillerons ensemble dans un cadre éthique, respectueux de votre rythme d'évolution. Le seul objectif est de créer en vous des déclics positifs pour accompagner vos changements de vie."

"Plus vous aurez confiance en qui vous êtes, moins vous serez susceptible d'être blessée par des atteintes extérieures. Quand vous aurez remusclé votre estime de vous, que vous aurez un projet de vie en totale cohérence avec votre personnalité et vos valeurs profondes, vous avancerez sereinement, forte de votre vision positive, et vous n'aurez plus peur."

"Aujourd'hui est un cadeau. C'est pour cela qu'on l'appelle «présent»."

Une lecture sympa pour qui a aimé les livres de Laurent Gounelle par ex ! 

lundi 11 juillet 2016

Une Éducation catholique de Catherine Cusset

J'ai eu bien du mal à lire ce livre, emprunté une première fois à la médiathèque, rendu sans avoir eu le temps d'y jeter un coup d'oeil, mais j'ai réussi à le réemprunter pour enfin en faire la lecture !


L'éditeur en parle : 

«"Remarque, je la comprends. C'est plus amusant de lire un roman que d'aller à la messe."
Papa, furieux, se retourne contre maman et l'accuse de saper les fondements de ma foi. Elle rétorque qu'elle n'a rien dit de mal, que de toute façon chacun est libre de penser comme il veut, et que je suis bien capable de juger par moi-même ce qui, de la lecture d'un roman ou de la messe, est le plus amusant.
"Elle n'a qu'à rester à la maison! hurle papa. Puisque c'est comme ça, j'irai seul!"
Vite je ferme mon livre, je me lève, je mets mon manteau, je suis papa.»

Marie, la narratrice de La haine de la famille et d'Un brillant avenir, raconte ici les rapports qu'elle a entretenus avec la religion au cours de son enfance et de sa jeunesse, entre un père croyant et une mère athée. Elle évoque la naissance du désir à travers des passions successives, et la découverte de l'amour, vécu d'abord comme une crucifixion, puis comme une rédemption.

Vous pouvez feuilleter le livre ICI !


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

J'avais bien aimé Un brillant avenir... et des billets de blogs ont également attisé ma curiosité par exemple, celui de Sabine ICI ! Et je suis sûre qu'il y en a eu d'autres mais cela fait si longtemps que... j'ai oublié.


Mon avis après lecture : 

Petite déception... J'ai apprécié le début mais ensuite... je n'ai plus vraiment accroché. J'attendais autre chose qu'une éducation sentimentale sans doute (ou alors je suis trop ou pas assez catho pour cette lecture !). Dommage. Mais j'aime toujours autant l'écriture de Catherine Cusset.


Quelques phrases en passant : 

"Tout ce que j'aime, moi, c'est rester à la maison. Je ne demande rien à personne. Je lis, j'écris, je colorie, je découpe, je me déguise en princesse. Je peux passer la journée à jouer seule."

"Il y a dans le catholicisme de mon père quelque chose de naïf, dont je me méfie désormais. Il semble trop facile de se dédouaner de ces erreurs humaines en s'asseyant une fois par semaine sur le banc d'une église pour prier Dieu avec humilité. [...] La vie est séparée en deux : la vraie vie d'un côté, le quotidien avec ses colères et ses cris, et la foi de l'autre, l'église où l'on va se faire absoudre."

"Depuis la mort de Thomas, plus [...] aucun professeur ne me fait peur. Je me moque d'eux, de tout. Quelle importance, ma nullité, ce devoir de philosophie ?"

samedi 9 juillet 2016

Le Charme discret de l'intestin de Giulia Enders

Héhé, voici un livre dont on a beaucoup entendu parler, écrit par une doctorante en médecine de l'Université de Francfort (à partir de sa thèse si j'ai bien compris) et illustré par sa soeur.


L'éditeur (Actes Sud) en parle en citant la quatrième de couverture : 

"Surpoids, dépression, diabète, maladies de peau… et si tout se jouait dans l’intestin ?

 Au fil des pages de son brillant ouvrage, Giulia Enders, jeune doctorante en médecine, plaide avec humour pour cet organe qu’on a tendance à négliger, voire à maltraiter. Après une visite guidée au sein de notre système digestif, elle présente, toujours de façon claire et captivante, les résultats des toutes dernières recherches sur le rôle du “deuxième cerveau’’ pour notre bien-être. C’est avec des arguments scientifiques qu’elle nous invite à changer de comportement alimentaire, à éviter certains médicaments ainsi qu’à appliquer quelques règles très concrètes en faveur d’une digestion réussie.
 Irrésistiblement illustré par Jill Enders, la soeur de l’auteur, voici un livre qui nous réconcilie avec notre ventre.
 Succès surprise, Le Charme discret de l’intestin s’est vendu à plus de un million d’exemplaires en Allemagne et sera publié dans une trentaine de pays."


Ce qui m'a donné envie de le lire :

J'avais vu l'auteur dans une émission télé et j'avais été séduite par ce qu'elle racontait. Une de mes amies me l'a prêté et je suis ravie : j'ai dévoré ce livre brillant et hilarant !


Mon avis après lecture : 

Un vrai coup de coeur ! J'ai appris plein de choses en m'amusant !
J'adore l'histoire des "toilettes turques" que les Turcs appellent "toilettes grecques" mais que les Grecs appellent "toilettes bulgares" et ainsi de suite jusqu'au Japon où ce sont des "toilettes chinoises" ! J'aime aussi l'idée qu'il existe des bactéries "patapouffantes" (qui expliquent mes kilos en trop sans nul doute !) ! Enfin, cela m'amuse de penser que si le tigre a une bactérie dans l'estomac de type Helicobacter proche de celui de l'homme, c'est que la version préhistorique a mangé notre lointain ancêtre : héhé il y a une  justice !


Quelques phrases au fil de la lecture : 

"L'intestin a à sa disposition toute une cohorte de messagers chimiques, de matériaux d'isolation cellulaire et de type de connexion. Il n'y a qu'un autre organe qui offre une telle diversité : le cerveau. Voilà pourquoi notre système nerveux entérique [=de l'intestin] est aussi qualifié de "deuxième cerveau", parce qu'il est tout aussi étendu et présente la même complexité chimique. Mais si la mission de notre intestin n'était que de transporter les aliments et de nous permettre de roter de temps en temps, un système nerveux si élaboré serait une sacrée perte d'énergie. Quel organisme irait donc constituer un tel réseau de nerfs pour gérer un banal tuyau péteur ? Il y a là de quoi creuser."

"La flore intestinale "patapouffante" des souris dodues tire le maximum de ce qu'on lui donne et se montre donc ensuite plus généreuse envers son hôte. Et si l'on transpose cette observation à l'être humain : certaines personnes pourraient se retrouver avec des poignées d'amour sans manger plus que les autres -- tout simplement parce que leur flore intestinale tire plus de substance de la nourriture."

"[...] les bactéries de l'intestin pourraient agir sur l'appétit de leur hôte. Autrement dit : les fringales qui nous font avaler des chocolats fourrés au caramel et un paquet de chips sur le coup des vingt-deux heures ne seraient pas toujours induites par l'organe qui s'occupe aussi de notre déclaration d'impôts. Il y a dans notre ventre -- et non dans notre cerveau -- une assemblée de bactéries qui, quand elle a été mise au régime les trois jours précédents, votera à l'unanimité un réapprovisionnement en hamburger." 

Bref, c'est un vrai coup de coeur pour ce livre drôle, extrêmement documenté, érudit mais pas casse-pieds : lisez-le !!!!!! Et un coup de chapeau énorme à la traductrice, Isabelle Liber, qui a fait un travail magnifique ! 

mercredi 29 juin 2016

Gaspard ne répond plus d'Anne-Marie Revol

Nouvelle lecture : voici un pavé de plage pour l'été !


L'éditeur en parle : 

"Dans le cadre d’un jeu de téléréalité, Gaspard de Ronsard doit traverser l’Asie en stop. Son périple tourne court lorsqu’il chute d’un pick-up et échoue au fond d’un fossé…
 La suite se déroule entre Paris et un village égaré dans les rizières du Nord Vietnam. On y rencontrera une brocanteuse cartomancienne, un détective fleur bleue, un diariste fantasque, des producteurs de télé affolés, et une vieille chef de tribu acariâtre, My Hiên. Celle-ci n’a qu’une idée en tête : obliger Gaspard à sauver son peuple d’un danger imminent.
Parviendra-t-il à rentrer chez lui ?
Dans ce roman drôle et déluré, chacun cherche quelque chose à l’autre bout du monde, pour le meilleur comme pour le pire. Mais il faut peut-être accepter de tout perdre si l’on veut se retrouver…"


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Voici un livre qui m'a trouvée plus que je ne l'ai choisi ! En effet, c'est l'auteure, fan de Thierry Bizot comme moi, qui m'a proposé, par l'intermédiaire de ce blog, de m'envoyer ce roman. J'ai accepté avec enthousiasme et je suis ravie de l'avoir fait ! Pour tout vous dire, c'est la première fois que cela m'arrive de chroniquer un livre ainsi reçu. 


Mon avis après lecture : 

L'idée de ce participant au jeu Un jour, j'irai à Shangaï avec toi (qui n'est pas sans rappeler Pékin Express) qui n'a rien d'un aventurier permet toutes les fantaisies et l'intrigue se met en place petit à petit, avec des dévoilements progressifs d'indices qui entraînent le lecteur dans une double histoire (celle du passé et celle du présent) pleine (trop pleine ?) de rebondissements. Les personnages sont extrêmement divers mais tous sont attachants. Les coups de théâtre sont nombreux (un peu trop peut-être), j'ai pensé aux scènes de reconnaissance des dénouements dans les comédies de Molière... On s'attend au croisement des intrigues et on cherche comment l'histoire d'hier va rejoindre celle d'aujourd'hui à travers les multiples péripéties. 
Je préfère les romans moins foisonnants, je l'avoue, mais j'ai bien aimé cette lecture-détente, parfaite pour la saison d'été : un bon gros pavé qui tient en haleine le lecteur !
Un seul détail m'a fait bizarre : lire le nom de "Brice-sous-forêt" au lieu de Saint-Brice-sous-forêt, petite ville que je connais. 



Quelques phrases en passant :

"Je n'ai jamais osé dire : "Qui m'aime me suive", de peur de rester seul."

"Il faut parfois savoir faire preuve d'humilité : on ne rend pas les gens heureux malgré eux. 
Ce serait trop simple."

"Je donnerais cher pour me confesser. Non que j'aie grand chose à me reprocher mais au moins j'aurais quelqu'un avec qui converser. Parce que ces jours-ci, au village, question dialogue c'est l'encéphalogramme plat."

Un premier roman très réussi, qui ouvre mes lectures d'été, lectures de vacances qui vont permettre à ce blog de reprendre vie ! Un grand merci à Anne-Marie Revol pour ce joli cadeau et mille pardons pour le délai : cela fait longtemps que j'ai terminé cette lecture-plaisir mais j'ai été très lente pour mettre en ligne ce billet.
EDIT du 30 juin : j'ai oublié de dire que j'avais vraiment apprécié de lire un roman dans lequel on n'a pas le passage obligé par la scène de sexe, qui, je l'avoue, m'exaspère dans la production littéraire actuelle. À croire que les lecteurs n'ont plus d'imaginaire, il faut tout leur décrire par le menu ! Bravo à Anne-Marie Revol pour avoir su éviter cet écueil. 

jeudi 9 juin 2016

Le Mystère Henri Pick de David Foenkinos

Voici un livre dont le thème et les bonnes critiques m'ont attirée... Je l'ai donc emprunté à la médiathèque !


L'éditeur (Gallimard, collection blanche) en parle : 

"En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses... Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination? Récit d’une enquête littéraire pleine de suspense, cette comédie pétillante offre aussi la preuve qu’un roman peut bouleverser l’existence de ses lecteurs."

Il est possible de feuilleter le livre ICI


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Sur mon forum pro préféré, toutes mes copiNETtes ont été enthousiasmées par ce livre : dan dont le blog (clic) est un peu endormi, Sabine qui en parle ICI, Dolly dont le billet est ICI, Gio qui n'a pas de blog, et évidemment nos grandes blogueuses littéraires Stephie ICI et Leiloona ICI... 
Du coup, j'ai demandé l'achat du livre à ma médiathèque préférée et... le bibliothécaire y avait déjà pensé ! Et j'ai pu lire ce roman plébiscité ! 


Mon avis après lecture : 

J'ai passé un merveilleux moment de lecture ! Certes, la solution de l'énigme m'est apparue très tôt, mais cela ne m'a pas gênée. C'est vraiment un roman dont l'écriture m'a séduite (d'ailleurs j'ai noté plein de citations) et pour tout vous dire, je n'avais jamais lu David Foenkinos et c'est un premier contact qui va sans nul doute être la source de nouvelles lectures !
En outre, c'est un livre qui parle de livres, d'écrivains, d'écriture, d'édition... bref, c'est un livre qui me parle !
J'ai adoré ! 


Quelques phrases glanées au fil de la lecture : 

"Écrivain est le seul métier qui permette de rester sous une couette toute la journée en disant : « Je travaille. »"

"-- Il ne parlait pas beaucoup. Alors peut-être que c'était pour garder tous ses mots pour son livre."

"On ne pouvait pas terminer la lecture de ce roman, sans être saisi d'une curiosité totale à l'égard de son improbable genèse. D'une manière générale, notre époque traque le vrai derrière toute chose et surtout la fiction." 

"Aux États-Unis, le livre sortirait sous le titre suivant : Unwanted book. Un choix surprenant car il évoquait davantage l'histoire de la publication que le roman lui-même. Mais c'était une preuve tangible que notre époque mutait vers une domination totale de la forme sur le fond."

"Écrire pour soi serait comme faire sa valise pour ne pas partir."

Comme toujours, les livres qui parlent d'écriture me fascinent. Celui-ci ne fait pas exception. Si vous êtes comme moi, n'hésitez pas, c'est une véritable pépite. Je ne suis pas près de l'oublier !

mardi 10 mai 2016

La Nuit de feu d'Éric-Emmanuel Schmitt

Nouvel emprunt à la médiathèque : un récit autobiographique d'Éric-Emmanuel Schmitt. 


L'éditeur en parle : 

À vingt-huit ans, Éric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant dans la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante. Poussière d’étoiles dans l’infini, le philosophe rationaliste voit s’ébranler toutes ses certitudes. Un sentiment de paix, de bonheur, d’éternité l’envahit. Ce feu, pourquoi ne pas le nommer Dieu ?
Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique –, Éric-Emmanuel Schmitt la raconte pour la première fois, dévoilant au fil d’un fascinant voyage intérieur son intimité spirituelle et l’expérience miraculeuse qui a transformé sa vie d’homme et d’écrivain. Les chemins qu’il trace ici sont inscrits en chacun de nous.


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Vous allez vous dire que je suis une grande lectrice de récits de conversion et... vous n'aurez pas tout à fait tort. :-) Après la lecture de Thierry Bizot (rappelez-vous : clic), j'ai eu envie de lire La Nuit de feu d'Éric-Emmanuel Schmitt, auteur que j'aime beaucoup. 
Mes élèves ont d'ailleurs souvent l'occasion de lire La Nuit de Valognes (évidemment !), mais aussi Lorsque j'étais une oeuvre d'art (ce sont des artistes) et ils apprécient ! 
Pour ma part, j'aime la réflexion que provoque chacune de ses oeuvres, qu'il s'agisse de roman, de pièce de théâtre, de nouvelle... On ne sort jamais indemne de sa lecture : on sort grandi et c'est un bonheur. 


Mon avis après lecture : 

Une fois de plus je n'ai pas été déçue ! Mais voici un livre très différent de tous ceux d'Éric-Emmanuel Schmitt que j'ai pu lire auparavant. L'expédition de l'auteur, alors jeune philosophe, dans le Hoggar est un véritable voyage initiatique. Il y trouve ce qu'il n'est absolument pas venu chercher. D'ailleurs, ses discussions avec Ségolène, l'ophtalmologiste croyante qui participe également au voyage, montrent qu'il n'envisage initialement pas un instant l'existence de Dieu. L'expérience mystique vécue par Éric-Emmanuel Schmitt va faire de lui un homme nouveau et j'ai été très touchée qu'il partage ce moment.
L'auteur faisait cette randonnée pour se mettre dans les pas de Charles de Foucauld, sur lequel il devait écrire un film. Avant son départ, Éric-Emmanuel Schmitt avait recopié et emporté la prière d'abandon de Charles de Foucauld, qu'il considérait comme manifeste d'une spiritualité qui lui était étrangère. Il la fait désormais sienne. Je ne connaissais pas cette prière qui propose de remercier, de s'émerveiller,  et d'adorer, mais je la trouve très belle . 


Quelques phrases en passant : 

"Le véritable voyage consiste toujours en la confrontation d'un imaginaire à une réalité ; il se situe entre ces deux mondes. Si le voyageur n'espère rien, il ne verra que ce que voient les yeux ; en revanche, s'il a déjà modelé les lieux en songe, il verra davantage que ce qui se présente, il percevra même le passé et le futur au-delà de l'instant ; éprouverait-il une déception, elle s'avérerait plus riche, plus fructueuse qu'un simple procès-verbal."

"Quelque part mon vrai visage m'attend."

"Sur terre, ce ne sont pas les occasions de s'émerveiller qui manquent, mais les émerveillés."

"Un préjugé chasse l'autre. Jadis, les gens croyaient parce qu'on les y incitait ; aujourd'hui, ils doutent pour le même motif. Dans les deux cas, ils s'imaginent penser alors qu'ils répètent, qu'ils mâchouillent des opinions, des doctrines de masse, des convictions qui ne seraient peut-être pas les leurs s'ils réfléchissaient."

"Dieu, je L'ai atteint par le coeur. Ou Il a atteint mon coeur. Là en moi, s'est creusé un corridor entre deux mondes, le nôtre et le Sien. J'ai la clé, le chemin. Nous ne nus quitterons plus. Quel bonheur qu'Il existe ! Joie ! Par ma foi toute neuve, je l'éprouve de façon puissante.
Que m'a-t-Il enseigné ?
"Tout a un sens. Tout est justifié."
Je me réchauffe à cette phrase qui transcrit correctement ce que j'ai recueilli.
"Tout a un sens. Tout est justifié."
Désormais, quand je ne saisirai pas quelque chose, je ferai crédit. La raison que je n'apercevrai pas, elle manquera à mon esprit, pas à la réalité. Seule ma conscience bornée touche ses limites, pas l'univers."


Je crois vous l'avoir déjà dit : la spiritualité, ça ne peut pas nuire.  ;-)

samedi 7 mai 2016

Quelqu'un pour qui trembler de Gilles Legardinier

J'ai déjà lu d'autres livres de Gilles Legardinier (voir ICI mais aussi ICI et ICI) et j'ai eu envie de lire son dernier roman. 


L'éditeur en parle : 

Pour soigner ceux que l'on oublie trop souvent, Thomas a vécu des années dans un village perdu en Inde. Lorsqu'il apprend que la femme qu'il a autrefois quittée a eu une fille de lui, ses certitudes vacillent.
Il lui a donné la vie, mais il a moins fait pour elle que pour n'importe quel inconnu. Est-il possible d'être un père quand on arrive si tard ? Comment vit-on dans un monde dont on ne connaît plus les codes ? Pour approcher celle qui est désormais une jeune femme et dont il ne sait rien, secrètement, maladroitement, Thomas va devoir tout apprendre, avec l'aide de ceux que le destin placera sur sa route.
Voici la réjouissante histoire de ce que nous sommes capables de réussir ou de rater au nom de la seule chose qui compte dans nos vies.

Grâce à ses best-sellers, Gilles Legardinier a fait rire et ému des millions de lecteurs à travers le monde. Son humour et une humanité sincère, alliés à un goût unique pour les histoires décalées, trouvent un écho de plus en plus grand.
Une fois de plus, à travers des personnages bouleversants et des situations hilarantes dont il a le secret, cet auteur atypique parvient à nous surprendre pour mieux nous entraîner ailleurs, au plus profond de nous...

Le site de l'auteur est ICI : clic


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Eh bien, je ne suis pas forcément une fan absolue de l'auteur mais j'ai été attirée d'abord par la couverture (ces coussinets !), puis par la quatrième de couverture et l'annonce de l'intrigue. 


Mon avis après lecture :

Parmi ceux que j'ai lus, c'est le livre de l'auteur que j'ai préféré. Pourquoi ? Je ne sais pas ! Sans doute parce que la maison de retraite où se déroule une bonne partie de l'intrigue fait écho à de douloureuses préoccupations familiales actuelles. Ça fait du bien de lire qu'une maison de retraite peut être un lieu de bonheur et de vie. 
J'ai trouvé les personnages attachants et l'intrigue originale. L'écriture est toujours aussi agréable à lire, avec un style alerte, des dialogues vifs (et enfin une histoire qui ne passe pas par la case "scène de sexe obligatoire" de la littérature contemporaine !) 


Quelques phrases en passant : 

"La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler."

"L'âge est une façon d'envisager le monde, un moyen de se situer parmi les autres. Peu importe le nombre de bougies sur ton gâteau. Laisse-moi te confier ce que je crois. Tu resteras jeune tant que tous les ennuis que tu affronteras viendront des autres, de l'extérieur. Le jour où tu t'apercevras que ce que tu es devenu t'empêche de vivre comme tu l'entends, ce sera différent. Physiquement ou mentalement, tu toucheras ta propre limite. [...] On est vieux quand on devient son propre ennemi."

"On ne devrait jamais parler de la fin aux jeunes, on devrait les laisser découvrir la vie sans rien leur dire. Offrons-leur la chance de de se faire surprendre par l'amour, par la violence du monde, par ce qu'offre ou ce que coûte chaque âge, et même par la mort. [...] On les encombre, on leur enseigne nos peurs, on ne leur montre que nos échecs, on ne leur donne que des leçons. Et nous sommes incapables de leur faire ressentir nos joies et nos espoirs, qui pourtant justifient tout."

Une histoire douce-amère, dont les situations oscillent entre drôlerie et émotion. Je vais finir par devenir fan de Gilles Legardinier ;-) 

mardi 19 avril 2016

Sauf miracle, bien sûr de Thierry Bizot

Il y a quelques mois, je vous avais présenté une lecture surprise qui m'avait séduite. Souvenez-vous, c'était ICI ! En voici la suite... 


L'éditeur en parle : 

"Longtemps je n'ai pas été particulièrement croyant, et tout allait bien.

Il y a cinq ans, j'ai accepté une invitation à une catéchèse de quartier. J'y suis allé avec des pieds de plomb. L'endroit était sinistre et déprimant.

C'est là que l'inimaginable s'est produit : je me suis mis à aimer Jésus.

Cette rencontre, je l'ai racontée dans Catholique anonyme.

Depuis, tout le monde me demande si cette drôle d'histoire d'amour perdure ou si je suis redevenu « normal ».

Et voilà l'incroyable : non seulement cette liaison se poursuit, mais il m'arrive des choses étonnantes.

On m'a invité à témoigner, à travers la France, dans des réunions privées ou dans des salles de cinq cents personnes. J'y ai croisé des illuminés, des cathos rigides, des chrétiens enthousiastes, des gens sincères et émouvants. Ma femme, plutôt méfiante au sujet de la religion, a décidé de réaliser un film de cinéma inspiré de mon livre. Nous avons mis deux ans à produire Qui a envie d'être aimé ?, sorti en salles en 2011. J'ai entretenu une vraie amitié épistolaire avec une dame de... cent ans. J'ai fait des rencontres surprenantes avec des SDF et j'ai des échanges nourris par internet avec une moniale, cloîtrée dans son monastère...

Ma vie n'a pas changé, mais elle n'est plus tout à fait la même, car mon nouveau boss, c'est Jésus !


Thierry Bizot a créé Éléphant et Cie avec Emmanuel Chain, une société de production à qui l'on doit en particulier le magazine Sept à huit et la série Fais pas ci, fais pas ça. Il a publié trois romans aux Editions du Seuil et, en 2008, Catholique anonyme qui a connu un grand succès.

Un extrait est en ligne ICI


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Je vous l'avais dit en vous parlant de Catholique anonyme ICI, j'avais très envie de lire cette suite. C'est pour cela que j'ai demandé à ma médiathèque préférée de l'acheter et en voici donc ma lecture. 


Mon avis après lecture : 

J'ai préféré le récit de la conversion de Thierry Bizot dans Catholique anonyme, mais j'ai aimé connaître la suite de sa... crise de foi, qui perdure, ce qui est rassurant : quand on a rencontré Jésus, ça change la vie, toute la vie.
J'ai le DVD de Qui a envie d'être aimé (l'adaptation filmique de Catholique anonyme par la femme de Thierry Bizot, dont il est beaucoup question dans Sauf miracle, bien sûr) et j'ai hâte de le voir !


Quelques phrases en passant :

"[...] le fait d'avoir la foi n'est pas une fin en soi. Cela doit vous apporter, à vous ainsi qu'aux autres, quelque chose de concret. Les symptômes de la foi, selon moi, sont la sérénité, la joie et la bienveillance. Dans certaines occasions, plus rares, l'humilité aussi. Plutôt que de monter sur une chaise en salle de réunion et de proclamer votre foi en Jésus, ce qui vous fera passer pour une folle et compromettra votre prochaine augmentation de salaire, faites profiter vos collègues, chaque jour, sans rien dire, de votre sérénité, de votre joie de vivre et de votre intarissable bienveillance à leur égard. Et si, par extraordinaire, l'un d'entre eux vous demande un jour d'où vous viennent ces dons, alors vous lui parlerez de votre foi."

"Dès que je commence à raconter ma rencontre avec Jésus et l'histoire d'amour qui s'est ensuivie, j'oublie tout ce que je voulais dire, et le récit me vient comme il vient, sans que j'aie à le penser. Certes, je raconte toujours la même histoire, la mienne, et cependant les mots pour la dire sont souvent nouveaux et je les découvre alors avec étonnement, car ils m'apprennent beaucoup sur ma relation avec Jésus. C'est comme si une sorte de lumière, douce et limpide à la fois, venait se poser sur mes idées, et des phrases neuves, qui attendaient de s'exprimer, qui patientaient dans la pénombre, se mettent à éclore."

"Je me rappelle une phrase que m'avait écrite Jehanne.
Le vrai bonheur, c'est celui des autres."

Cette double découverte, de Catholique anonyme et de Sauf miracle, bien sûr, m'a donné envie de retrouver des lectures plus spirituelles, dont je ne vous parlerai pas ici, mais qui vont m'accompagner  avec bonheur. 

mardi 5 avril 2016

La Renverse d'Olivier Adam

Voici une nouvelle lecture avec le dernier roman d'Olivier Adam, emprunté à la médiathèque.

L'éditeur en parle : 

"Ce n'est qu'au moment d'entrer dans le bar-tabac que la nouvelle m'a vraiment heurté, qu'elle a commencé à filer le tissus du drap que je tendais depuis des années sur cette partie de ma vie. J'ai demandé deux paquets de cigarettes, salué les habitués du plat du jour. Au-dessus des tables, un téléviseur s'allumait sur une chaîne d'information en continu. A l'instant où j'y posé les yeux, le visage éminemment télégénique de Jean-François Laborde s'est figé sur l'écran. J'ai demandé qu'on augmente le volume. On annonçait son décès dans un accident de voiture. Suivait un rappel succinct de sa biographie. Fugacement, la pensée, absurde étant donné le temps accordé à l'information, qu'il n'avait pas été fait mention de ma mère m'a traversé l'esprit."

Dans La renverse, Olivier  Adam retrace l'itinéraire d'Antoine, dont la vie s'est jusqu'à présent écrite à l'ombre du scandale public qui a éclaboussé sa famille quand il était encore adolescent. Et ce faisant, il nous livre un grand roman sur l'impunité et l'humiliation, explorées au sein de la famille comme dans l'univers politique. 


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

C'est le billet de Dollylou sur son blog Livres et Compagnie ICI qui a motivé ma réservation à la médiathèque. 


Mon avis après lecture : 

Je crois que c'est le premier livre d'Olivier Adam que je lis... oups j'en rougis ! J'ai beaucoup aimé cette lecture : une fois le roman commencé, impossible de le lâcher. 
J'ai trouvé l'intrigue originale et j'ai été émue par le triste sort d'Antoine et de son frère Camille, détruits par le scandale politico-sexuel qui a bouleversé leur vie. Je dois tout de même avouer que j'ai été, comme d'habitude, agacée par les scènes de sexe, qui semblent le passage obligé du roman contemporain, mais qui ne me paraissent pas nécessaires (et je dois être une vieille peau coincée).


Quelques phrases :

"La mémoire est la chose la moins fiable qui soit. Surtout la mienne."

"Nous ne parlions de nos parents que pour nous plaindre des punitions et restrictions qu'ils nous infligeaient, des injustices dont nous pensions être victimes, de leur incapacité à nous comprendre, à dialoguer même, de l'ennui qu'ils nous inspiraient, de leurs goûts et de leurs idées de vieux. Comme tous les adolescents du monde. Nous nous jurions de ne jamais leur ressembler. Mais jamais nous n'interrogions ce qu'ils étaient l'un et l'autre. Ni le couple qu'ils formaient. Et la vie qu'ils avaient choisi de vivre ensemble."

"Ce jour-là, je suis rentré à la maison. Il me semblait que c'était ma place. La manière dont un fils était supposé se comporter dans ce genre de circonstances. Ce qu'on était en droit d'attendre de lui. Voilà bien la façon que j'avais alors de me comporter vis-à-vis de beaucoup de gens et de situations. Je ne vivais rien au premier degré. Je vivais tel que je croyais être censé le faire."


Un auteur que j'ai eu plaisir à découvrir et dont je lirai volontiers d'autres ouvrages !

dimanche 28 février 2016

La Maladroite d'Alexandre Seurat

Voici aujourd'hui une lecture choc que je ne suis pas près d'oublier. 


L'éditeur en parle : 

"Inspiré par un fait divers récent, le meurtre d’une enfant de huit ans par ses parents, La maladroite recompose par la fiction les monologues des témoins impuissants de son martyre, membres de la famille, enseignants, médecins, services sociaux, gendarmes… Un premier roman d’une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans ces tragédies de la maltraitance."


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

J'avais lu des critiques sur ce livre lors de sa sortie, en particulier celle de Leiloona, du blog Bricabook, ICI. Leiloona y parlait d'un roman "coup-de-poing" loin d'être un "feel good book" et malgré cela, alors que j'aime souvent les lectures légères, j'ai eu envie de lire ce premier roman (d'un collègue). 


Mon avis après lecture :

J'ai, comme tous les lecteurs de ce roman je crois, pris une grande claque. Leiloona évoquait une progression du lecteur dans l'oeuvre la gorge nouée et c'est tout à fait ça. L'histoire de la petite Diana bouleverse, émeut et l'on ne peut en sortir indemne, d'autant que le fait divers qui a inspiré l'auteur est encore vif dans les mémoires. Aurait-on pu éviter un tel drame ? 
L'auteur ne sombre jamais dans le pathos, les cruautés infligées à la fillette ne sont jamais précisées, mais la lecture laisse monter l'impression atroce du drame imminent et inévitable. 
La polyphonie ajoute à la douleur que l'on ressent à la lecture : chacun a fait, à sa mesure, ce qu'il a pu, ce qu'il "devait faire"... et pourtant les lenteurs administratives, le manque de communication parfois, ont eu raison de toutes les tentatives d'aide à Diana et à sa famille en souffrance. 
Nini DS a lu ce livre il y a peu et dit qu'elle en est sortie "sonnée" (voir son billet ICI). C'est tout à fait ça. Et l'uppercut reçu laisse KO. 


Quelques phrases : 

"Alors, je ne vois plus ma classe, mes élèves se figent en noir et blanc -- et parmi eux, il y a Diana : elle est la seule à ne pas être en noir et blanc et à ne pas être immobile, je la sais en danger, elle me regarde, comme si elle guettait de moi ce que je peux faire, ce que je vais faire. Mais dans le cauchemar, je sais que tout est déjà trop tard pour elle, elle me regarde, et je ne peux rien faire, et je voudrais qu'elle me pardonne." (l'institutrice)

"[La médecin scolaire] s'est tue un moment, a souri, puis a dit lentement que c'était plus compliqué que ça, qu'avant de jeter le discrédit sur une famille, il fallait une certaine circonspection -- c'étaient ses termes, discrédit, circonspection, et elle a dit que les droits de la famille prévalaient, qu'il fallait des faits concrets. Pendant un moment, je n'ai rien pu dire. Des faits concrets ? Elle m'a calmement raccompagnée à la porte." (l'institutrice)

"[...] il [le policier] insistait, il voulait savoir si je pouvais avoir une idée d'où elle serait allée, où elle aurait aimé partir, ma soeur, si elle était partie, mais je n'en savais rien. Alors il m'a demandé ce que j'imaginais qu'elle aurait pu vouloir que je fasse pour elle, s'il lui était arrivé quelque chose. Je l'ai regardé, et j'ai failli lui dire qu'elle n'aurait jamais pensé à ce que j'aurais pu faire pour elle, parce que personne n'avait jamais rien fait pour elle, et que je ne ferais rien pour elle, puisque c'était fini. Mais j'ai rien dit." (le frère)

Voilà. Un livre à lire absolument, même s'il est dur. 

vendredi 12 février 2016

La Voix sombre de Ryoko Sekiguchi

Un livre exposé sur la table des nouveautés de ma médiathèque m'a attirée... 

L'éditeur en parle : 

Il faut entendre le titre La Voix sombre dans les deux sens possibles. La tristesse, mais aussi la disparition. Ce livre est en effet une suite de pensées sur ce qu'il reste d'une voix quand celle ou celui à qui elle appartenait n'est plus. Qu'est-ce qu'une voix enregistrée ? Qu'est ce que la trace que laisse une voix ? est-elle matérielle, corporelle ? Et de là, le livre s'étend à l'image, aux odeurs, et puis il devient une réflexion sur l'absence, la mort.

Le livre peut être feuilleté ICI (clic)


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Je ne suis pas une grande lectrice de littérature japonaise (même si Ryoko Sekiguchi écrit en français). Mais j'ai perdu ma voix, mon outil de travail, au mois d'octobre dernier et je ne dois mon salut qu'à des séances hebdomadaires chez l'orthophoniste depuis... alors évidemment, ma voix ayant sombré, j'ai été attirée par le titre de ce livre. 


Mon avis après lecture : 

Ce petit livre est pour moi un grand livre. Je ne suis pas vraiment une auditive, mais l'idée d'enregistrer la voix de ceux qu'on aime, la pertinence des remarques sur le temps de la voix et le temps de l'écoute m'ont fait réfléchir. J'ai beaucoup aimé ce livre... 


Quelques phrases en passant : 

"La voix trouble la temporalité parce qu'elle est condamnée à rester au présent pour toujours."

"En définitive, dans nos sociétés, on est peu soucieux de conserver les traces directes du corps : odeur, cheveux ou écriture. Ni les objets fabriqués, tricotés, brodés, façonnés par la personne. Et encore moins la peau, le corps lui-même en forme de momie. Reste ce qui est sans corps, photographie et vidéo." 

"La voix est la seule partie du corps qu'on ne puisse pas enterrer. on peut enterrer les cordes vocales ; pas la voix, les ondes enregistrées."

"Pourquoi la fin est-elle insupportable ? Pourquoi les fins sont-elles considérées par définition comme un mal, et les fils de vie, par définition, condamnés à suivre leur cours ? Cette question, parallèle à la question  de la présence-absence-disparition, persiste intacte sans trouver de réponse. 

Sans trouver de voix pour répondre."

Une lecture qui me restera longtemps en mémoire. 

dimanche 24 janvier 2016

La Variante chilienne de Pierre Raufast

Voici un livre que j'ai lu grâce à Price Minister, dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire et que j'ai chroniqué sur IG. Je l'avais choisi après avoir lu l'avis enthousiaste de Leil sur Bricabook ICI

L'éditeur en parle : À PROPOS DU LIVRE

"Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux.
Chaque caillou qu’il y dépose correspond à un évènement de sa vie. Deux vacanciers, réfugiés pour l’été au fond d’une vallée, le rencontrent  par hasard. Rapidement des liens d’amitiés se tissent au fur et à mesure que Florin puise ses petits cailloux dans les bocaux. À Margaux, l’adolescente éprise de poésie et à Pascal le professeur revenu de tout, il raconte. L’histoire du village noyé de pluie pendant des années, celle du potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase, celle de la piscine transformée en potager ou encore des pieds nickelés qui se servaient d’un cimetière pour trafiquer."


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

C'est facile, c'est le billet élogieux de ma copiNETte blogueuse Leiloona ICI qui m'a conquise. En effet, elle parle d'un véritable conteur et qui n'a pas envie de lire des histoires ? J'avoue que j'avais aussi entendu parler en bien du premier roman de l'auteur, La Fractale des raviolis


Mon avis après lecture : 

Je ne dirai qu'un mot : génial ! C'est un vrai bonheur de lecture, surtout que les histoires s'enchaînent sans temps mort et avec des personnages variés et terriblement attachants ! L'amitié lie les hommes comme les histoires et le lecteur est ému (en tout cas, moi je l'ai été !). J'ai aimé le principe des cailloux de mémoire de Florin. En effet, Florin, après un coma, ne ressent plus d'émotions. Il comprend vite comment mimer celles-ci, mais les souvenirs se nourrissent d'émotions et de ce fait, Florin ne mémorise plus sa vie... C'est pourquoi il conserve dans des bocaux des cailloux dont le simple contact lui permet de retrouver instantanément ses souvenirs. Pour être honnête, j'ai vraiment presque regretté les galets que j'avais longtemps gardés en souvenir d'un tas d'événements importants seulement pour ma petite personne... 
Seul reproche à faire à ce livre : j'aurais voulu que ça dure plus longtemps. Voici la petite mise en scène que j'ai montrée sur IG pour présenter ce roman... avec le roman, de petits cailloux, un jeu de Scrabble, un valet de coeur, des poésies de Musset... autant de souvenirs pour Florin et d'autres personnages ! 



Bonheurs de phrases : 

"Petit carnet, j'en arrive à cette conclusion : 
Après ces vacances, je partirai. 
Je vivrai sans mémoire. Un jour blanc, un jour noir."

"-- Ce ne sont pas des cailloux, mais des pépites, dis-je pensif. 
  -- Oui. C'est toute ma mémoire." 

"[...] j'ai une chance incroyable de pouvoir m'affranchir du passé. Je vis au jour le jour dans une grande sérénité : sans regret ni remord. Je vis ici et maintenant : les deux pieds bien au sol." Une vraie leçon de pleine conscience ;-) 

Voici un livre qui m'a enchantée et j'ai déjà prévu d'emprunter à la médiathèque le premier roman de l'auteur !