Stephie, du blog Mille et une pages (CLIC) a lancé le défi Un Classique par mois sur son blog (Re-clic !). J'ai décidé de le relever et pour commencer, j'ai choisi... l'auteur classique préféré de Stephie, justement !
Laissons la parole à l'auteur :
« Je veux faire le poème de l'activité
moderne. Donc, changement complet de philosophie : plus de pessimisme d'abord,
ne pas conclure à la bêtise et à la mélancolie de la vie, conclure au contraire
à son continuel labeur, à la puissance et à la gaieté de son enfantement. En un
mot aller avec le siècle, exprimer le siècle qui est un siècle d'action et de
conquête, d'efforts dans tous les sens. [...] Ensuite, comme conséquence,
montrer la joie de l'action et le plaisir de l'existence ; il y a certainement
des gens heureux de vivre, dont les jouissances ne ratent pas et qui se gorgent
de bonheur et de succès : ce sont ces gens-là que je veux peindre, pour avoir l'autre face de la vérité. » C'est ce que Zola écrivait dans son ébauche du livre Au Bonheur des dames.
L'éditeur en parle (édition Folio) :
"Le Second Empire vise à faire de Paris la capitale de la mode et du
luxe. La ville se modernise. Les boutiques du Paris ancien laissent
place peu à peu aux grands magasins, dans le voisinage des boulevards et
de la gare Saint-Lazare. La nouvelle architecture illustre l'évolution
des goûts : on entre dans le royaume de l'illusion. Octave Mouret,
directeur du Bonheur des Dames, se lance dans le nouveau commerce.
L'exploit du romancier est d'avoir transformé un épisode de notre histoire économique en aventure romanesque et en intrigue amoureuse. Rien d'idyllique pourtant : le magasin est construit sur un cadavre ensanglanté, et l'argent corrompt tout. Pour Zola, la réussite du grand magasin s'explique par la vanité des bourgeoises et le règne du paraître. Il nous décrit ici la fin et la naissance d'un monde : Paris, incarné ici dans un de ses mythes principaux, devient l'exemple de la cité moderne."
L'exploit du romancier est d'avoir transformé un épisode de notre histoire économique en aventure romanesque et en intrigue amoureuse. Rien d'idyllique pourtant : le magasin est construit sur un cadavre ensanglanté, et l'argent corrompt tout. Pour Zola, la réussite du grand magasin s'explique par la vanité des bourgeoises et le règne du paraître. Il nous décrit ici la fin et la naissance d'un monde : Paris, incarné ici dans un de ses mythes principaux, devient l'exemple de la cité moderne."
Ce qui m'a donné envie de le (re)lire : euh... d'abord de bêtes raisons professionnelles, avouons-le ! Mais c'est toujours un plaisir de lire cette œuvre dans laquelle on trouve toutes les tentations féminines (et les manipulations dont elles sont l'objet) alors que les soldes battent leur plein autour de nous ;-). Mon amie Miaou du blog Miaouzdays (CLIC) relit aussi régulièrement Au Bonheur des dames !
De plus, je voulais un Zola pour ce premier challenge car je sais combien Stephie est une passionnée de cet auteur !
Mon avis après lecture : J'aime Zola. Et j'aime Au Bonheur des dames, qui malgré la vision du petit commerce écrasé par les grosses structures, fait montre d'un certain optimisme, même s'il demeure très relatif...
Bonheur de phrases :
"J'ai la femme, je me fiche du reste ! dit-il [NDLR : Octave Mouret, parlant de sa clientèle Au Bonheur des Dames...] dans un aveu brutal que la passion lui arracha."
"C'était la femme que les magasins se disputaient par la concurrence, la femme qu'ils prenaient au continuel piège de leurs occasions, après l'avoir étourdie devant leurs étalages. Ils avaient éveillé dans sa chair de nouveaux désirs, ils étaient une tentation immense, où elle succombait fatalement; cédant d'abord à des achats de bonne ménagère, puis gagnée par la coquetterie, puis dévorée."
"Elles ne se lassaient pas de cette chanson du blanc, que chantaient les étoffes de la maison entière. [...] Sous l'écroulement de ces blancheurs, dans l'apparent désordre des tissus, tombés comme au hasard des cases éventrées, il y avait une phrase harmonique, le blanc suivi et développé dans tous ses tons, qui naissait, grandissait, s'épanouissait, avec l’orchestration compliquée d'une fugue de maître, dont le développement continu emporte les âmes d'un vol sans cesse élargi. Rien que du blanc, et jamais le même blanc, tous les blancs, s'enlevant les uns sur les autres s'opposant, se complétant, arrivant à l'éclat même de la lumière."
"Ce qui ravissait, c'était, au milieu, une fontaine d'argent, une bergère debout sur une moisson de fleurs et d'où coulait un filet continu d'eau de violette, qui résonnait musicalement dans la vasque de métal. Une senteur exquise s'épandait alentour, les dames en passant trempaient leurs mouchoirs."
Zola s'est inspiré de la réalité des tout nouveaux grands magasins de l'époque. Et nos grands magasins actuels ont certes évolué, mais... ont-ils changé tant que cela ? Ne sont-ils pas toujours des nids à tentations ? (héhé je dis ça mais je n'y vais quasiment jamais alors... ;-) Qu'en pensez-vous ?
J'adore "au bonheur des dames"... et sa description de la fièvre acheteuse et de l'habileté des commerçants est toujours si actuelle... ses descriptions sont de vraies peintures, on se sent emporté par l'élan qui pousse ces femmes vers l'achat-plaisir, loin, si loin de l'achat-utile... mais il n'oublie pas non plus toutes les vendeuses, malmenées par une époque impitoyable pour les petits... Tu as raison, son optimisme est tout relatif, mais c'est un Zola plus enlevé que les autres, on se prendrait presque à espérer de la nature humaine et de l'époque, à la fin...
RépondreSupprimerTiens, je le relirai bien, moi... hi hi...
Ah oui, Zola !!!!!! Et ce bouquin est une merveille ! Merci de participer au challenge, je suis ravie !
RépondreSupprimerAhhh Zola mon amour ! J'ai adoré ce livre que j'ai relu récemment pour le plaisir :)
RépondreSupprimerJe crois qu'avec les livres de la comtesse de Segur, c'est le livre que j'ai le plus lu et relu et relu ...
RépondreSupprimerAh la la, je suis en plein dedans avec une de mec classes! Et je crois que certains ont vraiment aimé, contrairement à ce qu'on pourrait penser.
RépondreSupprimerMerci pour ce joli billet et les merveilleuses citations.
Je ne l'ai encore jamais lu celui-ci et je trouve que tu le vends bien!!!!
RépondreSupprimerJ'avais étudié ce livre au lycée et cela avait été un véritable coup de coeur...
RépondreSupprimerJ'adore les descriptions très imagées et très vivantes de Zola, elles m'ont marquée...
Et puis, j'avoue à ma grande honte que j'éprouve un faible bien coupable pour Octave Mouret ! Il est d'ailleurs le personnage central de Pot-Bouille, si ça t'intéresse... ;)
bonjour je voudrais savoir commment zola explique dans son roman l'essor du magasin
RépondreSupprimerC'est facile ! Pour cela, vous disposez d'une méthode toute simple : lisez le livre ;-)
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