mercredi 29 octobre 2014

Nos Étoiles contraires de John Green

À force de lire le titre de ce roman en tant que livre préféré sur les fiches de lycéens (et surtout de lycéennes...), j'ai voulu voir ce qu'il en était. J'ai donc cédé aux sirènes ambiantes ! 

L'éditeur en parle : 
 Entre rire et larmes, le destin bouleversant de deux amoureux de la vie.
Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature.
Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.
  •     Élu « Meilleur roman 2012 » par le Time Magazine !
  •     Prix de L'Échappée Lecture 2014 de la Nièvre
  •     Prix du Jury littéraire Giennois 2014
  •     Prix Plaisirs de lire 2014, département de l'Yonne
  •     Prix des Embouquineurs 2014
 À noter que la traduction (parfaite) est réalisée par Catherine Gibert. 

Ce qui m'a donné envie de le lire : 
Pour tout dire, j'ai joué les moutons... À force d'en entendre parler, de voir des amies enthousiastes, j'ai plongé.

Mon avis après lecture : 
Je suis une vieille peau et je n'ai pas versé les larmes que tant de personnes ont évoquées. Pour tout dire, je n'ai pas vu beaucoup de renouvellement depuis Love Story et j'ai trouvé les ficelles un peu grosses... Ça se lit sans déplaisir mais franchement, c'est tout. Ça ne va pas plus loin.
Je suis contente de pouvoir désormais parler en connaissance de cause, cela dit.

Quelques phrases ici et là :

"Je ne veux pas voir de gens. Je veux lire des livres, réfléchir et être avec vous, parce que vous, je ne peux pas faire autrement que de vous faire du mal, vous êtes déjà dedans jusqu'au cou. Alors laissez-moi faire ce que je veux. Je ne fais pas une dépression. Je n'ai pas besoin de sortir. Et je ne peux pas être une ado normale parce que je suis une grenade."

"Savez-vous ce que Dom Pérignon a dit après avoir inventé le champagne ? [...] Il a appelé ses frères moines et leur a dit : « Venez vite : je goûte les étoiles. »."

"Pour être tout à fait franc, cette idée puérile selon laquelle l'auteur d'un roman aurait des connaissances particulières concernant les personnages de son roman... C'est ridicule. Mon roman est né de gribouillis sur des feuilles, ma chère. Les personnages qui le peuplent n'ont pas de vie en dehors de ces gribouillis. Que leur est-il arrivé ? Ils ont cessé d'exister au moment où le roman a pris fin."

Une lecture qui plaît énormément aux ados, mais qui m'a laissée d'un enthousiasme mitigé.

mercredi 22 octobre 2014

Le quatrième mur de Sorj Chalandon

Cela fait un moment que je voulais lire ce livre, prix Goncourt des Lycéens 2013, ce qui est toujours de bon augure. Le Livre de Poche vient de le sortir, j'en profite, d'autant que cela me permet de participer au challenge Les Anciens sont de sortie (CLIC) de Stephie, du blog Mille et une frasques (CLIC)

L'éditeur en parle avec un résumé et quelques critiques : 
L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne. S. C.

Rarement fiction fit autant ressentir l’intensité d’une guerre civile en y accolant la thématique du théâtre comme arme rhétorique et politique. Ici battent des cœurs et tonne le monde. Hubert Artus, Lire.

Brûlant, fiévreux et désespéré, d’une violence inouïe. Thierry Gandillot, Les Echos.

Bouleversant, magistral. Transfuge.

Ce qui m'a donné envie de le lire :
J'apprécie en général beaucoup les romans choisis par les lycéens pour leur Goncourt (souvent davantage que eux choisis par les adultes, mais bon, passons...) et là, il se trouve que deux lycéennes de ma connaissance ont choisi de faire un TPE utilisant ce roman. J'ai donc joint l'utile à l'agréable ! 

Mon avis après lecture :
Une grande claque. Vraiment. J'ai adoré ce roman loin d'un manichéisme simpliste (du genre la guerre, c'est mal) qui nous renvoie à nos faiblesses d'humain, à nos grandeurs aussi. Le style journalistique ne m'a pas dérangée, bien au contraire, je trouve qu'il correspond parfaitement à l'histoire. En outre, j'avoue être parfois agacée par le côté le style pour le style de certains romans contemporains, qui donne parfois l'impression que l'auteur veut absolument concourir dans la catégorie littéraire mais surtout pas dans la catégorie raconteur d'histoire... Là, tout y est : l'histoire, les personnages, et le style percutant tellement en accord avec ce qui est raconté qu'on n'y pense pas (pour moi, c'est ça le talent : ne pas montrer les ficelles ;-). Je n'avais jamais lu de livre de cet auteur mais c'est sûr, ce ne sera pas le dernier. Et je connais des lycéens qui vont le lire aussi ;-)

Quelques phrases en passant : 

"Je voulais faire du théâtre, mon père m'a contraint à l'Histoire. Il m'offrait sa minuscule chaire, c'était tout ce qu'il avait pour moi et je l'ai acceptée. Licence, maîtrise, Capes manqué deux fois, études à n'en plus finir, puis surveillant de réfectoire et de cour de récréation en espérant prendre un jour sa place derrière le bureau d'un maître. Le théâtre ? 
-- Le théâtre, c'est le week-end, comme le jardinage, disait-il.
C'était ainsi. Nous avions l'Histoire en commun mais pas d'histoire commune."

"La guerre, c'était ça. Avant le cri des hommes, le sang versé, les tombes, avant les larmes infinies qui suintent des villes, les maisons détruites, les hordes apeurées, la guerre était un vacarme à briser les crânes, à écraser les yeux, à serrer les gorges jusqu'à ce que l'air renonce. Une joie féroce me labourait. J'ai eu honte. Je n'avais pas peur. J'ai eu honte. J'étais en enfer. J'étais bien. Terriblement bien. J'ai eu honte. Je n'échangerai jamais cet effroi pour le silence d'avant. J'étais tragique, grisé de poudre, de froid, transi de douleur."

"Comédie, tragédie, tout ce que tu veux ! Mais maintenant que ton ami va mourir, que les Israéliens sont à Beyrouth et que tout le monde tire sur tout le monde, je dis qu'il faut tout arrêter. Vous ne porrez plus monter Antigone, tu m'entends ? C'est fini, Georges. Tu n'es pas au-dessus de cette guerre. Personne n'est au-dessus de la guerre. Il n'y a plus d'autre tragédie ici que la guerre."

Voilà donc ma première participation au challenge de Stephie (CLIC) avec un livre que je ne suis pas près d'oublier.