mardi 8 septembre 2015

Grandir de Sophie Fontanel

J'ai lu ce livre, déjà ancien (sorti en 2010, il existe en poche), en l'empruntant à la médiathèque. 


L'éditeur en parle : 

L'histoire de l'amour d'une jeune fille pour sa mère.

Quand l'auteur parle de grandir, elle parle d'elle-même. Sa mère est dépendante d'elle. Il arrive que cette mère soit absente et parfois, au contraire, ses paroles et sa présence sont justes, drôles et imprévisibles. Et durant toute cette période, l'amour qu'elle a donné à sa fille lui est rendu comme on voudrait qu'il le soit toujours.
Chaque morceau de la vie d'une vieille dame vulnérable est raconté : un jeune médecin, l'appétit, les vacances, un aide-soignant, les petits-enfants, des mains très douces, des souvenirs, l'Arménie, une amie d'enfance. À la page qui suit, on voit sa fille : une cavale, une vie à gagner, un défilé de mode, des articles à écrire, des dîners décommandés, la ville à traverser quand sa mère est tombée, les infirmières de jour et celles de nuit, les douceurs. 
Avec des phrases très simples : « Elle a fait de mon enfance une vraie enfance, je peux bien lui rendre à présent », et qui vous serrent le coeur. Ou bien des dialogues : « Ouh là, ne prie pas pour moi, hein ? » J'ai demandé pourquoi. Elle a dit : « Ne va pas me faire repérer. »
Le miracle du livre : parce que sa mère est devenue son enfant, l'auteur grandit. Elle a eu cette grâce et elle pense : « D'ou me vient tout cet amour ? »

Un extrait est offert en ligne ICI


Ce qui m'a donné envie de le lire : 

Il est bien évident que je suis sensible au sujet du vieillissement de nos parents, moi qui avance en âge. Arrive une période où l'on devient les parents de nos parents et c'est... bizarre. À l'époque de la sortie de ce livre, qui est un roman, les échos ont été très positifs, si je me souviens bien et j'avais envie de le lire. 


Mon avis après lecture : 

Une situation terriblement banale, mais un récit tout en délicatesse. Une lecture qui bouleverse et fait réfléchir les enfants que nous sommes tous face à nos parents qui avancent en âge... Certes, la maman évoquée par Sophie Fontanel a perdu la mémoire et oublie pas mal de choses. Mais c'est surtout une très vieille dame qui a besoin de sa fille pour tout. Et le roman évoque l'histoire d'amour qui les unit. 


Quelques phrases : 

"Maintenant qu'elle oublie tant de choses, elle peut savourer les joies de l'improviste. Je dis que je viens, et puis je viens, mais elle, elle avait oublié que je venais, et pour un peu elle m'applaudirait. Chaque visite est un coup de foudre. Chaque personne, une rencontre nouvelle. Chaque biscuit salé, un mets à tester. La manière dont une fleur s'ouvre : du jamais vu. La manière dont le soleil lui lèche les pieds : un miracle."

"Un bref instant, diversion, on parle de sa mémoire. « Ah, celle-là... je la perds », elle prévient. Je propose qu'on considère son cerveau, non pas comme un écrin qui se vide, mais au contraire, comme un endroit riche et relié aux événements de son parcours, sensations, agréments, dossiers classés, amours,  déceptions passées, faits marquants, surprises, aventures, mésaventures, exultations, récit. Je fais valoir que cette luxuriance en elle, eh bien c'est ça qui fait qu'elle ne se souvient pas. Parce qu'une chatte n'y retrouverait pas ses chatons, devant tant d'éléments."

"[...] je tombe malade. 
Il faut que je guérisse. Et vite. Car sinon, ne la sous-estimons pas, si elle devine que je prends sur moi, je ne me fais aucune illusion, elle rassemblera ses données et ses maigres pouvoirs, et sans l'ombre d'une hésitation, par amour, elle mourra à ma place". 


Une belle déclaration d'amour d'une fille à sa mère, une mère qui continue à aider sa fille à grandir... La vie... 

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